Ils sont connus sous l’acronyme TROD, pour Test rapide d’orientation diagnostique. Utilisés pour dépister le virus du Sida, ces tests ont pour principale caractéristique de fournir une réponse très rapide, comparée aux tests réalisés dans les Centres de dépistage anonyme et gratuits (CDAG) ou dans les laboratoires : dans un laps de temps allant de quelques minutes à une demi-heure environ selon le test, le résultat est connu. Proposés depuis quelques années, ces tests permettent de toucher des populations qui n'osaient pas ou ne voulaient pas se rendre dans les CDAG. Car aujourd’hui, sur les 135 à 170 000 français séropositifs, 30 000 à 40 000 ignoreraient toujours leur séropositivité.
Si le test est négatif et que la personne n'a pas eu de comportements à risque dans les trois mois, elle n'est pas séropositive. Dans le cas d'un test de dépistage positif, elle doit systématiquement dans un second temps être confirmé par un autre test, au moyen d’une prise de sang. Par ailleurs, le TROD ne nécessite pas de prélèvement de sang par ponction veineuse, il suffit de le faire à l’extrémité du doigt. Autant d’avantages qui permettent aux TROD de ne pas être uniquement dispensés par des professionnels de santé, mais aussi par les bénévoles membres d’associations.
C’est par exemple le cas de l’association de lutte contre le Sida Aides, qui a débuté les premières expérimentations avec le TROD pour dépister le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) à la fin de l’année 2008. Après un entretien au cours duquel il est expliqué la façon dont se déroule le test, celui-ci peut donc être réalisé dans les locaux de l’association, mais aussi lors d’actions « hors des murs ». « Nous sommes arrivés à cibler des populations particulièrement vulnérables, des hommes qui s’exposent fréquemment, mais aussi des populations hétérosexuelles, souvent d’origine africaine, qui ont des difficultés à faire des tests », explique Bruno Spire, président d’Aides.
Ecoutez Bruno Spire, président d’Aides : « L’expérimentation a montré que le public que l’on attirait était un public qui se faisait moins dépister, un public différent. »
Après deux années, le bilan positif d’Aides a permis à l’association de clôturer la phase d’expérimentation et de développer les TROD à grande échelle. En 2011, en moyenne, 1% des personnes dépistées par Aides avec les TROD étaient atteintes du Sida, soit cinq fois plus qu'avec l’offre de dépistage classique et trois fois plus que dans les CDAG, relève Aides dans son bilan. Par ailleurs, près d’un tiers de ces personnes n’avaient jamais fait de test.
Ces chiffres confirment que les tests rapides déployés ciblent des populations à risque. Mais le travail n’est pas pour autant achevé. Notamment, le dépistage devrait être systématisé dans les consultations chez le médecin généraliste, rappelle le Dr Olivier Taulera, médecin généraliste, spécialiste du sujet.
Ecoutez le Dr Olivier Taulera, médecin généraliste à Paris, auteur d’une étude de faisabilité et d’acceptabilité de la pratique des TROD : « Les médecins ne proposent pas le dépistage en dehors des consultations spécialisées. »
En outre, le médecin souligne que les TROD, s’ils sont de « bons outils supplémentaires de dépistage », présentent aussi des inconvénients. Par exemple, le test se limite au VIH alors qu’il pourrait également dépister les hépatites C et B.
C’est également ce que relève Médecins du Monde (MDM), qui vient de publier un communiqué à ce propos. « Aujourd’hui, cela apparait comme une évidence de faire des TROD VIH mais également VHC (Virus de l’hépatite C) », souligne Cyril Olaizola, infirmier addictologue, coordinateur de la mission Réduction des risques à Bayonne chez MDM. L’ONG a débuté l’utilisation des TROD de l’hépatite C en couplage avec le TROD VIH cette année à Bayonne, attendant que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé délivre son accord pour leur utilisation.
Enfin, l’utilisation de tests rapides a ouvert la question des autotests. Comme leur nom l’indique, ils permettent de réaliser le test seul, grâce à un prélèvement de salive. Ils ne sont pas légaux en France, même s’il est possible de s’en procurer via Internet. Mais la ministre de la Santé a saisi à ce sujet en août dernier le Conseil national du Sida (CNS) et le Comité consultatif national d’éthique. Le rapport du CNS devrait être publié à la fin de l’année. Dans son dernier avis (datant décembre 2008), il s’était prononcé contre le dépistage par autotests.