Quand doit-on évoquer une insuffisance cardiaque ?
En présence d’un essoufflement associé à une fatigabilité à l’effort et à des œdèmes des membres inférieurs, du visage ou des mains et une prise de poids, le tableau est suffisamment évocateur pour réaliser des examens qui vont permettre de poser le diagnostic d’insuffisance cardiaque, d’en rechercher la cause et les maladies associées pouvant l’aggraver. Une prise en charge adaptée permettra de ralentir l’évolution et de prévenir les décompensations aiguës.
Une toux ou un essoufflement survenant en position allongée, surtout la nuit, peuvent être associés.
D'autres signes peuvent apparaître comme des battements du cœur plus rapides (palpitations), une douleur au niveau du foie. La douleur se ressent sous les côtes droites et s’accompagne généralement d’un gonflement des veines du cou (veines jugulaires). Elle s'explique par une augmentation de volume du foie liée à la stagnation du sang et par un manque d'oxygène des cellules du foie.
Chez les personnes âgées, les signes peuvent être moins évocateurs : confusion ou désorientation, comportement anormal, chutes, perte d’autonomie, prise de poids rapide et non expliquée.
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Comment faire le diagnostic de l'insuffisance cardiaque ?
La consultation chez le médecin est indispensable pour le diagnostic de la maladie et l’évaluation de son pronostic. La description des maladies dont souffre le malade (HTA, insuffisance coronaire…) et la famille, l’énumération des signes ressentis doit être très complète, de même que l’examen par le médecin.
Le médecin réalisera un examen cardiovasculaire complet avec prise de tension artérielle, auscultation du cœur, évaluation du pouls, palpation du foie et observation des jambes et des veines du cou.
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Il pourra ensuite prescrire les examens indispensables.
Une radiographie thoracique, renseigne sur la taille du cœur (cœur augmenté de volume ou cardiomégalie) et une anomalie éventuelle des poumons (épanchement pleural...).
L’électrocardiogramme est habituel pour rechercher un trouble du rythme ou des anomalies liées à l'insuffisance cardiaque et à la maladie cardiaque en cause (par exemple, séquelles d'infarctus du myocarde), mais l'échocardiographie est l'examen clé de l'insuffisance cardiaque.
Non invasive, indolore et sans effet secondaire, l’échocardiographie permet d'évaluer la fonction du muscle cardiaque et la cinétique du cœur lui-même : elle apprécie donc au mieux le remplissage et l'éjection du sang, ainsi que le travail des valves, la forme des cavités cardiaques (oreillettes et ventricules). Elle renseigne tout particulièrement sur la capacité de remplissage et de contraction du cœur et surtout du ventricule gauche chargé (qui est tout particulièrement chargé d'envoyer le sang dans l'organisme).
Cette mesure est appelée « fraction d'éjection du ventricule gauche » (ou FEVG). S’exprimant en pourcentage de la normale, elle permet de qualifier l'insuffisance cardiaque.
D’autres examens peuvent être demandés en fonction de la cause de l’insuffisance cardiaque suspectée par le médecin : une coronarographie (radiographie des coronaires, artères du muscle du cœur), un cathétérisme cardiaque (pour mesurer la pression dans les cavités du cœur) et un test d'effort (électrocardiogramme d'effort), qui permettra de mesurer exactement l'intensité de l'effort que le cœur est capable d'accomplir. Il est surtout demandé chez les personnes jeunes.
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Ce bilan médical permet au médecin de confirmer le diagnostic d'insuffisance cardiaque et d'en évaluer la gravité. Le médecin recherchera également des facteurs qui aggravent la maladie (par exemple, une consommation excessive d'alcool), ainsi que les facteurs qui aggravent le risque cardiovasculaire et ceux pouvant aggraver l'insuffisance cardiaque (anomalies des graisses dans le sang, tabagisme, diabète, hypertension artérielle, obésité…). Le médecin complète le bilan par la recherche d’une dénutrition, d’une maladie rénale chronique et d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil, qui peuvent aggraver la maladie.
La classification NYHA (New York Heart Association), en 4 classes de gravité croissante, est fréquemment utilisée pour quantifier et surveiller le retentissement fonctionnel de l'insuffisance cardiaque pour un même individu
Quelle est l’évolution de l'insuffisance cardiaque ?
Au début de l’insuffisance cardiaque, le malade ne se plaint pas de signes ou de signes mineurs comme un essoufflement à l’effort plus important que celui des gens du même âge (en montant les escaliers ou en faisant du sport).
Ensuite, peuvent apparaître une fatigue, des palpitations et un essoufflement lors des activités habituelles.
Si rien n’est fait, cet essoufflement va apparaître à l’occasion d’activités de moins en moins importantes et enfin au repos. La qualité de vie devient de moins en moins bonne.
Le risque alors est la décompensation aiguë de l’insuffisance cardiaque qui nécessitera une hospitalisation et sera elle-même un facteur d’aggravation. Elle se manifeste par la survenue brutale d’une respiration rapide, avec crachats mousseux et blancs, sueurs, essoufflement majeur soulagé par la position assise : c’est ce que l’on appelle un œdème aigu du poumon (OAP). Si le malade n’est pas hospitalisé en urgence peut apparaître une baisse de la pression artérielle basse avec extrémités froides, marbrures et confusion.
Pour prévenir les épisodes de décompensation, toute aggravation doit conduire le malade à consulter son médecin rapidement afin que celui-ci puisse instaurer ou adapter rapidement son traitement. Il est, en effet, possible de ralentir l'évolution de l’insuffisance cardiaque avec un traitement adapté et bien surveillé, ainsi que le respect de règles d’hygiène de vie assez simples.