Trois ans après l'ouverture du marché des jeux sur internet, il est manifestement temps de faire la police. L'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) publie ce vendredi 26 avril un rapport contenant trente-trois propositions pour tenter d'enrayer le phénomène de l'addiction au jeu. Le texte prévoit des mesures pour renforcer le dispositif de lutte contre le jeu « excessif ou pathologique ».
Parmi ses recommandations, l’Arjel propose une limitation du volume de la publicité des opérateurs de jeux au moment des retransmissions sportives en la cantonnant à un sport publicitaire par opérateur. Le gendarme des jeux en ligne préconise également de tendre la main aux joueurs qui voudraient décrocher, et donc de faciliter l’inscription sur le fichier des interdits de jeux du ministère de l’Intérieur. Les opérateurs de jeux en ligne doivent vérifier sur ce fichier, qui compte quelque 33.000 noms et est mis à jour tous les mois, que le joueur qui souhaite ouvrir un compte n’y figure pas. L’Autorité suggère de permettre de s’y inscrire par un simple courriel et de mettre à jour ce fichier chaque semaine. Par ailleurs, elle recommande aux pouvoirs publics d’interdire toute relance de la part d’un opérateur vers le joueur qui vient de clôturer son compte ou qui arrête momentanément de jouer.
Enfin, l’Arjel souhaite que les sociétés de jeux en ligne créent des critères d’alerte pour détecter les joueurs « à comportement atypique », comme ceux qui misent des sommes importantes. L’opérateur alerterait alors le joueur et l’orienterait vers une structure de prise en charge de l’addiction. Car ces joueurs excessifs sont souvent totalement déconnectés de la réalité comme le prouve la dernière étude du Centre de neurosciences cognitives. Pour ces chercheurs, il s'agit de patients souffrant d'un biais d'optimisme qui modifierait leurs décisions dans des situations impliquant des paris finianciers risqués. Autrement dit, ces derniers auraient tendance à surestimer leur change de gagner
Une étude conduite par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) avait révélé en 2011 que 600.000 Français étaient touchés par l’addiction aux jeux d’argent et de hasard. Le chiffre pourrait être aujourd'hui supérieur, car l'enquête avait été réalisée avant l’ouverture du marché français des jeux en ligne en juin 2010.