L’arthrose a longtemps été considérée comme une fatalité liée au vieillissement, alors qu’elle est le plus souvent une maladie articulaire à part entière et responsable de douleurs spécifiques. Il existe des causes et des facteurs de risques bien identifiés qui conduisent à la maladie arthrosique et à la destruction du cartilage... et contre lesquelles il est possible de lutter pour ralentir ou éviter l'aggravation.
L’arthrose est une maladie articulaire (ou « rhumatisme articulaire ») chronique. Il s’agit d’une maladie de causes diverses qui touche primitivement le « cartilage », le tissu qui recouvre les extrémités des os dans une articulation.
La douleur de l’arthrose est déclenchée par l’utilisation de l’articulation arthrosique et calmée par le repos : il s’agit donc d’une douleur mécanique.
Le cartilage à une double fonction de glissement des pièces osseuses et d’amortissement des chocs pour les os.
Il existe des arthroses sans causes connues et appelées arthroses « primitives » et des arthroses « secondaires » à diverses maladies locales ou générales. Un certain nombre de facteurs de risque aggravent la progression de l’arthrose, dont bon nombre sont modifiables.
Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes » et quelques cellules assez peu actives, les « chondrocytes ».
L'arthrose est la maladie articulaire la plus répandue. Elle se caractérise par une atteinte graduelle du cartilage, tissu souple et résistant qui recouvre et protège les extrémités des os d’une articulation.
Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes », qui retiennent l’eau, et quelques cellules spécialisées mais assez peu actives, les « chondrocytes ».
Le cartilage est un tissu important de l’articulation. Il a un double rôle : il permet aux extrémités osseuses de glisser l’une sur l’autre sans frottement et il permet aussi d’amortir les chocs répétés entre les pièces osseuses lors des mouvements (« microtraumatismes »).
Lors de l’évolution de l’arthrose, et quelle qu’en soit la cause, le cartilage perd en élasticité et en épaisseur. Il se fissure et finit par disparaître, entraînant un contact direct entre les os des douleurs lors des mouvements de l’articulation. A terme, du fait de la douleur et de la raideur articulaire, l’arthrose aboutit à un handicap majeur.L’atteinte du cartilage aboutit ensuite à une destruction de toutes les structures de l'articulation, notamment l’os sous-jacent au cartilage (l’os « sous-chondral ») et le tissu synovial.
En général, la personne qui souffre d'arthrose se plaint d’une douleur et d’une raideur des articulations atteintes le matin, qui durent environ 15 à 20 minutes et s’estompent ensuite. Puis, à mesure que la journée avance et que les articulations sont sollicitées, la douleur et la gêne réapparaissent et s'accentuent. La mise au repos des articulations procure, en revanche, le plus souvent un certain soulagement.
Dans certaines circonstances, et en particulier lors des poussées évolutives d’arthrose, les articulations atteintes peuvent exprimer une inflammation plus ou moins importante, ce qui correspond à des modifications de la douleur, qui prend un caractère « inflammatoire », c’est-à-dire prédominant le matin et dans la deuxième partie de la nuit. S’y associent un gonflement articulaire, qui correspond à une hypertrophie de la membrane synoviale et à la sécrétion d’un liquide dans l’articulation, avec une augmentation de la chaleur locale.
À cause de la douleur et de la raideur, la personne a moins tendance à utiliser ses articulations atteintes, ce qui entraîne un affaiblissement progressif des muscles autour de l’articulation (« amyotrophie » réactionnelle).
Avec le temps, à mesure que le cartilage se désagrège, les articulations atteintes peuvent grossir peu à peu sous l'effet d'une ossification réactionnelle, attribuable aux mécanismes de cicatrisation de l'organisme (« becs de perroquets » ou « ostéophytes »).
Il n'existe aucun moyen de guérir l'arthrose, mais grâce à un diagnostic précoce et à un traitement approprié, on peut maîtriser la maladie, la stabiliser et retarder ou même prévenir les lésions articulaires graves. La plupart des personnes atteintes d'arthrose peuvent mener une vie active si elles suivent un traitement approprié qui combine médicaments utilisés à bon escient, exercice physique (en dehors des poussés inflammatoires), repos (lors des poussés inflammatoires) et techniques de protection des articulations.
