Des mots pour les maux
L’arthrose est une maladie articulaire (ou « rhumatisme articulaire ») chronique. Il s’agit d’une maladie qui touche primitivement le « cartilage », le tissu qui recouvre les extrémités des os dans une articulation. La douleur de l’arthrose est déclenchée par l’utilisation de l’articulation arthrosique et calmée par le repos : il s’agit donc d’une « douleur mécanique » Il existe des arthroses sans cause connues et appelées arthroses « primitives » et des arthroses « secondaires » à diverses maladies locales ou générales. Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes » et quelques cellules assez peu actives chez l’adulte, les « chondrocytes ».
Qu'est-ce que l’arthrose des mains ?
L'arthrose est la maladie articulaire la plus répandue. Elle se caractérise par une atteinte graduelle du cartilage, tissu souple et résistant qui recouvre et protège normalement les extrémités des os d’une articulation.
Il existe deux formes d’arthrose des mains qui aboutissent à une destruction du cartilage de l’articulation. Il y a d’abord l’arthrose des doigts (« arthrose digitale » ou « polyarthrose ») qui touche essentiellement les articulations distales des doigts, entre la 3ème et la 2ème phalange (ou interphalangienne distale), et les articulations proximales des doigts, entre la 2ème et la première phalange (ou interphalangienne proximale). Cette arthrose digitale s’accompagne de nodules osseux palpables sous la peau (« nodosités de Bouchard à l’articulation proximale, ou nodosités d’Heberden » aux articulations distales des doigts), voire de déformations.
Il y a ensuite l’arthrose de la base du pouce : la « rhizarthrose », qui touche l’articulation entre l’os de la base du pouce (« le 1er métacarpe ») et un os du poignet (le « trapèze) : c’est-à-dire « l’articulation trapézo-métacarpienne ». Cette atteinte s’associe le plus souvent avec une arthrose entre le trapèze et deux autres os du poignet, le « scaphoïde » et le « trapézoïde », et donne une « arthrose scapho-trapézo-trapézoïdienne ». Cette arthrose se caractérise par des dégradations importantes des os du fait des contraintes mécaniques, puis une ankylose et des déformations du pouce.
L’arthrose est donc une maladie du cartilage qui s’étend ensuite aux autres structures de l’articulation (os, capsule articulaire, ligaments et muscles péri-articulaires. Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes », qui retiennent l’eau, et quelques cellules spécialisées mais assez peu actives, les « chondrocytes ».
Le cartilage est un tissu important de l’articulation. Il a un double rôle : il permet aux extrémités osseuses de glisser l’une sur l’autre sans frottement et il permet aussi d’amortir les chocs répétés entre les pièces osseuses lors des mouvements (« microtraumatismes »).
Lors de l’évolution de l’arthrose, et quelle qu’en soit la cause, le cartilage perd en élasticité et en épaisseur. Il se fissure et finit par disparaître, entraînant un contact direct entre les os et des douleurs lors des mouvements de l’articulation. A terme, l’atteinte du cartilage s’accompagne ensuite d’une destruction des structures de l'articulation, notamment l’os sous-jacent au cartilage (l’os « sous-chondral ») et le tissu synovial. Du fait de la douleur et de la raideur articulaire, l’arthrose provoque un enraidissement de l’articulation et un handicap majeur.
Quelles sont les causes de l’arthrose des mains ?
Il existe classiquement deux catégories d'arthrose : l’arthrose pour laquelle il n’y a pas de cause apparente, c’est-à-dire l’arthrose « primitive », et celle où une cause est apparente, c’est l’arthrose « secondaire ».
L'arthrose est qualifiée de primitive quand elle n'est attribuable à aucune cause évidente, quels que soient les facteurs de risque présents. En général, l'arthrose primitive touche plusieurs articulations, et en particulier celles des doigts (inter-phalangiennes distales et proximales) : elle est probablement en rapport avec une fragilité particulière de certains composants du cartilage, comme le collagène, ce qui est le cas chez les personnes très souples (« hyperlaxes ») qui ont une hypermobilité articulaire.
