La goutte aiguë survient dans un contexte d’acide urique élevée dans le sang, qui peut être augmentée par une alimentation riche en purines, la consommation d’alcool, la prise de certains médicaments, une intervention chirurgicale, une crise cardiaque ou un traumatisme.
Les premières crises se résolvent en général au bout de trois à dix jours. Sans traitement approprié, plus de 50 % des personnes ayant subi une crise de goutte aiguë auront une récidive dans l’année qui suit.
Avec le temps, les crises peuvent devenir plus longues et fréquentes et toucher davantage d’articulations, et aboutir à des complications, ce qui impose de prendre la goutte en charge pour prévenir le risque de destruction articulaire.
L’augmentation du taux de l’acide urique du sang et la maladie goutteuse peuvent être associées à d’autres maladies, comme l’hypertension, des calculs rénaux, une obésité et une hyperlipidémie. Tout ceci peut également conduire à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.
La modification des habitudes de vie constitue un aspect-clé de la prévention de la goutte, comme de la récidive des crises aiguës de goutte.
Le risque de développer la goutte est augmenté de 50 % en cas de consommation importante de produits de la mer (poissons et fruits de mer) et par absorption d’un demi de bière par jour. Il est augmenté de 20 % en cas de consommation de 10 g (un verre) d’alcool ou de un verre de spiritueux et par jour. Par contre, la consommation de laitages (lait, yaourt, fromages non gras) est inversement proportionnelle à l’uricémie.
Un régime alimentaire bien suivi permet d’obtenir une réduction d’environ 10 mg (ou 60 mmol/l) d’acide urique dans le sang. L’alimentation doit être équilibrée, mais visera à éliminer en priorité les aliments qui contiennent des purines (produit de dégradation de l'ADN du noyau des cellules animales). Le régime alimentaire doit donc être réduit en protéines animales (moins de 100 grammes par jour), en privilégiant les protéines végétales (légumes secs) et les produits laitiers. Il faut donc réduire :
• Les abats (foie, rognons, tripes, cervelle, tête de veau, langue, etc) ;
• Les sardines, anchois, harengs, œufs de poissons... ;
• Les extraits de viandes (bouillon, jus, gelée) ;
• Les charcuteries, gibier faisandé ;
• Les fromages très fermentés ;
• La mayonnaise, crème, sauces grasses, fritures.
Les abats, charcuteries et viandes de gibier sont remplacés par du jambon blanc, du filet de poulet ou de dinde, du poisson et des viandes peu grasses.
Les desserts sont remplacés par des produits laitiers faibles en matières grasses et des salades de fruits ou des fruits frais (oranges, pamplemousses, abricots…).
Une suppression de la consommation de bière (même sans alcool) et une réduction très nette de la consommation d´alcool et de sodas sont également souhaitables.
Il est très important de pratiquer une activité physique suffisante et régulière (30 minutes au moins 3 fois par semaine) pour contrôler ou réduire un excès de poids (en évitant les sports violents et les sports de contact).
Si le poids est excessif, il conviendra également de limiter les apports nutritionnels quotidiens (environ 2 000 kcal /jour). Cette limitation sera d’autant moins importante que l’activité physique est élevée.
En cas de transpiration (chaleur, activité physique), il faut veiller à boire davantage d'eau ou des jus d'agrumes (citrons ou oranges pressés), mais en évitant les boissons sucrées type sodas, qui augmentent le risque de crise de goutte. Il est possible d’alcaliniser les urines pour éviter le risque de précipitation de l’acide urique en consommant 1/2 litre d’eau de VICHY (sauf en cas d'hypertension artérielle ou d'insuffisance cardiaque).
Chez la femme ménopausée, le traitement hormonal substitutif a été associé à une réduction du risque de goutte.
En cas d’hypertension artérielle, les diurétiques augmentent l’uricémie et le risque de goutte, alors que certaines molécules anti-hypertensives baissent l’uricémie (losartan).
Seules 10 % des personnes ayant un taux élevé d’acide urique (hyperuricémiques) deviendront goutteuses. Il n’est donc pas nécessaire de traiter une hyperuricémie en l’absence de goutte avérée, de lithiase urinaire ou de facteur de risque associé, en particulier cardiovasculaire.
En France, le traitement hypo-uricémiant est indiqué lorsque les crises de goutte se répètent, lorsqu’il existe une arthropathie goutteuse ou des tophus, ou encore lorsqu’il existe des coliques néphrétiques, ou lorsqu’il existe des maladies associées exposant à un risque cardiovasculaire.
Il est nécessaire de réaliser un bilan cardiovasculaire en cas d’hyperuricémie. La correction d’une obésité est un des objectifs prioritaires du traitement. Cette correction permet de réduire l’hyperuricémie et d’agir sur les facteurs de risque cardiovasculaire associés à la goutte.