La Cour des comptes se montre très sévère sur la politique de la chirurgie ambulatoire menée en France. Dans son rapport sur, « l'évaluation de la loi sur la sécurité sociale », rendu public ce mardi, les Sages réclament plusieurs changements radicaux. But de la manoeuvre, faire des économies sur les hôpitaux qui concentrent 44 % des dépenses de santé et rendre le système plus efficient.
Le réquistoire des Sages sur la chirurgie ambulatoire est l'illustration parfaite de leur démarche. Elle est profitable au patient qui peut sortir le jour même de son intervention, elle allège la charge des établissements. « En dépit d'une politique de plus en plus incitative, en particulier en matière tarifaire, la France conserve un retard persistant par rapport aux autres pays », souligne le rapport. Les auteurs précisent qu'avec un taux de 39,5 % en 2011, la pratique ambulatoire reste en France deux fois plus faible qu'au Danemark ou en Suède. En moyenne, quatre opérations sur dix sont réalisées en ambulatoire en France, contre huit dans des pays comparables.
Plus inquiétant, ce développement de l'ambulatoire devrait s'accompagner d'une réduction du nombre de lits. Mais là encore, la Cour constate que le compte n'y est pas. Cette situation se traduit par un taux d'occupation des lits de seulement 67 % dans les hôpitaux; soit une surcapacité de 18.000 lits en prenant pour hypothèse un taux d'occupation normal de 85 %.
Se rapportant à une estimation de l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé (Anap), la Cour indique que les économies de fonctionnement engendrées par la suppression des lits excédentaires sont évaluées à environ 5 milliards d'euros.
Mais pour le Pr Corinne Vons, praticienne à l'hôpital Jean-Verdier et présidente de l'Association Française de Chirurgie Ambulatoire (AFCA), l'ambulatoire n' a pas comme unique vertu que d'être économique, elle est « le reflet d'une médecine d'excellence pour les hôpitaux français. »
Ecoutez le Pr Corinne Vons, présidente de l'Association Française de chirurgie Ambulatoire: « S'il faut développer l'ambulatoire, ce n'est pas seulement pour faire des économies, c'est une chirurgie de qualité, c'est le mieux pour le patient...»
Et pour rassurer les patients qui pourraient être inquiets par cette chirurgie du jour, Le Pr Vons explique rappelle que l'ambulatoire n'est pas une médecine expéditive pour le patient, et, que la pratique est très encadrée et respectueuse des différents protocoles.
Ecoutez le Pr Corinne Vons : « On ne met pas les gens dehors. On peut sortir les patients que lorsqu'ils n'ont plus de douleurs, pas de nausées, et une tension stable... »
Pour tenter d'améliorer encore ce système, la Cour des comptes émet des recommandations. Selon elle, il faudrait tout d'abord « amplifier les restructurations hospitalières en imposant un regroupement de l'activité dans des unités ayant une activité minimale que les pouvoirs publics doivent fixer réglementairement, tant pour la chirurgie à temps complet que pour la chirurgie ambulatoire. »
Et les Sages de rajouter que, « ces regroupements devront s'accompagner de la mise en place d'unités spécialement organisées pour la prise en charge ambulatoire et de la suppression en parallèle des surcapacités en chirurgie conventionnelle. »
Enfin, soulignant l'échec d'une politique incitative en matière tarifaire, la haute juridiction souhaite l'alignement des tarifs de chirurgie classique sur l'ambulatoire. Une baisse des tarifs qui serait source d'économies, selons les Sages.