Longtemps caché derrière un écran opaque, le système de santé s’ouvre lentement à la lumière. Un processus qui se fait dans la douleur. Il a fallu attendre l’affaire du Mediator pour déceler les failles de notre contrôle sanitaire. Les procès attendus avec les pilules de nouvelles générations vont sans doute pointer les anomalies dans le dispositif de recueil des informations d’effets indésirables des médicaments.
La ministre de la Santé promet que la pharmacovigilance serait bientôt revue pour être plus efficiente. Marisol Touraine a annoncé également que le décret sur les liens d’intérêt entre les laboratoires pharmaceutiques et les médecins était à la signature.
Mais les patients en veulent plus. L’heure de la transparence a sonné. Mise en ligne ce jeudi et signée par personnalités du monde de la santé, des associations de consommateurs, des malades et des médecins, une pétition (1) réclame l’accès aux données santé, nous apprend Daniel Rosenweg dans le Parisien. Quel est le taux de réussite d’un hôpital pour telle ou telle technique, comment le médecin prescrit par rapport à ses confrères ou encore le prix des couronnes facturées par un dentiste, autant d’éléments qui pourraient éclairer les choix d’un patient. « Mais pour cela, note le journaliste, il faudrait notamment que l’assurance maladie autorise l’accès à ses bases de données au nom de l’accès de tous aux données publiques ». Or sa position, précise le quotidien, c’est d’attaquer en justice quiconque exploite ses informations.
Alors, les signataires de la pétition s’interrogent : « A l’heure où la défiance des citoyens vis-à-vis des autorités et des professionnels de santé est à son comble, comment admettre que le ministère s’entête à restreindre l’accès à ces données essentielles ? ». Contactés par le journal, ni le ministère de la Santé, ni l’assurance maladie n’a voulu répondre. Comme quoi la démocratie sanitaire, dont les acteurs vantent avec brio les mérites dans des colloques, a du mal à s’imposer en pratique.
(1) www.opendatasante.com
