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Cancer du foie : un diagnostic souvent trop tardif

Cancer du foie : un diagnostic souvent trop tardif

Cancer du foie : un diagnostic souvent trop tardif
magicmine/istock
Publié le 21.09.2022
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Cancer du foie : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer un cancer du foie ?

Lorsqu’un cancer du foie apparaît, c’est le plus souvent sur un foie déjà malade, généralement en raison d’une cirrhose alcoolique ou d’une cirrhose secondaire à une hépatite virale. La découverte d’un cancer du foie se fait alors fréquemment lors du suivi de la maladie initiale du foie.
Le cancer du foie peut également être découvert chez une personne en bonne santé, mais les signes de la maladie sont alors le plus souvent tardifs et peu spécifiques du cancer : douleurs du ventre, surtout si elles irradient à l’épaule droite, un renflement sous les côtes à droite, des nausées et des vomissements, une perte d’appétit, une sensation de « trop manger », même après un repas léger, une diarrhée, une constipation, une perte de poids ou à l’inverse une prise de poids avec un gonflement de l’abdomen (« ascite »), un œdème des pieds et des jambes, une fatigue avec une faiblesse.

Comment diagnostiquer un cancer du foie ?

En général, le diagnostic de cancer du foie débute lorsqu’un examen révèle que le foie pourrait avoir un problème.
Le médecin questionnera la personne sur les signes ressentis et effectuera un examen clinique. Il posera également de nombreuses questions sur les antécédents médicaux (cirrhose, infection au virus de l’hépatite B ou C, consommation d’alcool, tabagisme, métier…).
En se basant sur cet examen initial, il va adresser la personne à un spécialiste ou prescrire des examens afin de vérifier la présence d’un cancer du foie. Cette période de diagnostic peut sembler longue et inquiétante, mais il ne faut pas oublier que d’autres maladies peuvent causer des signes très semblables à ceux du cancer du foie. Il est donc important que le médecin élimine toute autre cause possible avant de poser un diagnostic de cancer du foie.
De nombreux examens complémentaires permettent de poser un diagnostic de cancer et ils permettent également d’en déterminer « le stade », c’est-à-dire l’étendue de la progression de la maladie.
Les prises de sang permettent de mesurer le taux de certaines substances chimiques dans le sang. Les tests de la fonction hépatique (ou « bilan hépatique ») sont un ensemble d’analyses biochimiques sanguines qu’on prescrit souvent ensemble. Bien qu’ils ne permettent pas de diagnostiquer le cancer du foie, ils peuvent indiquer au médecin qu’il pourrait y avoir un problème avec le foie. Les phosphatases alcalines sont des enzymes, c’est-à-dire des protéines qui accélèrent certaines réactions chimiques dans le corps. Elles sont sécrétées par le foie et d’autres tissus, mais un taux élevé de phosphatases alcalines peut être un signe que le foie est endommagé. L’alanine aminotransférase (ALAT) ou SGPT est une enzyme que l’on détecte dans le foie et les reins. On mesure souvent un taux élevé d’ALAT dans le sang avant même l’apparition de signes dus à des dommages au foie. L’aspartate transaminase (ASAT) ou SGOT est une enzyme que l’on détecte dans les cellules du foie, des muscles et du cœur. Quand les cellules du foie ou du cœur sont endommagées, elles libèrent aussi du SGOT dans le sang. Le temps de céphaline (TC) est une mesure du temps que prend un prélèvement de sang pour former un caillot dans une éprouvette quand on lui ajoute certains produits chimiques. Le temps de coagulation est très dépendant des protéines de la coagulation qui sont fabriquées par le foie.
D’autres analyses biochimiques sanguines peuvent être effectuées pour savoir si le foie est malade. La « glycémie » est une mesure de la quantité de glucose (sucre) dans le sang. Le foie libère du glucose dans le sang pour maintenir une glycémie normale. Un faible taux de glucose dans le sang (« hypoglycémie ») peut indiquer que le foie est endommagé.
Une échographie du foie et des voies biliaires utilise des ondes sonores de haute fréquence pour produire des images des structures du foie et on s’en sert pour vérifier si le foie est plus gros que la normale ou s’il a épaissi, ou encore pour déterminer si une masse qui se trouve dans le foie est une tumeur solide ou si elle est remplie de liquide (comme un kyste). L’échographie peut être complétée à une échographie abdominale afin de voir s’il y a des ganglions et des métastases.
Les médecins peuvent aussi utiliser l’échographie pour les guider vers la tumeur du foie lors d’une biopsie. Lors d’une biopsie, le médecin prélève des morceaux de foie afin de les analyser en laboratoire. Le rapport issu du laboratoire confirme la présence ou l’absence de cellules cancéreuses dans la biopsie.
Les médecins utilisent aussi le scanner ou l’IRM pour obtenir des renseignements plus précis sur la taille, la forme et l’emplacement de la tumeur, pour décider si la tumeur hépatique peut être enlevée par une chirurgie ainsi que pour détecter des signes de propagation du cancer aux organes voisins. Un scanner du thorax, de l’abdomen et du pelvis permet de confirmer le diagnostic de cancer du foie évoqué par les résultats de l'échographie. Il permet également de repérer d'autres nodules et d’éventuelles extensions de la tumeur sur d’autres organes (ganglion, os, poumon, glande surrénale, péritoine). Une IRM peut aussi être effectuée en complément du scanner. L’IRM donne des images précises de la tumeur et permet de voir une éventuelle extension vers les vaisseaux sanguins du foie.
Il est habituel de demander une radiographie pulmonaire pour savoir si le cancer du foie s’est propagé aux poumons, mais le scanner est plus précis. Dans certains cas, une scintigraphie osseuse et des radiographies osseuses peuvent être nécessaires pour rechercher une propagation du cancer du foie au os.
Les marqueurs tumoraux sont des substances que l’on trouve dans le sang, les tissus et liquides prélevés du corps. Un taux anormal d’un marqueur tumoral peut signifier qu’une personne est atteinte d’un cancer du foie. On effectue également un dosage des marqueurs tumoraux pour évaluer la réaction au traitement du cancer. Il peut aussi servir à diagnostiquer le cancer du foie. Par le passé, le marqueur tumoral utilisé dans le cas du cancer du foie était « l’alpha-fœtoprotéine » (AFP). De récentes recherches ont montré que le taux d’AFP peut aussi être plus élevé que la normale en présence d’autres types de cancer, dont le cancer des canaux biliaires intra-hépatiques. Puisque cette analyse ne permet pas de déceler spécifiquement le carcinome hépatocellulaire, les médecins ne la recommandent plus en tant qu’épreuve diagnostique du cancer du foie.

