Les douleurs de la face externe de la hanche, ou « syndrome du grand trochanter », sont très fréquentes chez les femmes après la cinquantaine et peuvent correspondre à une tendinite du moyen fessier et/ou à une bursite trochantérienne ou à une atteinte périarticulaire plus étendue. Le diagnostic est parfois difficile car cette atteinte est souvent associée à une sciatique ou une coxarthrose.
Des mots pour les maux
Rhumatisme abarticulaire : forme de maladie rhumatologique en rapport avec les structures qui entourent l’articulation.
Les tendinites ou tendinopathies du muscle moyen fessier correspondent à une souffrance du tendon du moyen fessier (qui peut être associée à une souffrance du tendon du petit fessier).
Ces tendons du moyen et du petit fessiers s’insèrent sur le grand trochanter, le relief osseux qui est en haut de la face latérale haute de l’os de la cuisse, le fémur, palpable à la face externe haute de la cuisse, au niveau de la hanche (c’est l’os qui dépasse sur les 2 côtés).
Une bourse péri-trochantérienne permet normalement de protéger le tissu fibreux qui est en regard, appelée « bandelette du fascia lata » et la peau par rapport au grand trochanter. Elle protège de même le glissement des tendons fessiers.
En cas de souffrance et de lésion du tendon du moyen fessier, peut apparaître une réaction inflammatoire qui entraine une réaction au niveau de la bourse de glissement, que l’on appelle « bursite », et une douleur de la face externe de la hanche ou de la fesse ou de la racine de la cuisse.
Les progrès de l’imagerie ont permis de mettre en évidence une tendinite isolée du petit fessier dans environ 10 % des cas au cours de ces douleurs.
Il faut évoquer une tendinite du moyen fessier ou une bursite, le plus souvent chez une femme entre 40 et 60 ans, lors de douleurs de la face externe de la hanche ou de la fesse, d’apparition progressive, déclenchées à la marche typiquement dans les escaliers.
Le déclenchement ou l’augmentation de la douleur dans 3 circonstances : à la montée des escaliers, en position couchée sur le côté malade et au passage de la station assise à la station debout (la douleur disparaissant alors après quelques pas), est très évocateur.
Les tendino-bursites trochantériennes sont une pathologie fréquente, en particulier chez la femme après la ménopause, avec une fréquence estimée à 1,8 pour 1000 personnes.
Quasiment jamais isolée, la bursite sous-jacente est en fait secondaire à une tendinopathie chronique qui n’est pas toujours évidente en particulier quand elle siège à la face profonde des tendons.
L’origine de ces lésions est méconnue mais les deux mécanismes les plus fréquemment à l’origine des tendino-bursopathies microtraumatiques, des tractions tendineuses excessives et le conflit par frottement ou friction, peuvent être évoqués. Ces mécanismes interviennent sur un tendon sain ou, plus souvent déjà altéré en milieu de vie, « tendinosique ».
Le conflit mécanique à l’origine de la friction peut-être un bec trochantérien agressif ou un ostéophyte. La fréquence de ces déformations ou de ces lésions osseuses expliquerait la grande fréquence des lésions partielles de la face profonde.
La surcharge tendineuse peut être favorisée par une inégalité de longueur des membres inférieurs, un trouble de la statique du rachis ou des membres inférieurs (genu valgum et valgus calcanéen), une atteinte de la hanche type coxarthrose ou une atteinte du genou ou du pied. Elle peut aussi être déclenchée par un traumatisme direct, un effort sportif, une marche ou une station debout prolongée inhabituelle et l’usage intensif des escaliers.
La tendino-bursite est plus fréquente chez les lombalgiques et les femmes en surpoids et sa prépondérance féminine trouve peut-être une explication dans la morphologie du bassin plus large chez la femme, un déséquilibre musculaire pelvitro-chantérien, la façon de marcher ou le type de chaussures (talons hauts), entre autres facteurs favorisants possibles.
Dans certains cas, les lésions des tendons sont associées à des « calcifications » osseuse à hydroxyapatite (« maladie des calcifications tendineuses multiples » ; 20 % des cas), qui se révèlent parfois au cours d’une crise aiguë mais sont souvent subaiguës ou chroniques, ou à des ostéophytes du trochanter.
Certaines tendino-bursite sont associées à une coxarthrose et peuvent expliquer une recrudescence douloureuse, qu’il ne faut pas prendre pour une aggravation de la coxarthrose.
Les causes inflammatoires sont rares, qu’il s’agisse d’une bursite rhumatoïde, d’une pseudopolyarthrite rhizomélique ou d’une enthésite de spondylarthropathie.
Enfin, des bursites infectieuses sont possibles, notamment la bursite trochantérienne tuberculeuse, particulièrement trompeuse quand elle précède l’atteinte osseuse ou s’accompagne de calcifications.
Les principales complications sont la récidive ou la persistance, très handicapantes, mais la majorité des tendino-bursites guérissent avec un traitement assez simple.
C’est chez les formes résistantes, en particulier les femmes au-delà de 65 ans, que la tendino-bursite peut conduire à une rupture des tendons des muscles fessiers, déséquilibrant la marche.
Si celle-ci survient, elle peut être réparée à condition que la réparation soit rapide, sinon, l’involution graisseuse et la rétraction des muscles complique nettement la tâche du chirurgien.