Face au stress, hommes et femmes ne sont pas égaux. Selon une étude parue dans la revue Circulation, les patientes qui survivent à un infarctus du myocarde sont plus stressées que leurs congénères masculins. Cela pourrait expliquer en partie la moins bonne récupération des femmes après l’incident, selon les auteurs de cette étude.
Plus d’angines de poitrine
Une équipe de l’université de Yale (New Haven, Connecticut, Etats-Unis) a recruté 2 397 femmes et 1 175 hommes après leur infarctus. Tous étaient âgés de 18 à 55 ans. Pendant leur séjour à l’hôpital, les chercheurs ont mesuré le stress perçu par les patients, grâce à une échelle de 14 items.
Les participantes étaient plus stressées que les hommes. « Si on ajuste sur le fait que les femmes ont plus de comorbidités, la différence est nettement moindre, mais elle persiste », commente le Pr Nicolas Danchin, cardiologue contacté par pourquoidocteur. « Sur une échelle d’une trentaine de points, il y a moins d’un point d’écart. Sur le plan statistique, c’est significatif, mais pas forcément pertinent en termes d’approche individuelle. »
Pourtant selon les chercheurs américains, cette petite différence de niveau de stress pourrait expliquer pourquoi les femmes récupèrent moins bien après un infarctus. Car l’étude met aussi en évidence des crises d'angines de poitrine plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes dans le mois suivant l'infarctus. Ce résultat laisse cependant le Pr Danchin perplexe.
Ecoutez le Pr Nicolas Danchin, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou : « Deux choses me gênent : les angines de poitrine n’existent presque pas à un mois. Les femmes ont un plus mauvais pronostic, ce qu’on ne retrouve pas du tout en France. »
Une réaction similaire au traitement
Ces travaux explorent une problématique peu étudiée, celle du stress chez les victimes d’infarctus du myocarde. « C’est pourtant un sujet très intéressant, reconnaît Nicolas Danchin. Mais la difficulté, c’est que le stress est difficile à mesurer : il faut faire passer des questionnaires avec des échelles, ce qu’on ne fait pas au quotidien avec le patient. »
D’autres recherches ont suggéré que le stress favorise l’absence de suivi d’un traitement, certaines ont évoqué le risque d’anxiété après un infarctus, mais aucune n’avait encore abordé l’impact du stress sur la récupération.
La plus grande vulnérabilité des femmes au stress soulève aussi une problématique de fond : les différences de sexe face aux maladies. Sur le plan des traitements médicamenteux cependant, le Pr Danchin se veut rassurant, hommes et femmes sont "plutôt égaux".
Ecoutez le Pr Nicolas Danchin, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou : « Il n’y a pas d’énormes différences quand on regarde l’efficacité des traitements. On utilise moins les techniques d’angioplastie coronaire, ce qui peut être une perte de chance. »