60 000 fractures des vertèbres, 50 000 du col du fémur, 35 000 du poignet : voilà le bilan annuel de l’ostéoporose. Cette maladie osseuse, souvent associée au sexe féminin et à l’âge, est pourtant mal connue des Français. A l’occasion de la Journée mondiale contre l’ostéoporose, pourquoidocteur fait la lumière sur 5 idées reçues.
L’ostéoporose ne touche que les femmes
FAUX. 40 % des femmes ménopausées sont concernées par une fracture liée à l’ostéoporose. Mais le sexe masculin n’est pas épargné : on considère qu’un homme est touché pour 4 femmes. Ce déséquilibre s’explique principalement par une masse osseuse initiale plus élevée et l’absence de chute brutale des hormones sexuelles à la ménopause. Mais dans les deux cas, la maladie est causée par une déminéralisation osseuse qui survient avec l’âge. Elle est même plus grave chez l’homme, car elle se déclare à un âge plus avancé.
Fracture après la ménopause égale ostéoporose
FAUX. Toutes les fractures ne se valent pas. On parle d’une fracture ostéoporotique lorsqu’elle elle est causée par un traumatisme minime (chute de sa hauteur, de moins d’un mètre de hauteur, d’une à trois marches d’escalier), après un faux mouvement ou après une toux, mais aussi lorsqu’elle survient spontanément. Une fracture ostéoporotique se détermine aussi par sa localisation, quand elle ne touche pas les extrémités (côtes, humérus, sacrum…). Enfin, certaines fractures doivent aussi plus inquiéter que les autres. Une fracture à la hanche, par exemple, témoigne d’une fragilité du fémur - qui est censé être l’os le plus solide du corps.
On peut diagnostiquer une ostéoporose sur une radio.
FAUX. Les radios peuvent en effet témoigner d’une raréfaction de la trame osseuse. Mais la qualité des clichés dépend à la fois de la masse grasse et des réglages du manipulateur en radiologie, ce qui rend douteuse la fiabilité d’un tel examen.
Dans l’ostéoporose, la densitométrie osseuse est le test de référence. On a coutume de dire qu’elle a une meilleure valeur prédictive pour l’ostéoporose que le cholestérol pour les maladies cardiovasculaires. L’indice obtenu, quand il est supérieur à 1, témoigne d’une densité osseuse normale. C’est en-dessous de -2,5 qu’on parle d’ostéoporose, et d’ostéoporose sévère lorsque ces résultats sont précédés de plusieurs fractures.
Plusieurs facteurs de risque orientent vers un tel examen. Le plus évident est un antécédent de fracture passés 50 ans. Des fractures au col du fémur chez les parents du 1er degré, le tabagisme ou une masse corporelle insuffisante sont aussi associés à un risque accru d’ostéoporose.
L’alimentation a un impact sur l’ostéoporose
VRAI. Le mode de vie a un réel impact positif ou négatif sur l’ostéoporose. On sait par exemple que le manque d’activité physique et le tabagisme augmentent le risque. Mais le facteur le plus déterminant, c’est l’alimentation. Avec l’âge, l’absorption du calcium est réduite, et la densité des os chute. Il est donc important d’accroître ses apports quotidiens en calcium (1 200 mg chez une femme ménopausée de plus de 50 ans), via l’alimentation autant que possible. L’intérêt des yaourts et fromages fermentés est de plus en plus évoqué.
La vitamine D est également importante dans l’ostéoporose. En cas de déficit avéré, il faut mettre en place une supplémentation (en-dessous de 75 nmol/l). Pour le reste, l’équilibre alimentaire est la clé, même s’il existe une association entre la consommation de café et l’ostéoporose. Mais les études sur le sujet n’ont pas déterminé qui du mode de vie ou de la caféine est à blâmer.
On ne peut pas traiter l’ostéoporose
FAUX. Il n’existe pas encore de traitement ostéoformateur (qui permet de remonter la densité osseuse), mais des traitements qui stabilisent la densité osseuse existent. Il faut commencer à traiter tôt. Les biphosphonates sont le traitement le plus utilisé et maintiennent, voire stabilisent la masse osseuse. Mais ils échouent quand la densité osseuse est trop basse.
Les autres traitements sont peu utilisés. Le traitement hormonal substitutif (THS) prévient l’ostéoporose, mais il est controversé en raison de l’augmentation du risque de cancer du sein, de problèmes cardiovasculaires et de thrombose veineuse. Les SERMs, qui modulent les récepteurs aux oestrogènes, préviennent les fractures vertébrales, mais pas celles du col du fémur.
Certains médicaments agissent sur la formation osseuse : le controversé ranélate de strontium (Protelos), le denosumab (Prolia) qui inhibe la formation, la fonction et la survie des ostéoclastes, responsables de la résorption osseuse, et le tériparatide, qui régule le taux de calcium dans le sang. Ce dernier traitement est très coûteux (400 euros par injection) mais aussi très efficace à 18 mois, durée maximale du traitement.
L’espoir vient peut-être des inhibiteurs de l’enzyme LRP-5, qui permettraient d’augmenter la densité osseuse. Des essais sont en cours. Reste à prouver que l’os obtenu est de bonne qualité.