Dans les cas graves, le cartilage peut finir par disparaître complètement, mais ce n’est pas toujours la fin de l’histoire. Si les os qui frottent les uns contre les autres sont bien lisses et bien solides, le maintien d’une utilisation articulaire peut se prolonger sous certaines conditions (protection et amortisseurs externes). Si l’os se déforme et s’érode, la douleur s’accroit et il faut envisager la chirurgie.
Les arthroses souffrant de nombreux épisodes inflammatoires récurrents ou persistants sont dites arthroses « inflammatoires » (ou arthroses « érosives ») et sont plus graves car elles conduisent à une évolution plus rapide vers la destruction du cartilage et de l’articulation.
L’inflammation au cours de l’arthrose se caractérise par une raideur matinale plus prononcée et plus prolongée (plus de 15 minutes), avec un net gonflement des articulations touchées, accompagné de chaleur et de rougeur locale (sur les articulations qui sont juste sous la peau, comme les mains). La douleur a un horaire inflammatoire (le matin et la 2e partie de la nuit en plus de la douleur en fin de journée). Elle pleut être plus intense, mais pas toujours, ce qui conduit certains malades à la négliger.
Ce type d'arthrose peut même être confondu avec un rhumatisme inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, et il correspond à une évolutivité plus importante de la maladie arthrosique qui, à terme, peut devenir aussi handicapante aux mains que la polyarthrite rhumatoïde.
L'arthrose peut survenir à tout âge, même si le risque d'en être atteint augmente à mesure que l'on vieillit. En revanche, un usage d'intensité normale des articulations ne cause pas spécialement d’arthrose des articulations.
Pratiqués avec modération, l'activité physique et l'exercice n'entraînent donc pas d'arthrose et sont même bénéfiques aux articulations.
L'arthrose secondaire est très courante après un traumatisme articulaire, et en particulier chez les athlètes professionnels dans les sports de contact en particulier (football, rugby, hockey, boxe, lutte…).
En cas de déformation anatomique d’une articulation, une arthrose peut apparaître précocement, dès le milieu de la vie.
L’arthrose peut apparaître secondairement à l’agression d’une articulation au cours d’un rhumatisme inflammatoire ou à microcristaux (polyarthrite rhumatoïde, goutte, hémochromatose…) ou au cours de certaines maladies endocriniennes (diabète, acromégalie…).
Il existe classiquement deux catégories d'arthrose : l’arthrose pour laquelle il n’y a pas de cause apparente, c’est-à-dire l’arthrose « primitive », et celle où une cause est apparente, c’est l’arthrose « secondaire ».
L'arthrose est qualifiée de primitive quand elle n'est attribuable à aucune cause évidente, quels que soient les facteurs de risque présents. En général, l'arthrose primitive touche plusieurs articulations, et en particulier celles des doigts (inter-phalangiennes distales et proximales). Cette atteinte grossièrement symétrique peut s’associer à une atteinte de la racine des pouces, des gros orteils et de la colonne vertébrale. Elle a un caractère familial net et peut correspondre à des anomalies du collagène au cours d’un syndrome d’hyperlaxité ou d’une autre maladie moins bien définie.
L'arthrose est qualifiée de secondaire lorsqu'elle peut être attribuée à une cause évidente. La cause la plus fréquente d'arthrose secondaire est une blessure de l'articulation plus tôt dans la vie (entorse sévère, fracture articulaire, déchirure des ligaments avec instabilité articulaire secondaire). L'arthrose secondaire est ainsi très courante chez les athlètes professionnels et dans les sports de contact en particulier (football, rugby, hockey, boxe, lutte…), mais tout le monde peut en être atteint. L'usage intense des articulations ne peut à lui seul mener à une arthrose.
L’arthrose peut aussi être déclenchée secondairement à une anomalie morphologique de l’articulation, en particulier à la hanche (coxa valga ou vara, défaut de couverture cotyloïdienne antérieure ou externe) et au genou (genu varus ou varum). C’est l’anomalie de l’anatomie de l’articulation qui expose à des contraintes supplémentaires sur le cartilage, ce qui conduit à sa lésion et à son usure.
Certaines maladies où il existe une inflammation articulaire peuvent déboucher sur une arthrose secondaire, même si la maladie est guérie. Il en est ainsi des rhumatismes inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde ou le rhumatisme psoriasique, des infections articulaires et des arthrites microcristallines (chondrocalcinose surtout, mais aussi goutte) et de l’hémochromatose.
