La scoliose est une déformation fixe (ou permanente) de la colonne vertébrale (le « rachis » pour les médecins). Elle peut n’avoir aucune cause connue (scoliose « idiopathique », peut-être génétique) ou être secondaire à un problème médical (neurologique, musculaire, malformation). La gibbosité, ou « bosse », est la manifestation la plus apparente de la déformation du haut du dos. L'attitude scoliotique est à distinguer de la scoliose : on parle d'attitude scoliotique quand la déviation de la colonne vertébrale est réductible, le plus souvent en position couchée.
La scoliose est une déviation permanente de la colonne vertébrale et celle-ci peut se produire dans les 3 plans de l’espace : déviation de la colonne dans le plan frontal (déviations vers la droite et/ou la gauche), rotation des vertèbres dans le plan horizontal, et inversion de la cambrure lombaire (perte de la lordose physiologique et accentuation de la cyphose dorsale) dans le plan sagittal.
Du fait de la rotation des vertèbres, les côtes d’un hémi-thorax vont faire saillie d’un côté, ce qui va entraîner une « gibbosité », en particulier au niveau de la colonne dorsale (déformation du haut du dos en forme de « bosse »).
La scoliose apparaît surtout pendant l’enfance et l’adolescence, et en particulier chez les pettes filles, mais peut aussi se déclarer à l’âge adulte. Une scoliose n'est jamais due à une mauvaise posture de l’enfant, mais elle est parfois la conséquence d’une autre maladie neuromusculaire ou d’une malformation vertébrale. Il existe un caractère familial à cette maladie ce qui fait évoquer une cause génétique pour certaines « scolioses idiopathiques » et, de fait, certains gènes ont été associés à cette forme de scoliose.
Il ne faut jamais la négliger et il faut toujours la rechercher car, à condition d’être dépistée précocement, dans l’enfance et l’adolescence, une scoliose peut être stabilisée ou son évolution très fortement réduite par un traitement adapté. Ce traitement sera basé sur de la kinésithérapie (« rééducation ») et le port d’un corset pendant quelques années pour les déformations déjà importantes. Ceci évitera les déviations trop importantes, voire la chirurgie.
Le plus souvent, la scoliose apparaît sans cause connue, pendant l’enfance ou l’adolescence, et elle s’accentue progressivement au cours de la croissance : c’est ce que l’on appelle la « scoliose idiopathique ». Le caractère familial de plus du tiers des scolioses idiopathiques (36 %) a amené les médecins à rechercher une cause génétique.
Plusieurs gènes ont été soupçonnés de causer une scoliose au sein de différentes populations, mais le gène en cause dans la forme familiale restait inconnu. Des chercheurs ont analysé le génome d’une famille française dont plusieurs membres souffrent de scoliose idiopathique et ils ont identifié un variant du gène POC5. L’équipe a ensuite prouvé sur une expérience animale que cette variation génétique entraîne une déformation de la colonne vertébrale, dès le stade embryonnaire. La protéine exprimée par le gène est très présente au niveau du cerveau.
Dans certains cas, la scoliose est secondaire à une maladie neuromusculaire (neurofibromatose, maladie de Marfan, syndrome d’Ehlers-Danlos), à une maladie osseuse (touchant notamment les vertèbres) ou à une malformation de naissance (scoliose « secondaire »).
Chez l’adulte, certaines scolioses idiopathiques apparues dans l’enfance peuvent continuer à progresser à l’âge adulte, notamment après la ménopause chez les femmes. Dans ce cas, elle est aggravée par la dégénérescence des disques entre les vertèbres (discarthrose) ou par une déformation des vertèbres dans le cadre d’une ostéoporose. Mais, le plus souvent, la scoliose évolutive de l’adulte est secondaire à une affection neuromusculaire ou une maladie osseuse.
La scoliose idiopathique se développe progressivement au cours de la croissance chez un enfant (ou un adolescent) qui ne se plaint le plus souvent de rien. C’est pourquoi une inspection systématique du dos par les parents est recommandée une fois par an chez les enfants et adolescents. En effet, la détection la plus précoce possible de la scoliose est essentielle pour éviter les déformations importantes.
