La cire et la pince – c’est tout. Pour épiler leurs clients, les esthéticiennes doivent s’en tenir à ces deux méthodes exclusivement, tel que le définit un arrêté de 1962. Par sa décision, le tribunal de Lorient vient de rappeler la frontière entre pratique esthétique et acte médical.
Matériel confisqué
Cinq esthéticiennes bretonnes ont été condamnées pour « exercice illégal de la médecine ». Leur tort : avoir pratiqué des épilations par « lumière intense pulsée » (IPL). Cette technique d’épilation quasi définitive, également appelée « lampe flash », vise à brûler le pigment du poil. De nombreux cabinets d’esthéticienne la proposent sur le territoire… en toute illégalité.
En effet, malgré les demandes répétées des esthéticiennes, cette pratique reste l’apanage des médecins dermatologues. Elle est considérée comme un « acte médical » à part entière. A ce titre, cinq médecins spécialisés en esthétique établis à Quimper, Pornic et Brive ainsi que la fédération syndicale de médecine esthétique, installée à Rennes, ont porté plainte contre les esthéticiennes. Ils ont obtenu gain de cause.
Les accusées devront verser un euro à chacun des six plaignants pour le préjudice subi. Et surtout, elles se verront confisquer leur matériel, d'un montant de près de 40 000 euros « en nature ou en valeur ». La substitut du procureur avait requis 5 000 euros d’amende avec sursis, ainsi que la confiscation du matériel, lors de l'audience du 6 octobre.
30 000 instituts de beauté la pratiquent
Selon l’avocat des plaignants, le recours à cette méthode par « lumière pulsée » ne peut « faire l'économie d'un diagnostic médical préalable de la peau ». Les dermatologues peuvent émettre une contre-indication en cas de mélanome, de tatouage ou de forte pigmentation, afin d'éviter « tout risque de brûlure ».
L'avocat des esthéticiennes a de son côté affirmé que la technique « ne présentait aucun danger pour la santé humaine » et rappelé que la formation suivie par ses clientes avait fait l'objet d'une attestation délivrée par un médecin. De plus, il a souligné « que 30 000 instituts de beauté en France ont recours à ce procédé ». Selon les plaignants, d’autres procédures similaires seraient en cours à Nantes et Quimper.
La guerre du poil
Ce procès ne manquera pas de relancer la guerre entre dermatologues et esthéticiennes. Les dernières dénoncent la mainmise des professionnels de santé sur le marché lucratif du poil, alors même qu’elles suivent des formations en dermatologie et en nouvelles technologies de l’épilation. Comme le raconte le quotidien 20minutes, certains dermatologues eux-mêmes admettent que « faire de l’épilation, c’est bête comme chou »… Mais pour d’autres praticiens, la lumière pulsée et autres rayons lasers ne sont pas des techniques anodines, et relèvent du domaine médical.