Depuis la rentrée des classes, Marina réclame la scolarisation de son fils autiste, Timothée, au sein de son collège de secteur. Admis l’an dernier dans l’établissement, le jeune homme aurait dû, cette année, intégrer une classe ordinaire d’un autre collège de la ville de Lyon (Rhône).
Une « exclusion en deux temps »
Voilà bientôt un mois que Marina se bat pour maintenir Timothée, 15 ans, dans un environnement familier. Le collège Tourette, où il était inscrit jusqu’ici, a invoqué son incapacité à accueillir l’adolescent autiste, et refusé de l’accepter. La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), en charge du dossier, a quant à elle suggéré le placement de Timothée dans un autre lycée de Lyon, le lycée Jean-Monnet, qui accueille déjà de jeunes autistes et emploie un enseignant spécialisé dans une Unité d’inclusion scolaire (Ulis).
Marina a refusé que son fils soit inscrit dans un collège hors secteur. Elle craint en effet une « exclusion en deux temps », d’abord du collège de secteur, puis de l’autre collège, qui n’est pas tenu de scolariser Timothée. Son recours sera jugé le 6 octobre.
« Une absence de politique pour une scolarité adaptée »
Comme Timothée, de nombreux jeunes autistes ne bénéficient pas d’une prise en charge scolaire correcte. En 2012, seuls 20 % d’entre eux étaient placés en classes ordinaires et bénéficiaient d’un enseignement adapté. 37 % des autistes mineurs ont été accueillis dans des instituts médico-éducatifs ou des hôpitaux de jour, « avec un accompagnement éducatif souvent limité ou inexistant », selon l’association Vaincre l’Autisme. 40 000 enfants n’ont même pas reçu d’éducation. « Il y a une absence de politique pour une scolarité adaptée », alerte M’Hammed Sajidi, président de l’association contacté par pourquoidocteur. « La loi de 2005 ne définit pas les besoins des autistes. »
« Une discrimination étatique et légiférée »
Pourtant, « chaque école, chaque collège ou lycée a vocation à accueillir, sans discrimination, les élèves handicapés », signale une note du ministère de l’Education nationale sur la scolarisation des enfants présentant des troubles envahissants du développement (TED) et des troubles du spectre autistique. C’est en effet ce que stipule l’article L. 351-1 du code de l’éducation.
L’accueil des jeunes autistes est aussi précisément détaillé : dans un premier temps, la Maison département des personnes handicapées (MDPH) doit réaliser une évaluation des compétences de l’enfant à scolariser. Celle-ci permettra de mettre en place un projet personnalisé de scolarisation (PPS), élaboré avec plusieurs professionnels. A ce stade, plusieurs acteurs sont censés entrer en jeu : les parents, bien sûr, mais aussi l’enseignant référent pour la scolarisation des élèves handicapés, le médecin de l’éducation nationale, l’infirmière scolaire et les personnes en charge de l’aide humaine.
Mais si la France est largement en retard dans la scolarisation des jeunes handicapés, c’est principalement parce que la loi laisse aux établissements scolaires la possibilité de refuser l’accueil des enfants. Le président de Vaincre l’Autisme dénonce principalement le manque d’enseignants et d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) formés à la prise en charge des jeunes autistes. L’absence d’une loi précise, et les financements alloués à des structures inadaptées sont également coupables, selon M’Hammed Sajidi. Selon lui, le gouvernement doit agir pour simplifier le système et lutter contre une « discrimination étatique et légiférée. » Une position confirmée par le Conseil de l’Europe, qui a condamné par deux fois la France pour non-respect du droit des autistes à recevoir une éducation.