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Le dépistage se pratique devant un enfant, ou un adolescent, debout et penché en avant, les bras pendant, la tête baissée et les jambes tendues. Toute asymétrie de longueur des membres inférieurs, détectée en particulier sur une asymétrie au niveau du bassin et des crêtes iliaques, doit être compensée.
Le parent se place à la tête de l’enfant et regarde le dos pour rechercher une déformation du dos, d’un côté ou de l’autre, ce qui produit une sorte de bosse (« gibbosité ») dans le haut du thorax (ou plus rarement au niveau des vertèbres lombaires) : l’un des côtés du dos est plus haut que l’autre. Un film de la fondation Yves Cotrel permet de mieux comprendre cette méthode de dépistage : https://www.youtube.com/watch?v=Z2Yi_skqhGQ
Dans les formes dont le diagnostic est trop tardif, la scoliose peut se présenter comme une asymétrie de hauteur des épaules (avec l'une des omoplates plus saillante que l'autre), une tête non centrée par rapport au bassin, une proéminence des côtes d’un côté dans la position penchée en avant qui forme une « bosse », voire une inclinaison de tout le corps d'un côté.
La scoliose de l’adulte est parfois responsable de douleurs du dos (« dorsalgies ») ou de lombaires (« lombalgies »). Un examen médical est alors nécessaire afin de comprendre l’origine de la douleur.
La scoliose structurale idiopathique se développe habituellement après la petite enfance, avant la puberté, et pendant l’adolescence et la phase pubertaire.
La scoliose va le plus souvent s’aggraver avec la croissance et c’est pendant cette période de croissance pubertaire qu’il faut absolument la prendre en charge. A l’âge adulte, l’évolution est généralement nulle, et on dit que la scoliose est stable, sauf après la ménopause chez la femme. Cependant, elle peut parfois encore évoluer, mais de façon plus lente qu’à l’adolescence.
Enfin, pour les femmes, la scoliose s’aggrave parfois après la ménopause (surtout si elle touche la zone lombaire). Durant cette période, un déficit en hormones sexuelles, indispensable à la fabrication de l’os fragilise l’os : c’est l’ostéoporose. La maladie ostéoporotique peut favoriser l’aggravation de déformations des vertèbres (fracture ostéoporotique brutale ou « lente » liée à baisse de la résistance osseuse aux forces de compression).
Le principal risque de la scoliose est la progression de la déformation de la colonne vertébrale et l’aggravation d’une gêne ressentie qui, d’esthétique, va virer au handicap (« gêne fonctionnelle »).
C’est avec les scolioses les plus sévères que les conséquences sont les plus importantes à long terme : gêne ou insuffisance respiratoire, en rapport avec une diminution du volume du poumon (capacité vitale), en particulier pour les scolioses dont l’angle de Cobb dépasse 90°, douleurs fréquentes de la colonne vertébrale (dorsalgies et/ou lombalgies), apparition de sciatiques, gêne dans la vie quotidienne et professionnelle.
Chez l’enfant, il ne faut jamais négliger le retentissement psychologique secondaire à l'atteinte de l'image corporelle (déformation vertébrale, corset). Il faut en particulier dire à l’enfant que le corset n’est pas éternel, qu’il peut le retirer pour faire du sport et qu’il deviendra de moins en moins contraignant et de plus en plus léger, au fur et à mesure de l’amélioration de la scoliose.
Chez le sujet âgé, les principaux risques sont liés à la souffrance des constituants de la colonne vertébrale en rapport avec l’importance des contraintes mécaniques et apparition d'une arthrose qui va compliquer la scoliose : dégénérescence des disques entre les vertèbres, avec « discarthrose » secondaire, déstabilisation des articulations articulaires postérieures avec « arthrose articulaire postérieure », qui peuvent conduire à l’apparition de sciatiques (« radiculalgies ») par rétrécissement des canaux par lesquels elles passent. Plus spécifiquement, chez la femme après la ménopause, l’ostéoporose peut rendre les vertèbres moins solides : ceci peut aboutir à leur déformation, brutale (fracture) ou progressive.