Quand faut-il évoquer une infestation par des vers intestinaux ?
Les manifestations sont diverses mais font intervenir à différent degré : la présence de vers blancs dans les selles ou dans les sous-vêtements, des douleurs abdominales (parfois brutales et violentes dans le cas de l’anisakiase), des phénomènes d’occlusion intestinale (rares), un amaigrissement sans cause apparente, des vomissements, des diarrhées, une irritabilité et une agitation chez l’enfant, une toux et des réactions allergiques, parfois des douleurs sous les côtes ou des démangeaisons de la région anale ou vaginale.
Certains signes évoquent plus spécifiquement une infestation parasitaire particulière :
• L’oxyurose est une maladie très fréquente chez l’enfant qui souvent ne se traduit par aucun signe. Les petits vers blancs, ronds et mobiles sont parfois visibles à la surface des selles ou dans les sous-vêtements.
Le principal signe est la démangeaison anale (ou « prurit anal ») qui survient le soir au coucher et au cours de la nuit, perturbant le sommeil et pouvant provoquer des lésions de grattage. Des douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») et une diarrhée, ainsi qu’une nervosité font aussi parfois partie de la présentation clinique de l’infestation.
• En ce qui concerne le ténia, les signes sont également rares et la maladie peut passer inaperçue. C’est souvent la découverte d’anneaux plats de 1 à 2 cm de longueur dans les selles ou dans les sous-vêtements et les draps qui fait suspecter l’infection.
Il est classique d’attribuer un amaigrissement rapide au ténia mais ce signe n’est pas courant. Des douleurs du ventre avec des nausées peuvent aussi survenir.
• Dans l’ascaridiose, les larves migrent du foie vers les poumons et la trachée artère : des quintes de toux sèche, des douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») avec diarrhée peuvent être évocatrices.
• Dans l’hydatidose, après infestation il existe une longue période de latence où en l’absence de complication (fissuration, rupture, surinfection, compression) l’infection va rester sans aucun signe.
L’hydatidose hépatique se révèle souvent très tardivement par un gros foie (« hépatomégalie ») non douloureux et des réactions d’hypersensibilité (urticaire, œdème de Quincke). Le diagnostic peut également être évoqué à l’occasion d’un examen d’imagerie (échographie).
Dans l’hydatidose pulmonaire, la période de latence clinique est plus courte et elle se révèle par des opacités pulmonaires uniques ou multiples, arrondies, opaques ou hydro-aériques sur une radiographie thoracique parfois réalisée à titre systématique. Parfois, il existe une toux, un essoufflement (« dyspnée ») et des crachats sanguins (« hémoptysie »).<br<• La douve du foie (« distomatose hépatique ») s’attrape en mangeant de la salade ou du cresson contaminé par les déjection de vaches, bœufs ou moutons. De l’intestin, le parasite migre par la veine porte vers le foie et les voies biliaires, où il peut donner une cholécystite aiguë (douleur abdominale sous les côtes à droite, avec ou sans jaunisse ou « ictère ») qui est une urgence.
Comment faire le diagnostic ?
• Le diagnostic d’oxyurose est généralement fait très facilement devant des démangeaisons anales prédominant la nuit et sur la constatation directe des vers à la surface des selles. En cas de doute, l’examen classique est le « scotch test » qui consiste à coller un ruban adhésif sur l’anus pour recueillir les œufs du parasite qui seront ensuite analysés au microscope. Mais bien souvent, aucun examen n’est nécessaire et le traitement est donné au seul vu des signes.
• Le diagnostic de ténia est lui aussi évident quand les anneaux sont retrouvés dans les selles.
• Dans le cas de l’ascaridiose, un examen parasitologique des selles peut être demandé par le médecin pour trouver des œufs d’ascaris, ainsi qu’une prise de sang qui recherche une augmentation du taux de certains globules blancs, les éosinophiles, souvent élevé dans les parasitoses (« hyperéosinophilie »).
• Cette élévation parfois très importante du nombre d’éosinophiles dans le sang (« hyperéosinophilie ») est également présente dans la toxocarose, la distomatose, l’ankylostomiase et l’anguillulose.
• Le diagnostic de l’hydatidose hépatique est basé sur l’échographie qui retrouve le kyste et la sérologie hydatique. Le diagnostic de l’hydatidose pulmonaire est basé sur la radiographie thoracique et la sérologie.
• Celui de la douve est basé sur l’échographie, la sérologie et l’examen parasitologique des selles.
• Anguillulose et ankylostomiase sont diagnostiquées avec une hyperéosinophilie et l’examen parasitologique des selles.
• Le diagnostic d’anisakiase repose sur la fibroscopie gastroduodénale.
Faut-il consulter en urgence ?
L’infection par des vers intestinaux se développe pendant des semaines voire des années. Il n’y a donc souvent pas d’urgence à les prendre en charge.
L’anisakiase peut donner des tableaux de douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») assez brutales et assez violentes qui peuvent parfois s’accompagner d’occlusion intestinale.
La douve du foie peut parfois provoquer une cholécystite aiguë qui est une urgence chirurgicale.
L’oxyurose est une maladie bénigne qui se traite sur les conseils du pharmacien. Le recours au médecin n’est nécessaire qu’en cas de doute sur le diagnostic.
Quelles sont les complications ?
L’oxyurose et le ver solitaire sont des affections bénignes. Les complications telles que l’appendicite ou l’occlusion intestinale sont rares.
Dans l’ascaridiose, une infection importante avec une grande quantité de vers peut être responsable d’une occlusion intestinale, d’une appendicite ou d’une pancréatite. L’ankylostomiase peut être responsable d’une anémie importante car le parasite se développe dans l’intestin où il suce le sang.
L’hydatidose peut donner des kystes du foie ou du poumon assez embêtant à retirer.
La douve du foie peut être à l’origine d’obstruction des voies biliaires et de cholécystite.