Au Royaume-Uni, tout est bon pour inciter les femmes à allaiter, y compris offrir des bons d’achat. Une modélisation parue dans le British Medical Journal permet de mieux comprendre pourquoi : en boostant le taux d’allaitement, très bas de l'autre côté de la Manche, le système de santé pourrait réaliser des économies de taille.
Infections gastro-intestinales, otites
Trois arguments se posent en faveur de l’allaitement, selon cette étude : des bébés mieux immunisés, des mères en bonne santé, moins de dépenses pour le service de santé britannique (NHS). Le recours au lait maternisé est associé à une morbidité accrue, établissent d’entrée les auteurs de cet article. Infections gastro-intestinales, infections des voies respiratoires inférieures, otites chez les enfants, entérocolite nécrosante chez les nouveaux-nés ou même cancers du sein chez les mères représenteraient un coût annuel de plus d’un milliard d’euros.
Si le NHS aidait les jeunes mères à donner le sein quatre mois minimum, il pourrait économiser 11 millions de livres par an (13 millions d’euros), grâce à une chute des infections courantes chez l’enfant. Or, 6 semaines après l’accouchement, 55 % des femmes allaitent toujours, mais seulement 23 % exclusivement.
Améliorer l’aide aux femmes qui veulent allaiter
Les auteurs de l’article se fixent des objectifs ambitieux : en doublant le taux d’allaitement en maternité, le nombre de cas d’entérocolite nécrosante chute, selon leur modélisation. Cela se traduit par 6 millions de livres (7,5 millions d’euros) de dépenses en moins.
Encourager l’allaitement dans la durée est également important pour les mères : doubler le nombre de femmes qui allaitent entre 7 et 28 mois aide à réduire l’incidence du cancer du sein. Pour le NHS, cela représente une économie de 40 millions de livres (50 millions d’euros), en qualité de vie et en soins.
Pour autant, pas question de pousser systématiquement à l’allaitement. Les auteurs de l’article jugent préférable d’aider les femmes qui ont déjà décidé de donner le sein, en leur proposant un service accessible et de haute qualité. « C’est très important car 80 % des femmes qui cessent d’allaiter au cours des premières semaines auraient souhaité continuer plus longtemps », soulignent-ils. « Un rapide retour sur investissement est réaliste et faisable », ajoutent-ils à destination des décideurs. Sans compter que pour les femmes, l’allaitement favoriserait la reprise d’un poids normal et protègerait en partie de la dépression post-partum en boostant la production d’endorphines, les hormones du bonheur.