Des mots pour les maux
L’insuffisance cardiaque est une maladie due à l’incapacité progressive du muscle cardiaque à assurer son rôle de pompe pour propulser du sang dans l’organisme, en particulier lors de l'effort initialement. Elle peut survenir dans l’évolution de différentes maladies comme un infarctus du myocarde (coronaropathie), une hypertension artérielle (HTA), un rétrécissement des orifices du cœur (valvulopathie), un trouble du rythme ou en raison d’une maladie du muscle cardiaque (cardiomyopathie).
Du fait du grand nombre de maladies du système cardiovasculaire comme causes de l’insuffisance cardiaque, la fréquence de cette maladie augmente naturellement avec l’âge.Qu'est-ce que l'insuffisance cardiaque ?
Le cœur est une pompe musculaire qui est normalement chargé d’assurer la circulation sanguine. Il y a un cœur droit et un cœur gauche. Le cœur gauche est chargé d’assurer l’apport de sang riche en oxygène et en substances nutritives aux différents organes du corps (cerveau, muscles, foie, poumon, reins…). Le cœur droit est chargé d’envoyer le sang d’origine veineuse dans les poumons pour qu’il s’y oxygène.
Le cœur bat donc de façon synchronisée en permanence, mais son débit n’est pas constant. Lors de l’exercice physique par exemple, les muscles consomment plus d’oxygène et plus d’énergie. Pour assurer l’apport de sang dans ce type de situation, le cœur est habitué à compenser en augmentant son débit et en battant plus vite et plus fort.
On parle d’insuffisance cardiaque lorsque le muscle cardiaque perd sa force musculaire et sa capacité de contraction normale : il ne pompe plus suffisamment de sang pour permettre aux organes de recevoir assez d'oxygène et d'éléments nutritifs.
Dans un premier temps, le cœur tente de s'adapter à sa faiblesse de contraction en accélérant ses battements (la fréquence cardiaque qui est mesurée sur le pouls), puis il augmente de volume (épaississement des parois ou dilatation des cavités cardiaques). Et ce surcroît de travail finit par aggraver la maladie du cœur : l’hypertrophie des parois musculaires perturbe le remplissage du cœur et diminue ses capacités à compenser. Arrive un stade où le cœur n'est plus capable d'assurer un débit de sang suffisant pour couvrir les besoins du corps en oxygène, d'abord en cas d'effort, puis même au repos.
En cas de rétrécissement des orifices du cœur (les valves), le cœur va devoir fournir plus d'efforts pour remplir, faire passer le sang à travers cet orifice rétrécit et assurer sa fonction de pompe, ce qui peut entraîner, à la longue, des modifications physiologiques, par exemple un épaississement des parois des ventricules (hypertrophie).
L'insuffisance cardiaque gêne aussi le retour veineux dans le cœur droit. Elle ralentit la circulation et entraîne une accumulation du sang dans les vaisseaux. Ceci augmente la pression sur leurs parois, provoque un passage de liquide vers les tissus et, au final, l’apparition d'œdèmes. Ces œdèmes prédominent le soir dans les membres inférieurs et le matin, au visage.
Dans le même temps, le rein fonctionne moins bien et élimine moins de sel et d'eau dans les urines, ce qui va aggraver les œdèmes.
Quelles sont les causes de l'insuffisance cardiaque ?
Même si sa fréquence augmente avec l’âge, l'insuffisance cardiaque n'est pas une maladie du vieillard. Elle peut aussi être une maladie de l'enfant et de la femme enceinte.
Elle est le résultat d’affections cardiaques parmi lesquelles on distingue les cardiomyopathies (maladies du muscle cardiaque), les maladies des artères nourricières du cœur (coronaropathies), les troubles du rythme du cœur (qui perturbent la contraction efficace du muscle cardiaque), les maladies du poumon, qui peuvent gêner la circulation du sang (ce qui se répercute sur le fonctionnement du cœur droit avec une surcharge générale de pression dans le système cardiovasculaire), et enfin, des maladies des valves cardiaques. Empêchant le recul du sang entre oreillettes et ventricules et entre ces derniers et les artères (aorte et artère pulmonaire), ces clapets peuvent s’altérer, ce qui aboutit à un rétrécissement qui freine le passage du sang ou, au contraire, ne plus être suffisamment étanches au bon moment, entraînant un reflux du sang en sens inverse. Dans tous les cas, les maladies des valves (valvulopathies) obligent le muscle cardiaque à augmenter ses efforts pour assurer sa fonction. D'autres maladies plus rares sont à l'origine d'une altération de la fonction musculaire liée à une cardiomyopathie, soit familiale (génétique), soit liée à une myocardite grave en rapport avec une infection virale, soit déclenchée par différents toxiques, dont la consommation excessive d'alcool.