Avec quoi peut-on confondre un cancer du foie ?

• Une tumeur non cancéreuse, ou « bénigne », du foie est une masse qui ne se propage pas à d’autres parties du corps (pas de métastases). Les tumeurs non cancéreuses ne mettent habituellement pas la vie en danger. « L’hémangiome » est composé de vaisseaux sanguins anormaux et il s’agit de la tumeur non cancéreuse du foie la plus courante « L’hyperplasie nodulaire focale » est la deuxième tumeur non cancéreuse du foie la plus courante. « L’adénome hépatique » est rare et peut se présenter sous la forme d’une seule tumeur ou de nombreuses tumeurs réparties dans l’ensemble du foie. Il survient plus fréquemment chez les femmes en âge de procréer et chez les femmes qui prennent des contraceptifs oraux avec des doses élevées d’œstrogène. Le risque d’adénome hépatique est aujourd’hui moins élevé, car la dose d’œstrogène dans les contraceptifs oraux est moins grande. Le « cystadénome hépatique » est un type très rare de tumeur non cancéreuse du foie qui survient plus souvent chez les femmes. On observe souvent cette tumeur dans plusieurs régions du foie (tumeur « multifocale ») et il peut devenir cancéreux, (ou « malin ») s’il est de très grande taille. C’est pourquoi les médecins effectuent une chirurgie pour retirer cette tumeur.
• Les « kystes hépatiques » sont des sacs remplis d’une substance liquide ou semi-liquide. Ils peuvent être là dès la naissance (kystes « congénitaux ») ou apparaître plus tard. La plupart des kystes grossissent très lentement et occasionnent rarement des problèmes. Les médecins peuvent les drainer ou pratiquer une chirurgie pour les enlever s’ils provoquent une gêne, comme de la douleur.

Comment classer un cancer du foie ?

La classification BCLC (Barcelona Clinic Liver Cancer) est le système de stadification le plus reconnu et le plus utilisé dans le cas du carcinome hépatocellulaire.
Cette classification BCLC tient compte de la classification de Child-Pugh (qui mesure le degré d’atteinte hépatique due à une cirrhose), des caractéristiques de la tumeur (y compris le nombre de tumeurs présentes dans le foie), de leur taille, de la présence de signes et des localisations où le cancer s’est propagé et, enfin, de l’indice fonctionnel, qui est une mesure de la capacité d’une personne à effectuer des tâches courantes et ses activités quotidiennes. Ce dernier est déterminé à l’aide de l’échelle du Eastern Cooperative Oncology Group (ECOG) (plus le score d’une personne est élevé, plus elle a de difficulté à effectuer ses activités quotidiennes).
 

Stade
BCLC

Score de Child-Pugh

Caractéristiques de la tumeur

Score ECOG

0
(très précoce)

A

On observe 1 seule tumeur de 2 cm ou moins qui ne cause aucun signe. La tumeur n’a pas envahi les vaisseaux sanguins.

0

A
(précoce)

A ou B

On observe jusqu’à 3 tumeurs qui mesurent toutes moins de 3 cm et ne causent aucun signe.

0

B
(intermédiaire)

A ou B

On observe des tumeurs dans plusieurs régions du foie (maladie multifocale), mais elles ne causent aucun signe.

0

C
(avancé)

A ou B

La tumeur (ou les tumeurs) ont envahi les vaisseaux sanguins ou le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps. La tumeur ou les tumeurs causent des signes.

1 ou 2

D
(terminal)

C

On observe 1 ou plusieurs tumeurs dans le foie qui peuvent être de n’importe quelle taille et causent des signes. Les tumeurs peuvent avoir envahi les vaisseaux sanguins ou le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps.

3 ou 4

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