Quand faut-il évoquer une BPCO ?
Il s’agit d’une maladie chronique d’installation très insidieuse mais qui peut être dépistée par 5 questions :
• Toussez-vous souvent (tous les jours) ?
• Avez-vous souvent une toux grasse ou qui amène des crachats ?
• Êtes-vous plus facilement essoufflé que les personnes de votre âge ?
• Avez-vous plus de 40 ans ?
• Avez-vous fumé ou fumez-vous ? (Ou avez-vous été exposé de manière prolongée ou répétée à des gaz, poussières, fumées, vapeurs dans le cadre de votre travail ?)
En cas de réponse positive à 3 questions au moins sur 5, il faut faire un examen appelé « spirométrie » qui confirmera le diagnostic. Mais deux réponses positives peuvent constituer un signe d’alerte.
Comment faire le diagnostic de BPCO ?
En cas de toux et expectorations chroniques, en particulier chez un sujet fumeur ou exposé à un facteur favorisant, il est nécessaire de réaliser des examens afin de rechercher une BPCO et d’en évaluer la sévérité.
• Le premier examen à réaliser est une « exploration fonctionnelle respiratoire » ou « spirométrie » : c’est le seul examen qui permet de diagnostiquer l’obstruction bronchique.
Le test consiste à mesurer les volumes pulmonaires et les débits dans les bronches du malade. Il consiste à réaliser des inspirations et des expirations respiratoires dont certaines sont forcées, en particulier lors de l’expiration, à travers un embout buccal relié à un spiromètre (dispositif de mesure des volumes et débits). La mesure du « volume maximal expiratoire en 1 seconde » (VEMS) est un indicateur de la sévérité de l’obstruction bronchique : plus les voies aériennes sont obstruées, plus le volume d’air expiré est faible. La maladie est confirmée si le VEMS rapporté à la capacité vitale du patient (son plus grand volume pulmonaire mobilisable) est diminué malgré l’inhalation d’un bronchodilatateur de courte durée d’action. Le résultat du VEMS post-bronchodilatateur permet de classer la maladie selon le degré de sévérité de l’obstruction bronchique :
• Stade I (« léger ») : VEMS supérieur ou égale à 80 %
• Stade II (« modéré ») : VEMS comprise entre 50 et 80 %
• Stade III (« sévère ») : VEMS comprise entre 30 et 50 %
• Stade IV (« très sévère ») : VEMS inférieur à 30 %
D’autres classifications ont été développées ces dernières années, tenant compte de la dyspnée d’effort, du nombre d’exacerbations, ou d’un index composite prenant en compte, en plus de l’obstruction et la dyspnée, des paramètres nutritionnels et la tolérance à l’exercice.
• La mesure des gaz du sang permet de connaître les taux d’oxygène et de gaz carbonique dans le sang et donc d'évaluer l’insuffisance respiratoire : la BPCO est d’autant plus grave que le taux d’oxygène est bas et celui du gaz carbonique élevé.
Le prélèvement peut être réalisé dans une artère (au poignet) ou des capillaires (lobe de l’oreille). Cette mesure est systématique dans les formes sévères (stades 3 et 4), mais elle est réalisée dans les autres stades si l’essoufflement est important.
• Le test de marche permet de connaître le retentissement de la BPCO sur la capacité à faire des efforts. Il apprécie la distance parcourue en marchant pendant six minutes. Il n’est pas systématique et sa réalisation dépend du degré de handicap rapporté par le malade.
• La radiographie du thorax est demandée systématiquement pour éliminer d’autres maladies qui peuvent être associée à la BPCO, en particulier une maladie cardiaque mais aussi un cancer bronchique. En cas d’aggravation aiguë ou rapide, elle peut être demander chercher une cause particulière à cette aggravation (infection, pneumothorax…).
• Le scanner thoracique permet d’apprécier l’importance de « l’emphysème » qui est associé aux stade sévères de la BPCO et sa réalisation n’est donc pas systématique lorsqu’un bilan de BPCO est effectué.
• La fibroscopie bronchique peut être demandée pour éliminer une autre maladie liée au tabac, et en particulier un cancer bronchique, ou afin de faire des prélèvements bactériens en cas d’infections à répétition des bronches ou d’infections difficiles à traiter.
Avec quoi peut-on confondre une BPCO ?
Asthme et BPCO peuvent se ressembler dans certains cas de maladie obstructive, en particulier en cas de crises d’essoufflement. Si certaines formes cliniques peuvent prêter à confusion (bronchite « asthmatiforme »), l'évolution et l'histoire de la maladie sont différentes. Ce sont deux maladies inflammatoires mais il ne s'agit pas de la même inflammation : dans l'asthme il s’agit d'une réaction immédiate et rapide (15 minutes), tandis que l'inflammation des BPCO va être chronique et ne pas induire forcément d’hyperréactivité bronchique : les lésions de la bronche n'auront pas tendance à récupérer (contrairement à l'asthme traité).
Il ne faut pas confondre bronchite chronique et BPCO, ce qui est souvent le cas en pratique. La bronchite chronique est une situation clinique caractérisée par une toux et une expectoration fréquentes depuis quelques années. Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) sont souvent normales. On ne parle de bronchite chronique au stade de la BPCO que lorsque les EFR objectivent la présence d’une obstruction bronchique. A contrario, la BPCO n’est pas toujours associée à un tableau clinique de bronchite chronique.
Quels sont les problèmes associés à la BPCO ?
La BPCO est une maladie chronique qui est associée à de nombreuses autres maladies : on parle de « comorbidités ». Ces comorbidités peuvent affecter différents organes et systèmes, essentiellement obésité, atteintes musculaires, maladies cardiaques, affections gastro-intestinales, troubles psychiques (anxiété, dépression)… En moyenne, un patient atteint de BPCO souffre aussi de cinq comorbidités.
Douze comorbidités constituent, par ailleurs, des facteurs de mauvais pronostic de la BPCO et augmentent le risque de décès dans les cinq années suivantes : cancer (poumon, pancréas, œsophage ou sein), fibrose pulmonaire, fibrillation auriculaire, insuffisance cardiaque, maladie coronarienne, ulcères gastroduodénaux, cirrhose hépatique, diabète avec neuropathie, anxiété. Au final, la plupart des malades souffrant de BPCO ne décèdent pas d’insuffisance respiratoire, mais d’accidents cardiovasculaires, de pneumonies, de cancer...
Les liens entre la BPCO et les comorbidités reposent très certainement sur des mécanismes inflammatoires, des stress oxydatifs et l’altération de voies de signalisation communes à différentes fonctions de l’organisme. Malheureusement, ce n’est pas parce que l’on traite la BPCO que les risques associés aux comorbidités vont se réduire.
Faut-il consulter en urgence ?
Si le volume de l’expectoration augmente ou si son aspect change (devient purulente), ou s’il existe une majoration très importante de l’essoufflement, survenant brutalement au cours d’une BPCO, il faut évoquer une décompensation respiratoire aiguë de BPCO qui peut être liée surtout à une infection et parfois à une autre cause. Il faut consulter en urgence car le déficit en oxygène est important et le retentissement cardiovasculaire est majeur.