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LES MALADIES

Maladie des griffes du chat : une bartonellose que l'on peut retrouver dans le "Lyme chronique"

Maladie des griffes du chat : une bartonellose que l'on peut retrouver dans le "Lyme chronique"

Les bartonelloses, dont l’expression la plus fréquente en France est la « maladie des griffes du chat », sont des infections bactériennes « émergentes ». Leur fréquence semble avoir été sous-estimée : des co-infections existent avec les Borellia, qui sont responsables de la maladie de Lyme. On se pose la question de la responsabilité d'une bartonellose dans certains syndromes post-Lyme (ou d'une autre bactérie transmise par les tiques).

Par le Dr Jean-Paul Marre, rhumatologue, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris

Maladie des griffes du chat : une bartonellose que l'on peut retrouver dans le \
epantha / iStock
Publié le 01.10.2015
Mise à jour 09.08.2023
Maladie des griffes du chat : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

Les bartonelloses « recouvrent » toutes les infections de l’homme liées à une bactérie de type Bartonella.
Les Bartonella sont des bactéries gram négatif qui pénètrent à l’intérieur des cellules (« intracellulaires ») ce qui impose des contraintes pour leur traitement antibiotique.

Qu'est-ce qu’une bartonellose ?

Il existe plusieurs formes cliniques de bartonelloses qui sont en rapport avec différents types de Bartonella, un type de bactéries à « Gram-négatif ». Toutes les bartonelles ont la possibilité de pénétrer à l'intérieur des cellules de la paroi interne des vaisseaux sanguins (« cellules endothéliales ») : tous les 5 jours, une partie des bactéries est libérée dans le sang où elles infectent les globules rouges (« hématies ») et rentrent dedans.
Chiens et chats, mais aussi rongeurs, en sont souvent porteurs et leurs puces sont les vecteurs principalement responsables de la transmission. La tique est fréquemment porteuse de Bartonella, en Europe, comme en Amérique du Nord.
Bien que cette possibilité ait été initialement contestée, certaines tiques semblent pouvoir véhiculer la maladie d'animal à animal ou de l'animal à l'homme. Le risque de bartonelloses semble avoir été sous-estimé et diverses études ont souligné la possibilité d’une co-infection de certaines tiques par Bartonella henselae et les borrélioses responsables des maladies à tiques : cette co-infection est susceptible de toucher le système nerveux à double titre.
Il semble que ces bactéries puissent persister dans l'organisme et se manifester lors d'épisodes d'immunodépression profonde.
Par ailleurs, les co-infections perturbent souvent le diagnostic des deux maladies en en modifiant les symptômes respectifs.
• Bartonella henselae est responsable de la « maladie des griffes du chat » (« lymphoréticulose bénigne d’inoculation »). Cette maladie touche essentiellement les enfants. L'infection survient dans 10 % des cas après une morsure, dans 75 % après une griffure, mais peut également survenir sans griffure, par la salive de l'animal, ou encore en se frottant les yeux après avoir caressé son chat. Il semblerait également que les puces puissent directement inoculer la bactérie lors de piqûres chez l'homme.
Les puces du chat jouent un rôle prépondérant dans la transmission entre chats et dans la contamination du pelage du chat. Les chats infectés par la bactérie n’ont aucun signe (« asymptomatiques »). En se grattant, le chat contamine ses griffes et inocule la bactérie sous la peau des enfants quand il les griffe.
Bartonella quintana est responsable de la fièvre des tranchées (« trench fever ») ou « fièvre quintane ». La maladie liée à cette bactérie est donc connue depuis la première guerre mondiale. Des épisodes de cette fièvre ont été rapportés lors de regroupement de populations de réfugiés et, récemment, chez les SDF.
• Bartonella bacilliformis est responsable de la maladie de Carrion qui sévit essentiellement au Pérou dans la Cordillère des Andes, entre 1000 et 2500 mètres d'altitude. Le vecteur est un insecte piqueur (Lutzomyia verrucarum).
Ce qui distingue Bartonella bacilliformis des autres bartonelles, c'est son pouvoir de destruction des globules rouges (« hémolyse »).
• Des douleurs persistantes diffuses et polymorphes après morsure de tique peuvent s’avérer liées à la présence d’autres bactéries, elles-aussi transmises par des tiques : des cas probables de co-infections entre B.burgdorferi et Bartonella ont été régulièrement rapportés. Ces co-infections sont dues, soit à la morsure d’une même tique lorsque celle-ci est infectée par plusieurs bactéries, soit à des morsures multiples de plusieurs tiques lorsque chacune est infectée par des bactéries différentes.
Des études récentes ont permis de confirmer le rôle pathogène des Bartonella chez des patients mordus par des tiques, dont de nouvelles espèces de Bartonella, pour la plupart parasites des rongeurs.

Quelles sont les causes ?

Bartonella bacilliformis était jusqu'à peu de temps la seule espèce connue du genre Bartonella.
De nombreuses bactéries, soit antérieurement affiliées à d'autres genres telles les Rochalimaea et les Grahamella, soit récemment identifiées, ont été regroupées au sein du genre Bartonella depuis les années 90 et ce genre comprend désormais plus de 15 espèces.
Ces bactéries ont été isolées chez des mammifères variés (chats, chiens et rongeurs) qui constituent le « réservoir » de la bactérie). Le réservoir est cependant différent pour chaque type de bartonelles : pour Bartonella henselae, c'est le chat et, notamment, les chatons âgés de moins de un an. D'autres réservoirs ont été individualisés selon le type de lartonelle : chien, lapin, rongeur, chevreuil, bovin... L’homme est plutôt un hôte accidentel.
La transmission entre individus est assurée par des vecteurs divers (puces, tiques…).

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