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Cancer du sein

Le travail nocturne nuit aux femmes

Le risque de cancer du sein augmente de 30% chez les femmes qui travaillent la nuit. Cette activité nocturne perturberait le rythme circadien, selon l'étude de l'Inserm. 

Le travail nocturne nuit aux femmes Les infirmières souvent sollicitées pour un travail de nuit présentent un risque accru de développer un cancer du sein. MEIGNEUX/SIPA

  • Publié le 21.06.2012 à 14h20
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Le travail de nuit serait un facteur de risque de cancer du sein, au même titre que certaines mutations génétiques, qu’un âge tardif à la première grossesse ou encore que les traitements hormonaux. C’est en tout cas ce que viennent de démontrer des chercheurs de l'Inserm dans une grande enquête de population sur l’impact du travail nocturne sur la santé des femmes réalisée entre 2005 et 2008. 
L’étude baptisée CECILE a comparé le parcours professionnel de 3000 femmes. Parmi elles, 1200 avaient eu un cancer du sein pendant cette période et 1300 n’avait pas eu cette maladie.
Des études antérieures avaient déjà montré, notamment sur des populations d’infirmières, un lien entre le travail de nuit et le risque de développer une tumeur mammaire. Ce travail, publié dans l'International Journal of Cancer, confirme donc ces résultats et les précise. Le risque de cancer du sein était augmenté de 30% chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport à celles qui avaient eu une activité professionnelle diurne. De plus, ce risque évolue en fonction de la durée et du rythme de travail.

Pascal Guénel, principal auteur de l'étude  de l'Inserm: « Le risque est encore plus élevé chez celles dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine, avec des décalages du rythme jour/nuit plus fréquents »



Enfin, ces chercheurs ont montré pour la première fois que ce risque de faire un cancer du sein était augmenté de 50% chez les femmes ayant commencé à travailler de nuit, avant d’avoir eu une première grossesse à terme. Les auteurs expliquent ce phénomène par le fait que, avant une 1ère grossesse, les cellules de la glande mammaire ne sont pas complètement arrivées à maturation. Et les cellules non matures sont plus vulnérables aux effets cancérogènes extérieurs.

Autre indication, ce n’est pas le travail de nuit en lui-même ou sa pénibilité qui serait à l'origine de ces cancers du sein. Plusieurs hypothèses sont avancées. La principale serait que le travail de nuit entraîne des perturbations du rythme circadien, c’est-à-dire de notre horloge interne, celle qui gère l’alternance veille-sommeil.
Une horloge qui régule plusieurs fonctions biologiques de l’organisme. Par exemple, chez les femmes avec un rythme jour/nuit très changeant,  alternant travail de nuit et travail de jour sans réelle régularité, cette désorganisation du rythme circadien peut entraîner des perturbations du cycle hormonal.
Autre piste, les individus qui travaillent la nuit restent exposés à la lumière plus longtemps, ce qui réduit la sécrétion de mélatonine. Cette hormone du sommeil, stimulée normalement en l’absence de lumière, est connue pour ses effets anti-cancérigènes. Enfin, les troubles du sommeil provoqués souvent par ces changements de rythme jour/nuit pourraient affaiblir le système immunitaire.

L'étude de l'Inserm a révélé d'autres surprises. Les auteurs ont observé que 11% des femmes avaient travaillé de nuit à un moment quelconque de leur vie professionnelle. Un pourcentage qui est en augmentation depuis la loi du 9 mai 2001. En effet, jusqu’à cette date, le travail de nuit des femmes était interdit sauf dérogation. 

Mais les hommes qui travaillent de nuit mettent, eux aussi,  leur santé en danger. Plusieurs études ont déjà été publiées ou sont en cours et s’intéressent au sujet. Des   travaillent d’ailleurs sur l’impact du travail de nuit sur le cancer de la prostate. D’après Pascal Guénel, les premiers résultats iraient dans le même sens, c’est-à-dire vers un risque accru de cancer de la prostate.

Pascal Guénel : « On ne sait pas bien quel type de travail de nuit est le plus péjoratif pour la santé, mais cela pourrait être un vrai problème de santé publique. »




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