Marc-Vivien Foé, Antonio Puerta ou encore récemment Piermario Morosini, la liste des footballeurs professionnels morts sur le terrain ne cesse de s’allonger. L’image du sportif en pleine action s’écroulant sur la pelouse en arrêt cardiaque est toujours très saisissante. Mais l’immense majorité des sportifs qui décèdent ainsi n’ont pas les honneurs médiatiques. Et pour cause, la mort subite du sportif concerne davantage les sportifs occasionnels.
« En France, chaque année, environ 1000 morts subites surviennent pendant ou dans l’heure qui suit une activité sportive. Seules 15 à 20 concernent des sportifs de haut niveau, tous les autres sont des amateurs », souligne le cardiologue Xavier Jouven, qui dirige le centre d’expertise sur la mort subite de l’adulte.
Sur le podium des sports les plus durement touchés figurent la course à pied, le football et le cyclisme. Mais il s’agit plutôt du reflet des sports les plus pratiqués par les Français que du palmarès des sports les plus à risque de mort subite.
Cet arrêt cardiaque inopiné ne respecte aucune parité, il frappe des hommes dans 95% des cas, âgés en moyenne de 45 ans. Pour l’immense majorité d’entre eux, aucun antécédent cardiaque n’était connu et faute d’autopsie, ces décès restent le plus souvent inexpliqués.
Pour trouver des réponses, l’Académie de Médecine demande, dans un rapport rendu public hier, que tout décès sur un terrain de sport soit suivi d’une autopsie systématique. « C’est fondamental pour la prévention, explique le cardiologue Xavier Jouven. Pour le moment, on est très démuni pour identifier précocement les personnes à risque ». D’autant plus que l’aptitude au sport est rarement évaluée en bonne et due forme.
Pr Xavier Jouven, cardiologue à l’hôpital européen Georges Pompidou, responsable du centre d’expertise sur la mort subite de l’adulte : « Le certificat médical de sport est une hypocrisie majeure, un certificat de complaisance »
En 2011, le club des cardiologues du sport a édicté 10 règles d’or pour prévenir les morts subites de sportifs parmi lesquelles prévenir son médecin en cas de malaise, d’essoufflement anormal ou de palpitations mais aussi s’hydrater et ne pas fumer pendant l’effort ou encore s’échauffer correctement. A défaut de pouvoir identifier les personnes à risque, ces règles d’or s’appliquent à tous les sportifs et particulièrement ceux du dimanche.
Une bonne nouvelle tout de même, et non des moindres, on sait comment optimiser les chances de sauver les victimes d’arrêt cardiaque pendant un effort sportif. L’urgence absolue est de commencer le massage cardiaque, même s’il est rudimentaire, en attendant l’arrivée des secours.
Pr Pierre Carli, médecin urgentiste, chef du SAMU de Paris : « Un massage commencé dans les 10 premières minutes réduit la mortalité et les séquelles au cerveau »
Dans un deuxième temps, il faut aider le cœur à reprendre un rythme normal grâce à un choc électrique envoyé par un défibrillateur. L’appareil est entièrement automatisé et détecte seul s’il y a lieu ou non d’envoyer la défibrillation. Mais encore faut-il avoir un défibrillateur à portée de main.
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Une fois passées ces premières minutes cruciales où la survie du sportif dépend de ceux qui l’entourent, la survie n’est pas garantie mais les techniques de réanimation ont énormément progressé. L’exemple le plus médiatique est certainement celui du footballeur Fabrice Muamba. En mars dernier, pendant un match de son équipe de Bolton contre Tottenham, il s’est effondré victime d’un arrêt cardiaque. Il a fallut 78 minutes et 15 chocs électriques pour que son cœur reprenne une activité spontanée. Trois mois plus tard, match retour, Fabrice Muamba était de retour en tribune et il n’est même pas exclu qu’il retrouve un jour la pelouse… !
L'Académie de médecine s'inquiète des méfaits du dopage
Dans le sport amateur, 4% des jeunes et 10% des adultes auraient recours ou eu recours au dopage. Du cannabis pour lutter contre la pression, de la cocaïne ou des amphétamines pour se stimuler, des corticoïdes pour repousser la douleur ou encore des anabolisants pour gagner en masse musculaire, les méthodes sont nombreuses. Même celles qui étaient encore réservées aux spécialistes il y a peu comme l'EPO arrivent désormais dans les compétitions juniors. L'Académie de Médecine a donc rendu public hier un rapport dans lequel elle s'alarme des conséquences sanitaires de cette "épidémie" de dopage. Elle réclame aux pouvoirs publics une véritable politique de prévention du dopage tant pour l'image du sport que pour l'enjeu de santé publique qu'elle représente. Pour mieux comprendre les morts subites et déterminer quelle part peut être imputée aux substances dopantes, les Académiciens préconisent une autopsie systématique en cas de décès sur un terrain de sport. Pour lutter contre le dopage à la racine, elle demande également que soit fixé un nombre annuel maximal de matchs par joueur pour leur éviter des cadences infernales et que l'indépendance des médecins de clubs soit renforcée pour les extraire du cercle vicieux de la performance à tout prix. Avec une médecin du sport aux manettes du ministère du même nom, les Académiciens ont bon espoir que leurs recommandations ne restent pas lettre morte.