Les cervicalgies communes sont les plus fréquentes des cervicalgies aiguës. Elles surviennent en dehors d'un contexte traumatique et en l'absence de maladie. Les facteurs responsables sont multiples : activités professionnelles ou sportives, mauvaises positions le jour ou pendant le sommeil, arthrose. L’anxiété n’est pas une cause de cervicalgie mais peut en favoriser l’apparition (si l’on dort mal) et en augmenter la perception de la douleur.
Parmi ces cervicalgies communes, on distingue les cervicalgies du sujet jeune et celles du sujet âgé.
• Chez le jeune adulte, il s’agit le plus souvent de cervicalgies posturales favorisées par des attitudes prolongées en flexion ou en extension du cou, souvent liées à une posture inadaptée durant le travail. Les douleurs touchent le plus souvent l'arrière du cou et peuvent irradier soit vers le milieu du dos (omoplate), soit vers les épaules.
L’examen du cou révèle que celui-ci n’est pas limité dans ses amplitudes et qu’il peut bouger dans toutes les directions, même si cela peut être un peu plus douloureux.
Une forme de la cervicalgie aiguë commune est le torticolis. La douleur est vive, accompagnée d'une incapacité marquée et d'une attitude anormale de la tête et du cou en flexion et en rotation. La douleur débute brutalement, souvent la nuit, parfois à la suite d'un mouvement brusque ou d'une mauvaise position prise durant le sommeil. Le torticolis se traduit par la survenue d'une contracture d'un ou de plusieurs muscles du cou (muscle sterno-cléido-mastoïdien ou muscle trapèze).
• Chez les sujets plus âgés, les cervicalgies sont habituellement situées plus bas sur le cou. Les douleurs sont souvent moins brutales mais plus prolongées et la mobilité du cou est souvent diminuée, en particulier en hyper-extension du cou. Ces cervicalgies sont généralement liées à arthrose cervicale qui prédomine sur les articulaires postérieures, mais peut aussi toucher les espaces des disques intervertébraux.
Les cervicalgies dites « communes » ou cervicalgies non spécifiques sont les causes les plus fréquentes de cervicalgies. Mais étant donné la grande banalité de l’arthrose radiologique du cou (fréquente a minima chez les jeunes adultes et quasi constante après 70 ans) et l’absence complète de parallélisme entre l’importance de l’arthrose et les douleurs, une arthrose radiologique ne doit pas dispenser le médecin d’éliminer les cervicalgies aigües liées à une cause précise et qui relèverait d’un traitement.
• En particulier, toute cervicalgie survenant après un traumatisme de la tête et du cou (y compris et surtout un accident de voiture), doit en premier faire éliminer une fracture vertébrale ou une luxation d’une vertèbre sur une autre. Cela peut être compliqué parfois, car la fracture peut siéger sur dans des zones mal visualisées par les radiographies standard (clichés spécifiques) ou la luxation ne peut se démasquer que sur des radiographies de profil en flexion-extension (radiographies dynamiques).
La situation la plus courante est le « coup du lapin », causé par une flexion du cou brutale et rapide en arrière, suivi par une extension vers l’avant avec un étirement lié à la traction par le poids de la tête. Ce traumatisme est lié à un choc sur l'arrière d’un véhicule ou lors d'un plongeon. Tous les autres traumatismes touchant la tête et la colonne vertébrale cervicale peuvent être responsables de cervicalgies aiguës sur fracture ou luxation.
• En dehors d’un traumatisme, il faut éliminer une « cervicalgie symptomatique ». Les médecins utilisent cette expression pour désigner les douleurs en rapport avec une maladie locale (tumeur, lymphome, métastases osseuses, infection…) ou générale (rhumatisme inflammatoire…).
Les signes évocateurs de ces cervicalgies aiguës symptomatiques sont un début insidieux, avec une aggravation progressive des douleurs. Les douleurs avec un horaire « mixte », c’est-à-dire à la fois la nuit et à la fois aggravé par certains mouvements peuvent y faire penser. La suspicion est encore plus forte si une fièvre et une altération de l’état général s’y associent.
Il faut également y penser devant toute cervicalgie aiguë survenant dans un contexte d’infection concomitante (abcès dentaire, ou sous-cutané) surtout chez un immunodéprimé ou un diabétique, ou en cas d’antécédent de cancer (prostate, sein, rein, thyroïde, poumon…).
• Il n’y a pas de fracture vertébrale ostéoporotique à la colonne cervicale et toute fracture d’une vertèbre cervicale survenant en dehors d’un traumatisme correspond à un cancer (métastase, myélome, lymphome…) jusqu’à preuve du contraire.
• Devant des douleurs cervicales aiguës d’installation progressive, insomniante et s’accompagnant d’une raideur très importante, puis de signes neurologiques sous-jacents, il faut penser à une tumeur intra-canalaire : moelle (épendymome, astrocytome) ou méninge (méningiome, schwannome). Ces cervicalgies constituent souvent un piège pendant la période avant l’apparition des signes neurologiques et il est très important d’y penser car un traitement précoce est beaucoup plus efficace.
• Certaines cervicalgies aiguës hautes peuvent aussi être liées à un problème neurologique dans la fosse postérieure du cerveau (tumeur, abcès).
Ces cervicalgies sont plutôt d’apparition progressives, mais elles peuvent être aiguës en cas de décompensation brutale.
• Chez le sujet âgé, des cervicalgies très brutales, très douloureuses et peu graves peuvent correspondre à des cervicalgies microcristallines comme la chondrocalcinose articulaire aiguë ou CCA. Il s’agit d’une forme de pseudo-goutte liée à la mobilisation de microcristaux d’hydroxyapatite (et non pas d’acide urique).