Deux ans après le début de la controverse des pilules de troisième et quatrième génération, le paysage contraceptif français s'est nettement modifié. « Sans que l’on puisse dire aujourd’hui si cet effet sera durable », considèrent des chercheurs de l’INED dans une note rendue publique vendredi à l’occasion de la journée mondiale de la contraception. Malgré la polémique entourant ces pilules, « aucune désaffection vis-à-vis de la contraception n’a été observée », soulignent les auteurs.
Depuis le débat médiatique de 2012-2013, près d’une femme sur cinq déclare avoir cependant changé de méthode, l’usage de la pilule reculant de 50 à 41 % entre 2010 et 2013, au profit d’autres approches comme le stérilet (+1,9 %), le préservatif (+3,2 %) et des méthodes de type calcul des dates entre deux rapports ou retrait (+3,4 %). Particulièrement marquée chez les femmes de moins de 30 ans, la baisse du recours à la pilule l'est encore davantage au sein des catégories socioprofessionnelles les moins favorisées. « Tandis que les femmes n’ayant pas de difficultés financières ont opéré un transfert partiel des nouvelles pilules vers les contraceptifs oraux plus anciens, celles dans une situation financière plus difficile se sont en partie tournées vers les méthodes dites naturelles », indique l’INED.
Un frein : le prix de la consultation
Si les pilules de 2e génération sont remboursées, tout comme le stérilet, l’implant et certaines pilules 3G, « l’avance du prix d’une consultation médicale peut poser problème pour les jeunes femmes qui souhaitent que leur pratique contraceptive soit confidentielle et ne tiennent pas à faire apparaître une consultation médicale sur l’assurance sociale de leurs parents », relate l’INED. Aujourd’hui, la contraception est pourtant gratuite pour les mineurs et, depuis cette année, il n’y a plus d’avance de frais au niveau de la part obligatoire remboursée par la Sécurité sociale pour les consultations ou les examens de biologie liés à la contraception.
Sur la question de l’anonymat, l’Assurance maladie prévoit qu’à la demande d’une jeune fille, la mention de prescription d’un contraceptif peut disparaître des relevés de remboursement. Mais pour les jeunes filles de moins de 16 ans, il est difficile d’aller consulter un médecin sans en parler à leurs parents, car elles n’ont pas de carte vitale nominative.
Renforcer l'anonymat pour les mineures
La solution la plus discrète reste encore le recours à un centre de planning familial, qui permet de bénéficier gratuitement d’une contraception tout en préservant l’anonymat. A l’occasion de cette journée mondiale et en perspective du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015, Bérengère Poletti, députée UMP et sage-femme, appelle à renforcer l’anonymat pour les jeunes filles qui consultent un médecin de ville ou hospitalier. Elle suggère d’assurer une prise en charge intégrale de l’Assurance maladie ne se limitant plus à la part obligatoire de la Sécurité sociale, en incluant celle complémentaire. « Il faut que ces consultations et prescriptions soient financées sur une ligne budgétaire à part de l'Assurance maladie, de façon à ce que cela n’apparaisse pas sur les relevés des parents, à l’image de ce qu’il se fait aujourd’hui pour les IVG », explique la député.