Les médecins essayent de regrouper les causes de l’insuffisance cardiaque en différents mécanismes cohérents. Le premier grand cadre est celui de l’insuffisance cardiaque diastolique. Il s’agit d’une insuffisance de remplissage cardiaque. Elle est la conséquence d'un muscle cardiaque épaissi, rigidifié avec une réduction du volume de sang, donc d'oxygène et des autres substances nutritives qu'il transporte vers l'organisme.
La première cause de l'insuffisance cardiaque diastolique est l'hypertension artérielle, maladie souvent sans signe apparent (on la surnomme le « tueur silencieux »). Mal ou non traitée, elle se manifeste à la longue par un épaississement du muscle cardiaque, en raison de la forte pression des artères à laquelle il s’est heurté pendant des années : il a dû « pousser plus fort » pour maintenir un débit suffisant.
Un rétrécissement de la valve aortique, entre le ventricule gauche et l'artère aorte, est une autre cause de l'insuffisance cardiaque diastolique. Avec l'âge, cette valve peut se calcifier et devenir un obstacle au libre passage du sang, obligeant le cœur à lutter pour forcer le passage, conduisant à l'épaississement du muscle cardiaque et la réduction de sa puissance.
Le deuxième grand cadre est celui de l’insuffisance cardiaque systolique qui correspond à l'insuffisance de l'éjection cardiaque, généralement révélatrice d’une diminution de puissance de contraction du ventricule gauche.
Un défaut d'irrigation du muscle représente la première explication connue de l'insuffisance cardiaque systolique. Les artères coronaires qui nourrissent le cœur n'assurent plus le transport du sang, soit parce qu'elles sont rétrécies (angine de poitrine), soit parce qu'elles se sont bouchées brutalement (situation d'urgence de l'infarctus du myocarde). Une atteinte musculaire secondaire à une infection virale des cellules cardiaques peut également être à l'origine de l'insuffisance systolique.
Certaines maladies du muscle cardiaque peuvent être d'origine génétique, suite à la mutation d'un gêne spécifique, telle la « cardiomyopathie hypertrophique familiale ». Selon son type, l'apparition de la maladie peut être plus ou moins tardive, de la petite enfance à l'âge adulte, même si le gêne mutant est présent dès la naissance.
Certains médicaments anti-cancéreux ou la radiothérapie sur la région du thorax peuvent rarement être à l’origine de problèmes cardiaques. Une maladie des glandes endocrines, comme l’hyperthyroïdie, une consommation excessive d’alcool ou de drogues peuvent également être à l’origine d’une insuffisance cardiaque.
Dans un certain nombre de cas, on ne trouve pas d'explication à cet affaiblissement et l'on parlera alors de cardiomyopathie dilatée idiopathique.
Quels sont les signes de l'insuffisance cardiaque ?
L'essoufflement est souvent le premier signe apparent de l'insuffisance cardiaque : il s’agit d'abord d’une difficulté à respirer à l’effort. Liée à l’accumulation de sang dans les poumons (en amont du cœur gauche), elle est ressentie comme un inconfort respiratoire, puis comme un véritable essoufflement à l'effort (la dyspnée d’effort). Celui-ci va progressivement s’aggraver, survenant pour des efforts de moins en moins importants et, enfin, se manifester même au repos (dyspnée de repos). Le fait d'être essoufflé quand on est allongé ("orthopnée") est un signe d'aggravation majeure. Cet essoufflement « en décubitus » impose une consultation d'urgence, voire un appel au 15 (dyspnée de décubitus). Le fait de ne pouvoir se coucher qu’avec 2 voire 3 oreillers est un équivalent symptomatique.
La fatigue à l’effort est le deuxième signe de l'insuffisance cardiaque. Elle est ressentie même lors d’un petit effort. Cette fatigabilité est due au déficit d'irrigation des muscles par le sang, qui ne reçoivent donc pas un apport normal en énergie (sucre et oxygène).
Le gonflement de certaines parties du corps (jambes, foie, veines du cou), gorgées d'œdèmes, est le troisième signe alarmant. Les œdèmes des jambes sont blancs, déclives et prennent la marque des chaussettes ou des doigts de façon importante.
Enfin, une prise de poids importante et rapide de l'ordre d'un kilo par jour est un signe particulièrement alarmant, qui traduit l’accumulation de liquide dans le corps et une poussée aiguë d'insuffisance cardiaque.
D'autres signes peuvent évoquer la maladie, comme des palpitations, battements forts dans la poitrine dus au travail excessif accompli par le cœur, ou une baisse de tension, concomitante à une réduction de la capacité d'éjection du muscle cardiaque, ainsi que des troubles de la mémoire ou de la libido.