Et si grâce à une simple prise de sang, le médecin était capable de vous alerter en disant : « Attention Monsieur ou Madame, dans les deux prochaines semaines vous risquez d’être victime d’une crise cardiaque ». Alors que chaque année en France environ 120 000 personnes sont touchées par un infarctus, on ne peut qu’espérer le développement de ce type de test prédictif. Et c’est justement l’espoir que suscite la publication d’une étude américaine dans la revue Physical Biology. Cette équipe de l’institut de recherches Scripps en Californie vient de mettre au point un test sanguin permettant de repérer des cellules particulières qui pourrait un jour être utilisé comme un marqueur prédictif de ce type d’attaque cardiaque.
Des cellules présentes uniquement après un infarctus
Cette étude a donc inclus 79 patients qui avaient été victimes d’une crise cardiaque, 25 qui étaient en bonne santé, et enfin 6 autres qui allaient subir une intervention vasculaire. Le test sanguin mis au point par cette équipe consiste à rechercher des cellules appelées CEC présentes dans la circulation sanguine. Tous les participants ont donc eu des prélèvements sanguins, et ces chercheurs se sont attelés à compter le nombre de ces cellules par échantillon. Résultat, seuls les patients qui avaient été victimes d’un infarctus avaient ces cellules en très grand nombre dans leur circulation sanguine. «L'objectif de ce travail était d'établir la preuve que ces cellules circulantes peuvent être détectées de manière fiable chez les patients après une crise cardiaque et n'existent pas chez les témoins sains. C’est ce que nous avons obtenu, précise le Pr Peter Kuhn, l’un des auteurs de cette expérience. Nos résultats ont été si importants par rapport aux volontaires sains que la prochaine étape évidente est d'évaluer l'efficacité du test pour identifier les patients aux premiers stades d'une crise cardiaque ».
Un test pour prédire l’infarctus 3 semaines à l’avance et agir
« On dispose de nombreux moyens pour prédire le risque à long terme de survenue d’une crise cardiaque, on a aussi de bons outils pour diagnostiquer quelqu’un qui vient d’avoir un infarctus, mais actuellement nous n’avons rien pour dire vous allez avoir une attaque cardiaque dans les 3 prochaines semaines et pourtant nous en aurions besoin » ajoute Pr Peter Kuhn. Et le test sanguin qui pourrait être développé à partir des travaux de cette équipe serait non seulement rapide à effectuer, mais également peu onéreux d’après les auteurs. La prochaine étape sur laquelle travaille déjà ces scientifiques consiste tout d'abord à vérifier si ce test demeure aussi efficace chez les personnes hospitalisées pour des douleurs thoraciques par exemple, et donc potentiellement sous la menace d’un infarctus imminent. Ces chercheurs supposent que ces cellules particulières pourraient être présentes et visibles plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant qu’un caillot ne vienne réellement provoquer l’attaque. Si ces résultats prometteurs sont bel et bien confirmés, la mise au point de ce test sanguin permettrait par exemple de mettre sous traitement anticoagulant les patients à haut risque de crise cardiaque. D’après cette équipe, il serait même possible d’envisager la mise en place d’un stent préventif pour maintenir ouverte l’artère sur le point de se boucher et éviter ainsi l'infarctus.