Quelques maladies hormonales sont souvent à l’origine d’une arthrose secondaire, comme l’acromégalie (excès d’hormone de croissance), le diabète de type 2 (dit « diabète gras »), l’hyperparathyroïdie (par le biais d’une chondrocalcinose articulaire) et aussi l’obésité (en dehors de la surcharge sur les articulations des membres inférieurs, les obèses ont fréquemment une arthrose des petites articulations des doigts qui serait en rapport avec la sécrétion de protéines pro-inflammatoires par la graisse intra-abdominale (adipokine).
Le principal facteur de risque de l'arthrose est l’âge : le risque d'apparition de l'arthrose augmente avec l'âge et ceci est probablement lié à la baisse des capacités de réparation du cartilage par les cellules spécifique, les « chondrocytes », qui sont de moins en moins actifs au cours de la vie. L’arthrose radiologique augmente systématiquement avec l’âge, mais ceci ne veut pas dire que « l’arthrose-maladie » est associée à toutes les images radiologiques.
La recherche démontre de plus en plus clairement que des facteurs génétiques jouent un rôle dans l'apparition de l'arthrose. Cette influence est la plus forte dans l'arthrose des petites articulations de la main (« polyarthrose »), mais elle est aussi retrouvée dans l’arthrose de la colonne vertébrale (arthrose « rachidienne »). Les chercheurs ignorent encore le rôle relatif exact des facteurs génétiques par rapport à l’environnement dans ce processus. L'hypothèse est celle d'un lien génétique avec les capacités de formation et de réparation du cartilage.
Le fait d'avoir du poids en trop soumet les articulations des membres inférieurs (pieds, genoux et hanches) à une surcharge importante. La bonne nouvelle, c'est qu'en perdant ne serait-ce que quelques kilos (3 à 5 kilos), il est possible de réduire la pression exercée sur les genoux et surtout la sécrétion de protéines pro-inflammatoires par la graisse située à l’intérieur du ventre (« intra-abdominale »). Cet effet bénéfique de la perte de poids s’exerce même si l'arthrose du genou est déclarée (gonarthrose), ce qui peut aboutir à diminuer les douleurs et le risque de devoir subir un jour une intervention chirurgicale.
L’arthrose, qui a longtemps été présentée comme une « usure » du cartilage est bien une maladie destructrice de l’articulation avec une participation inflammatoire. L’évolution peut être aggravée par différents facteurs de risque. C’est pour cela que les chercheurs ne parlent plus d’arthrose en général mais « des arthroses » en fonction du profil du malade : arthrose liée à l’âge, arthrose liée à une obésité, arthrose liée à une maladie de l’articulation...
Ces situations différentes entraînent des mécanismes distincts qui font intervenir différentes causes et différents signaux entre les tissus de l’articulation : l’os, le cartilage et le tissu synovial. La compréhension de ces mécanismes permettra au cours des prochaines années de disposer, d’une part, de « biomarqueurs prédictifs » de l’évolution de la maladie au moment du diagnostic et, d’autre part, de trouver de nouvelles « cibles thérapeutiques ». L’objectif est donc d’individualiser la prise en charge et les traitements en fonction de ces profils.
Les lésions du cartilage ne régressent pas au cours du temps : c’est une maladie à « effet de cliquet ». Par ailleurs, leur évolution n’est pas linéaire : elle peut être très lente et progressive, sur plusieurs années, et sans induire de handicap majeur, ou elle peut évoluer en « marche d’escalier » (poussées inflammatoires entrecoupées de phases de rémission), ou l’évolution peut être très rapide et rendre nécessaire la pose d’une prothèse en quelques mois, par exemple de la hanche (« coxarthrose destructrice rapide »).
Deux phases alternent, en effet, au cours de l’évolution de la maladie, selon un rythme imprévisible et plus ou moins apparent. Le plus souvent, le malade est en « phase chronique », au cours de laquelle la gêne quotidienne est variable et la douleur articulaire est modérée et d’horaire mécanique (douleur à l’utilisation). Cette phase d’évolution à bas bruit de l’arthrose peut être entrecoupée de crises douloureuses aiguës, accompagnées d’une véritable inflammation de l'articulation. La douleur est alors vive, survenant dès le matin et parfois la nuit. Durant la phase chronique il est recommandé de conserver une activité physique régulière mais, lors des crises douloureuses, il faut mettre l’articulation au repos (dans une attelle aux membres supérieurs et en décharge sur 2 cannes anglaises aux membres inférieurs). C’est, en effet, au cours de cette phase « inflammatoire » que la destruction du cartilage est maximale.