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QUESTION D'ACTU

Plus de garçons que de filles

La sélection du sexe à la naissance gagne l’Europe de l’Est

En matière de sélection des naissances, la Chine est souvent citée. L'Europe est aussi concernée. Un rapport de l'Ined montre que les pays de l’Est privilégient les naissances de garçons.

La sélection du sexe à la naissance gagne l’Europe de l’Est THE SUN/SIPA




Saviez-vous que l'Azerbaïdjan est le deuxième pays où le rapport hommes-femmes est le plus déséquilibré à la naissance ? L’avortement sélectif est un phénomène souvent associé à la Chine, mais l’Europe est tout aussi concernée par la discrimination prénatale. L’Institut national d’études démographiques (Ined) le rappelle dans son rapport sur « La masculinisation des naissances en Europe orientale » dans sa revue Population et société.

 

Un phénomène longtemps inaperçu

L’ouest des Balkans et le sud du Caucase, en Europe de l’Est, sont particulièrement touchés par l’avortement sélectif. Les futures mères privilégient la naissance d’un garçon à celle d’une fille. Le rapport de masculinité à la naissance (sex ratio), ou nombre de garçons nés par rapport aux filles, est donc fortement déséquilibré : il varie entre 110 et 117 garçons pour 100 filles. Cette discrimination en Europe, très remarquée en Chine depuis 20 ans, est longtemps passée entre les mailles du filet, commente le rapport : « La hausse du rapport de masculinité est restée inaperçue pendant plus d’une décennie. » Les experts notent l’influence des conflits sur la qualité des systèmes de recensement. Il n’en reste pas moins que depuis les années 1990, le sex ratio se déséquilibre de plus en plus, au point d’avoisiner les données chinoises, comme le montre ce graphique.

 

Le maintien de la tradition

Comment expliquer ce phénomène ? Tout d’abord, une préférence traditionnelle pour les garçons persiste dans les familles d’Europe de l’Est. Elles ont pour coutume de se reposer sur les lignées masculines. La décennie 2000 a ainsi vu le sex ratio en Azerbaïdjan atteindre 185 garçons pour 100 filles – un record jamais égalé. L’accès facilité aux technologies a permis de diffuser la sélection prénatale (échographie et avortement). Ces méthodes sont de meilleure qualité depuis la chute de l’URSS, qui « a permis l’importation de matériels plus performants et encouragé l’ouverture de cliniques privées offrant des services de santé reproductive adaptés à la demande des futures mères. » Voilà qui explique l’explosion de l’avortement sélectif depuis la fin de la Guerre froide.

 

 

Si la majorité des naissances sont masculines, c’est aussi parce que la fécondité est relativement basse dans ces deux régions d’Europe orientale. Avec une fécondité inférieure à deux enfants par femme, les chances d’avoir une fille tombe à 25%. En revanche, l’absence de garçon après deux naissances double ou triple la probabilité d’une troisième grossesse. Dans ces situations, le déséquilibre du sex ratio monte à 130 garçons pour 100 filles.

 

Ces données doivent toutefois être relativisées. Les pays des Balkans et du Caucase sont assez peu peuplés. Le déséquilibre des naissances causé par l’avortement sélectif n’a donc pas l’impact de celui des géants asiatiques (Chine et Inde). Mais la sélection prénatale ouvre un débat d’une autre nature, celui de la bioéthique, qui fait également rage aux Etats-Unis.

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