Comment diagnostiquer une leucémie lymphoïde chronique?
Pour établir le diagnostic, le médecin réalise dans un premier temps un examen clinique. Puis, il demande toujours une prise de sang, pour réaliser une « numération-formule-sanguine » (ou NFS) : c’est l’examen qui permet de mesurer la quantité des différentes cellules sanguines, dont les lymphocytes.
La NFS est complétée par un « frottis sanguin » qui consiste à étaler une goutte de sang sur une lame de verre, puis à le fixer et le colorer. La lame est ensuite observée au microscope. Cet examen va permettre l’analyse morphologique de ces lymphocytes : la présence persistante depuis plus de 3 mois de lymphocytes matures et trop nombreux dans le sang permet d’évoquer le diagnostic de LLC.
Pour confirmer ce diagnostic, un « immunophénotypage » des lymphocytes sanguins est réalisé. C’est un examen du sang qui permet d’obtenir le décompte des lymphocytes B et de détecter des marqueurs précis situés sur leur membrane de surface qui sont caractéristiques de la LLC. C’est l’examen de référence qui permet de poser le diagnostic de LLC et d’éliminer d’autres maladies qui y ressemblent.
Comment classe-t-on une LLC ?
Les 2 systèmes de stadification de la leucémie lymphoïde chronique sont la classification de Rai et la classification de Binet. Les 2 systèmes se basent sur le nombre de lymphocytes, de globules rouges et de plaquettes dans le sang et la moelle osseuse. En France, la classification de Binet est la plus utilisée.
Classification de Binet | |||
Stade | Catégorie de risque | Stade de Rai | Caractéristiques |
A | Risque faible | 0, I et II | Le nombre de globules rouges et de plaquettes est normal. |
B | Risque moyen | 0, I et II | Le nombre de globules rouges et de plaquettes est normal. |
C | Risque élevé | III et IV | Le nombre de globules rouges et/ou de plaquettes est bas. |
Lorsque qu’un traitement est envisagé, au-delà de la classification de Binet, il est nécessaire de réaliser un « caryotype des lymphocytes sanguins », complété par un « test moléculaire ». Ces examens sont réalisés sur une prise de sang afin d’analyser les chromosomes (nombre et structure), puis de rechercher des anomalies génétiques (délétion, mutation…). Cette analyse permet par exemple de rechercher l’anomalie moléculaire appelée « délétion 17p ». Ces examens sont réalisés pour orienter la prescription de certaines thérapies ciblées.
Des examens sont également réalisés à la recherche d’éventuels signes de complications provoqués par la maladie. L’électrophorèse des protéines sériques est l’examen du sang qui permet d’identifier et de séparer les protéines du sang en fonction de leur différence de charge électrique. Cette analyse permet de repérer une diminution de certains anticorps (« hypogammaglobulinémie ») pouvant causer des complications infectieuses ou une « immunoglobuline monoclonale », c’est-à-dire un pic de protéines qui témoigne d’un clone de cellules évoluant de manière dangereuse. Un « bilan d’hémolyse » (lyse des globules rouges d’origine le plus souvent auto-immune) est également effectué. Réalisé sur une prise de sang, cet examen permet de savoir s’il y a une destruction des globules rouges, qui est une complication de la LLC.
Comment les médecins évaluent le pronostic d’une LLC ?
Différents éléments sont les facteurs pronostiques pour la leucémie lymphoïde chronique, mais aucun ne permet à lui seul de déterminer le pronostic exact de la maladie.
Les personnes très âgées ont un pronostic moins favorable et l'homme a un pronostic moins favorable que la femme.
Le stade de la classification de Binet bas lors du diagnostic donne un pronostic plus favorable.
La présence de cellules leucémiques plus dispersées (« aspect diffus ») correspond à un facteur pronostique moins favorable. La présence de cellules leucémiques en petits amas (« aspect nodulaire ») ou entre les cellules normales (aspect interstitiel) correspond à un facteur pronostique plus favorable.
La délétion d'une partie du chromosome 13, sans aucune autre anomalie chromosomique, est un facteur pronostique plus favorable. La délétion de parties du chromosome 11 ou du chromosome 17 est un facteur pronostique moins favorable.
Les cellules de la LLC qui présentent un changement (« mutation ») dans le gène IGHV (gène variable des chaînes lourdes des immunoglobulines) engendrent un pronostic plus favorable.
Le « prolymphocyte » est une forme précoce du lymphocyte et un nombre élevé de prolymphocytes dans le sang est appelé « transformation prolymphocytaire » qui est associée à un pronostic moins favorable.
Le temps de doublement des lymphocytes est le temps nécessaire pour que le nombre de lymphocytes double. Un temps de doublement des lymphocytes supérieur à 6 mois correspond à un facteur pronostique plus favorable.
Les régions du système lymphatique sont la rate, le foie et les ganglions lymphatiques du cou, des aisselles et des aines. Un nombre peu élevé de régions de tissu lymphatique atteintes par la LLC est considéré comme un facteur pronostique plus favorable.
Un taux sanguin peu élevé de bêta 2-microglobuline, un nombre peu élevé de cellules de la LLC exprimant la protéine CD38 (classe de différenciation 38) ou ZAP-70 (protéine 70 associée à la chaîne zêta) sont associés à un pronostic plus favorable.
Le « syndrome de Richter », apparaît quand la LLC se transforme en lymphome non hodgkinien agressif, habituellement un « lymphome diffus à grandes cellules B » (LDGCB). Le syndrome de Richter est un facteur pronostique moins favorable.