L’arthrose digitale, ou polyarthrose, est plus fréquente dans certaines familles et a donc une composante génétique importante : la part des facteurs innés dans la probabilité de son apparition est grande par rapport aux facteurs environnementaux (traumatisme, polyarthrite…). L’arthrose érosive des doigts, une forme moins fréquente de l’arthrose digitale mais beaucoup plus agressive, se traduit par des douleurs qui peuvent être intenses, avec un caractère très inflammatoire (douleurs surtout la nuit et le matin), et des dégradations des articulations, presque comme dans une polyarthrite. L’arthrose érosive serait fonction également de l’hérédité. Comme dans les autres arthroses, l’âge, le sexe féminin, l’obésité, l’hypermobilité articulaire (ou hyperlaxité avec ses anomalies du collagène), les activités physiques manuelles importantes et les traumatismes articulaires (entorses…) sont les facteurs de risques les plus fréquents.
Certaines maladies où il existe une inflammation articulaire peuvent déboucher sur une arthrose secondaire, même si la maladie est guérie. Il en est ainsi des rhumatismes inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde, des infections articulaires et des arthrites microcristallines (chondrocalcinose surtout, mais aussi goutte) et de l’hémochromatose.
Quelques maladies hormonales peuvent être à l’origine d’une arthrose secondaire, comme l’acromégalie (excès d’hormone de croissance), le diabète de type 2 (dit « diabète gras »), l’hyperparathyroïdie (par le biais d’une chondrocalcinose articulaire) et aussi l’obésité (en dehors de la surcharge sur les articulations des membres inférieurs, les obèses ont fréquemment une arthrose des petites articulations des doigts qui serait en rapport avec la sécrétion de protéines pro-inflammatoires par la graisse intra-abdominale (adipokine).
Quelles sont les complications de l’arthrose des mains ?
À cause de la douleur et de la raideur, la personne a moins tendance à utiliser ses articulations atteintes, ce qui entraîne un affaiblissement progressif des muscles autour de l’articulation (« amyotrophie » réactionnelle).
Avec le temps, à mesure que le cartilage se désagrège, les articulations atteintes peuvent grossir peu à peu sous l'effet d'une ossification réactionnelle, attribuable aux mécanismes de cicatrisation de l'organisme (« nodules » ou « ostéophytes »). L’arthrose des doigts évolue le plus souvent vers un enraidissement de l’articulation avec des nodules de taille croissante qui gonflent les articulations mais ne les déforment pas dans leur axe. Ces nodules sont des excroissances osseuses périarticulaires qui sont satellites de la destruction articulaire. Dans certains cas, d’emblée ou secondairement, l’arthrose des doigts évolue vers une forme inflammatoire, douloureuse et destructrice de la maladie : l’articulation devient très inflammatoire et des destructions apparaissent à la suite de plusieurs poussées inflammatoires. Ces destructions de l’articulation touchent, non seulement le cartilage, mais aussi de l’os sous-jacent, avec de fréquentes déviations axiales des doigts qui handicapent le malade : c’est la forme érosive de l’arthrose digitale.
La rhizarthrose a souvent une évolution très progressive qui s’étale sur une dizaine d’années, avec néanmoins des poussées douloureuses à traiter médicalement. Elle peut être paradoxalement très bien tolérée malgré l’importance des signes radiologiques et des déformations du pouce, mais finit par devenir très gênante dans la vie quotidienne entraînant une limitation de la mobilité de la base du pouce et une diminution de la force de serrage de la main (préhension entre le pouce et l’index) qui gêne pour attraper les gros objets (en plus d’éventuelles douleurs). Au fil des poussées évolutives, les déformations s’accentuent et le pouce se déforme progressivement jusqu’à adopter une forme en Z, voire en M. Les douleurs s’apaisent alors pour laisser place à l’enraidissement de l’articulation.