Visage blême, bouche entrouverte, cœur au bord des lèvres. Vomiting Larry n’est pas un robot comme les autres. Il n’aide pas les chirurgiens à opérer, ni les vieilles personnes à se déplacer. Son rôle est tout autre : Larry vomit.
Un estomac rempli de microbes
Pour les besoins de la science, des chercheurs britanniques ont mis au point cette machine capable de simuler le vomissement humain. Elle mesure 1m 60 et est constituée d’une tête de mannequin montée sur un cylindre rempli de liquide. Un système de pompe à air comprimé permet au fluide de remonter jusqu’à sa bouche. Tout a été programmé : la force de propulsion, la direction du jet, la quantité de liquide régurgité (ces paramètres ont fait l’objet de précédentes études).
Au cours de leur expérience, les chercheurs du Government’s Health and Safety Laboratory à Derbyshire (Royaume-Uni) ont rempli l’ « estomac » de Larry avec un litre d’eau contaminée par des centaines de millions de microbes du norovirus – un virus très répandu et extrêmement contagieux, responsable chaque année de millions de gastro-entérites dans le monde. Ils ont ensuite placé le robot dans une chambre étanche et stérile et l’ont observé à la lumière UV en train de se vider.
8 mètres carrés contaminés
But de la manœuvre : déterminer le périmètre contaminé par les microbes du norovius lorsqu’une personne malade rend. Et les conclusion, détaillées dans la revue Journal of Infection Prevention, sont étonnantes. Ainsi, lorsqu’une personne atteinte du norovirus vomit, elle propulse ses microbes sur un rayon de 8 mètres carré – 3 mètres devant elle, 2,2 sur les côtés.
« Les prélèvements effectués sur la surface du sol ont révélé la présence de virus vivant, dans une proportion telle qu’il peut contaminer les personnes qui entrent en contact avec les propulsions – y compris avec les plus petites gouttelettes, à trois mètres devant Larry », explique la microbiologiste Catherine Makison Booth, « maman » du robot.
Dans un avion ou un bureau
Ces résultats révèlent ainsi que le nettoyage post-vomi doit se faire de manière particulièrement rigoureuse. D’autant plus que, comme le soulèvent les auteurs de l’étude, les microbes peuvent perdurer à l’état vivant pendant plusieurs jours sur les surfaces contaminées.
Certes, on peut souligner qu’il est assez rare de vomir debout dans une salle en visant droit devant soi. Les études sur le sujet méritent certainement d’être affinées. D’ailleurs, l’équipe de chercheurs planche sur des simulations de vomi dans différents environnements – un avion, un lit d’hôpital, un bureau…
L’objectif étant, à nouveau, de déterminer quels objets peuvent être contaminés, et dans quelle mesure. Quant à la consistance du vomi – paramètre non négligeable - elle fait également l’objet de travaux plus poussés. Larry n’a pas dit son dernier mot.