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Haute Cour de Dublin

Irlande : la justice autorise l'arrêt des soins pour une femme enceinte

Par Léa Drouelle

Le feu vert donné par la justice irlandaise pour mettre fin aux jours d'une femme enceinte déclarée cliniquement morte depuis presque un mois relance le débat sur l'avortement dans le pays. 

Manifestation pro-avortement à Dublin. FARRELL/PHOTOCAL/SIPA

La récente autorisation de la Haute Cour d’Irlande pour mettre fin aux jours d’une femme enceinte déclarée cliniquement morte depuis le 3 décembre 2014 relance le débat sur l’avortement dans le pays.

“Crainte de potentielles conséquences juridiques”

Âgée de 26 ans, la femme en était à 14 semaines de grossesse. Alors que cette dernière a été déclarée cliniquement morte le 3 décembre dernier, la famille de la patiente réclamait l’arrêt des soins auprès des médecins. Requête à laquelle ils s’opposaient farouchement, au nom d’un principe constitutionnel selon lequel tout enfant à naitre possède le droit de vivre. Pourtant, les juges de la Haute Cour de Dublin ont tranché en la faveur de la famille de la défunte. “ L’état de la mère se dégrade à une telle vitesse et jusqu’à un tel degré qu’il ne sera pas possible que la grossesse se poursuive encore longtemps ou jusqu’à une naissance en vie”, ont déclaré ces derniers, ajoutant que si la femme a été maintenue en vie jusqu’à maintenant, c’est uniquement par crainte “de potentielles conséquences juridiques”.




Pas de droit à la fin de vie en Irlande
Il faut dire que le pays, très marqué par sa tradition catholique, se montre extrêmement rigide sur le sujet de l’avortement. Si la loi l’autorise depuis juillet 2013, celui-ci ne doit être pratiqué, selon le texte de loi, que lorsque la grossesse présente un danger “réel et substantiel” pour la vie de la femme. La loi ne permet en revanche pas de recourir à l’iVG s’il y a eu viol. Quant à la notion d’euthanasie, la loi ne fait pas mention de l’euthanasie, ni sur le droit à la fin de vie. Toute forme d'assistance à la mort ou de suicide est illégale et passible de 14 ans de prison. 

En France, on vient de fêter les 40 ans de l’avortement et un rapport prévoyant un nouveau droit à mourir dans le cadre de la loi de fin de vie vient d’être remis au gouvernement. Mais en ce qui concerne les femmes enceintes maintenues en vie artificiellement, la législation reste trouble : en effet, la loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie ne dit rien sur le cas de ces femmes enceintes en état de mort cérébrale, alors que ces patientes font toujours l'objet de débats intenses entre les équipes médicales et les proches de la victime.