L'annonce a fait froid dans le dos des journalistes présents dans la salle. « Je suis ici pour confirmer le tout premier cas de H5N1, aussi connu comme la grippe aviaire, en Amérique du Nord », a déclaré mercredi la ministre de la Santé, Rona Ambrose, lors d'une conférence de presse. En effet, une semaine après son retour de voyage de Pékin, une personne est morte au Canada de la grippe aviaire H5N1. Ce décès est le premier cas mortel confirmé sur le continent nord-américain.
Des faibles risques de transmission humaine
La victime avait commencé à ressentir des symptômes de mal de tête et de fièvre sur un vol d'Air Canada entre Pékin et Vancouver le 27 décembre 2013. Elle avait néanmoins poursuivi son voyage sur un autre vol à destination d'Edmonton. Mais, subitement, son état de santé s'est détérioré et elle a dû se rendre à l'hôpital, où elle est décédée le 3 janvier dans un hôpital d'Edmonton, a précisé le responsable de la Santé de l'Alberta, le Dr James Talbot. Pour tenter de rassurer les Canadiens, la ministre de la Santé a tenu à insister sur le fait que, « le décès de cette personne est un cas isolé. Les risques de transmission humaine sont très faibles. »
Deux proches de la victime en surveillance
Plus surprenant dans cette affaire, la victime qui avait effectué le voyage en Chine avec deux proches, était auparavant en parfaite santé. Par ailleurs, concernant les deux personnes qui ont voyagé avec la victime, elles « seront suivies pendant une dizaine de jours. Habituellement, les symptômes apparaissent sous deux à cinq jours après l'exposition au virus, permettant de penser que deux semaines après le voyage de retour, ces personnes n'ont pas développé la maladie », explique le Dr James Talbot. Pour information, « il leur a été délivré du Tamiflu en prévention et cinq jours après le décès de leur proche, aucun d'entre eux n'a présenté de symptômes », a rajouté le médecin.
Un cas énigmatique et inquiétant
Enfin, les autorités sanitaires canadiennes ont insisté sur le fait que la victime n'avait pas quitté Pékin, ni visité de ferme ou de marché. Cette donnée inquiète les médecins outre-Atlantique, d'autant que récemment les autorités chinoises n'ont pas fait mention de cas de grippe aviaire dans des élevages de la région de Pékin. « Ce n'est pas une maladie qui est transmise entre humains, donc à moins que vous ne soyez dans une zone infectée ou que vous soyez en contact avec un volatile infecté, vous n'attraperez pas cette maladie », a rappelé le Dr Theresa Tam, du ministère de la Santé. Et cette dernière de rajouter, « un des points inhabituels dans ce cas est qu'à aucun moment la personne n'a présenté des symptômes de toux ou d'insuffisances respiratoires. En fait, la cause du décès a été identifiée comme une encéphalite-méningée. »
Pour rappel, 650 cas de grippe aviaire ont été répertoriés dans 15 pays depuis dix ans, avec un taux de mortalité de 60 %, a indiqué le Dr James Talbot. En 2013, un total de 38 cas a été recensé dans le monde, dont 24 se sont avérés mortels. Enfin, les derniers cas mortels de grippe aviaire ont été répertoriés l'an dernier en Indonésie et au Cambodge pour la souche H5N1. Un cas de grippe aviaire H7N9 a aussi été détecté à Hong Kong au tout début du mois de décembre.