Certains phtalates augmentent risque accru d’asthme chez les enfants exposés in utero. C’est la conclusion d’une étude de cohorte menée aux Etats-Unis et parue dans Environmental Health Perspectives. Réalisé auprès de 300 femmes enceintes et leurs enfants, le suivi a évalué l’impact de 4 phtalates : le butylbenzyl phtalate (BBzP), le di-n-butyl phtalate (DnBP), le di-é-ethyexyl phtalate (DEHP) et le diethyl phtalate (DEP).
Un risque accru de 70 %
Les chercheurs ont mesuré les niveaux d’exposition aux différents phtalates en recueillant les urines des femmes enceintes, au troisième trimestre de grossesse, et des enfants, à 3, 5 et 7 ans. Dans toutes les urines, des traces variables de métabolites des produits chimiques ont été détectées. L’équipe a ensuite comparé le risque d’asthme chez les enfants âgés de 5 et 11 ans et le niveau d’exposition de leur mère aux phtalates.
Au cours du suivi, un tiers des enfants a développé un asthme diagnostiqué. Chez les plus exposés au BBzP et au DnBP, le risque était plus élevé de 72 et 74 %. Les deux autres formes de phtalates, elles, n’étaient pas associées à une augmentation du risque. 60 enfants ont également souffert de sifflements respiratoires ou d’autres symptômes évoquant un asthme. Dans ce groupe, une forte exposition prénatale au DnBP était plus fréquente.
« Tout le monde, des parents aux gouvernants, est concerné par l’augmentation rapide du nombre d’enfants qui développent un asthme. Notre objectif est d’essayer de découvrir les causes de cette épidémie, afin de mieux protéger les enfants de cette maladie affaiblissante. Notre étude fournit la preuve que ces deux phtalates font partie des facteurs de risque connus dans l’asthme », conclut le Dr Robin Whyatt, principal auteur de l’étude.
Des produits chimiques omniprésents
Ce n’est pas la première fois qu’une étude suggère que les phtalates sont liés à la survenue d’un asthme. En 2012, des recherches menées sur la même cohorte ont observé une hausse du risque d’inflammation des voies aériennes liées à l’asthme chez les enfants exposés au DEP ou au BBzP. L’exposition prénatale à ce dernier composant augmentait aussi le risque d’eczéma.
Où les trouve-t-on ?
Le principal problème posé par les phtalates, c’est leur utilisation très large : parfums synthétiques, emballages alimentaires en plastique, revêtements de sol en vinyle, rideaux de douche, volants de voiture et autres tableaux de bord en contiennent. Et si certains sont interdits dans les produits destinés aux enfants, notamment le BBzP et le DnBP, les femmes enceintes ne sont pas protégées. Sans compter que les phtalates apparaissent très rarement dans la liste des ingrédients, bien que la mention « sans phtalates » tend à se répandre dans les cosmétiques.
« Le foetus est extrêmement vulnérable pendant la grossesse. Alors qu’il revient aux mères de tout faire pour protéger leur futur bébé, elles ne peuvent rien faire contre les phtalates comme le BBzP ou le DnBP, qui sont inévitables », déplore le Dr Rachel Miller, auteur senior de l’étude. « Si nous souhaitons protéger nos enfants, nous devons protéger les femmes enceintes. »