Avant toute apparition de signes cliniques, il faut évoquer l’éventualité d’un cancer de l’ovaire dans un contexte familial avec un risque héréditaire, notamment chez les femmes de moins de 70 ans.
Si dans une même famille, on trouve plusieurs cas de cancers du sein, de l’ovaire, ou colorectaux, il est recommandé de surveiller la personne et de réaliser un test génétique pour rechercher des mutations dans les gènes BRCA1 et BRCA2.
Le cancer de l’ovaire est une maladie difficile à diagnostiquer précocement en raison de son évolution à bas bruit et de la rareté des signes cliniques spécifiques qui le caractérise.
• Il est souvent découvert de façon totalement fortuite par une échographie pelvienne réalisée pour une toute autre raison.
• Pour faire le diagnostic de cancer de l’ovaire, le médecin va commencer par un interrogatoire complet.
Tout d’abord, il va faire la liste des antécédents personnels et familiaux pour rechercher les cancers déjà survenus, qui pourraient constituer des facteurs de risque. Autres facteurs de risque à rechercher, l’exposition professionnelle ou non à l’amiante, la prise d’une hormonothérapie ou la consommation de tabac.
Le médecin va ensuite interroger sa malade sur les signes cliniques qu’elle ressent mais également essayer de l’aider à mettre des mots sur des signes qui lui paraissent anodins.
Enfin, le médecin va réaliser un examen clinique. Même si l’examen doit être complet et concerner toutes les parties du corps, les zones de l’abdomen et du bas ventre seront scrutées avec plus d’attention, si un cancer de l’ovaire est suspecté. Au niveau de l’abdomen, le médecin va procéder à une palpation du ventre pour repérer une masse ou une boule à travers la peau, pour évaluer une sensibilité inhabituelle, ou une extension à d’autres organes comme le foie. L’examen pelvien sera réalisé avec attention pour ne pas passer à coté d’une autre cause gynécologique qui pourrait expliquer les signes cliniques. Ainsi, les deux principaux gestes seront le toucher vaginal et l’examen au spéculum. Le toucher vaginal permet d’évaluer l’état de tension du vagin qui peut devenir très dur en réaction à un processus tumoral, et permet de découvrir au toucher une masse ou une voussure autre qu’au niveau des ovaires. Après l’introduction du spéculum, le médecin va visualiser l’état du col de l’utérus qui doit apparaître sain, et en cas de saignement, en préciser l’origine.
• Au terme de la consultation, le médecin étayera sa démarche diagnostique en demandant des examens complémentaires ou paracliniques (imagerie, biologie…) pour aller plus loin et lui apporter des réponses à ses questions.
L’examen essentiel pour faire le diagnostic de cancer de l’ovaire est l’échographie pelvienne ou abdomino-pelvienne.
Deux méthodes sont utilisables pour la réaliser : par voie trans-abdominale comme lorsque l’on regarde le bébé d’une femme enceinte, ou par voie trans-vaginale. L’examen par voie trans-vaginale peut être réalisé par un gynécologue ou un radiologue et consiste en l’introduction d’une sonde d’échographie dans le vagin. Cette technique particulière permet à l’opérateur de visualiser au mieux les organes du petit bassin et les différentes parties de l’appareil reproducteur en s’affranchissant des interférences liées aux gaz intestinaux lors de l’examen par voie trans-abdominale. Il sera ainsi plus facile de repérer une masse sur l’ovaire et de faire la distinction entre un kyste rempli de liquide et une tumeur solide.
En cas d’échographie douteuse, il est possible de passer une IRM pelvienne qui confirmera ou non une image évocatrice de cancer.
Il existe un marqueur sanguin tumoral à doser par une prise de sang au laboratoire. Son nom est le CA-125.
Bien qu’il ne soit pas spécifique aux tumeurs de l’ovaire, le CA-125 est utile pour surveiller la régression de la maladie après traitement.
Pour les femmes avec une forte suspicion d’hérédité, la prise de sang peut également servir à rechercher des mutations génétiques sur les gènes BRCA1 et BRCA2.
Le moyen de faire le diagnostic de certitude du cancer de l’ovaire est de réaliser une biopsie avec une analyse au laboratoire d’anatomo-pathologie. Cette biopsie pourra être effectuée, soit lors d’une opération chirurgicale exploratrice, soit surtout par cœlioscopie à l’aide d’un tube, d’une caméra et de deux petites incisions. La chirurgie ou la cœlioscopie peut être exploratoire ou curative en permettant le traitement du cancer pour aller retirer les organes atteints mais du fait de sa diffusion particulière, la chirurgie doit avoir pour objectif la résection complète et il vaut mieux faire une cœlioscopie exploratoire et un bilan complet avant de programmer une chirurgie. Les résultats de l’analyse des tissus détermineront la conduite à tenir du médecin pour proposer à son malade le meilleur traitement possible. En particulier dans les stade avancé, il est indispensable de rechercher une anomalie BRCA1 ou 2 qui est présente dans 50% des cas et orient différemment le traitement. Cette recherche se fat par analyse moléculaire dans des laboratoires spécialisés et doit être systématique d'après les dernières recommandations. Par ailleurs, l'analyse anatomo-pathologique des biopsies doit être relue dans un laboratoire de référence à la recherche de tumeurs rares (pas si rares) qui vont également nécessité un traitement particulier
En cas de cancer étendu avec métastase, il est recommandé de faire un « scanner thoraco-abdomino-pelvien » qui cible la poitrine, le ventre et le bas ventre, pour évaluer l’atteinte des autres organes comme les poumons ou le foie.
Il faut bien garder à l’esprit que toute masse ou tumeur présente sur l’ovaire n’est pas forcément un cancer. La lésion peut être tout à fait bénigne (kyste ou adénome) et peut ne nécessiter aucun traitement ou juste une surveillance. Mais lorsqu’il s’agit effectivement d’un cancer, il faut agir rapidement pour éviter que la situation empire.
De même, tout saignement anormal ou inhabituel du vagin ne doit pas rester inexploré et doit être signalé au gynécologue ou médecin traitant.