Il est possible de mal dormir pendant un certain temps, sans conséquences majeures, mais il faut consulter quand les perturbations du sommeil ont un impact significatif sur les performances dans la journée avec une fatigue dès le matin, une somnolence et des troubles de la concentration, de l'attention et de la mémoire dans la journée. En effet, le risque d’accidents du travail ou de la conduite automobile est nettement majoré dans ce cas.
Il peut être nécessaire de faire appel à un spécialiste du sommeil en cas d’insomnie chronique conduisant à une escalade thérapeutique, s’il existe une suspicion de pathologie spécifique comme une apnée du sommeil, un syndrome des jambes sans repos ou des mouvements périodiques nocturnes, et enfin, en cas d’insomnie avec un retentissement majeur.
Pour aider le médecin à identifier la nature du trouble du sommeil, il faudra être capable de lui préciser : l’ancienneté de l’insomnie, le type de troubles du sommeil (difficultés d'endormissement, réveils nocturnes et précoces), le nombre de fois où le trouble du sommeil se produit par semaine et s'il y a des répercussions (fatigue au réveil, difficultés de concentration au travail, endormissements durant la journée…). Il ne faudra pas hésiter à lui rapporter des signes associés comme des fourmillements ou des mouvements incontrôlés dans les jambes.
Le plus simple est de réaliser un « agenda du sommeil » qui est un relevé du sommeil, nuit après nuit, sur une semaine typique ou sur 3 à 4 semaines sinon, et qui décrit les éléments importants de la nuit (heure de mise au lit et d’extinction de la lumière, temps d’endormissement, réveils dans la nuit, heure de réveil et de lever matinal, somnolences diurnes, sieste).
Il faudra aussi réfléchir au contexte afin de dire si cela est en rapport avec une modification de l’environnement (bruit, nouveau-né…) ou un événement particulier (familial ou professionnel).
De la même façon, il faudra préciser au médecin les conditions du sommeil (heures de coucher et de réveil) et les activités avant le sommeil. Enfin, il sera intéressant de dire ce qui a été tenté pour enrayer le trouble du sommeil (modification de l’environnement, arrêt du café, prise de somnifères...).
Le médecin traitant s'appuie sur l'interrogatoire de la personne pour évaluer les troubles et le contexte (maladies associées et prise de médicaments). Le témoignage de l’entourage et, particulièrement de la personne qui partage le lit, est important pour rechercher des ronflements irréguliers, des pauses respiratoires ou des mouvements anormaux des jambes.
L’examen médical détaillé est nécessaire pour éliminer une maladie sous-jacente et évaluer le retentissement. L’anxiété est pourvoyeuse d’insomnie d’endormissement et paraît isolée ou s’intègre dans un tableau de type obsessionnel ou phobique. La dépression sous-jacente est toujours à craindre. L’insomnie y touche surtout la deuxième partie de la nuit et s’associe à un manque de goût pour faire des choses, une obligation de se forcer pour faire la moindre activité, un repli sur soi, mais parfois à l’inverse, une irritabilité ou une agressivité.
La première étape sera d’éliminer une mauvaise perception du sommeil. Dans ce cas, la personne est persuadée qu’elle souffre d’insomnie et qu’elle ne dort que quelques heures ou même pas du tout alors qu’elle a simplement une mauvaise capacité à évaluer la qualité de son sommeil. Un examen polysomnographique permettrait de démontrer que ces personnes dorment de façon tout à fait satisfaisante.
Un agenda du sommeil sur lequel doivent être notées les heures de coucher et de lever, le nombre de réveils, et les éléments de chaque nuit, est toujours nécessaire. Il peut être demandé sur une semaine ou plus.
Le médecin recherchera des signes qui pourraient traduire l’existence d’un trouble du sommeil spécifique : des fourmillements, des brûlures des jambes qui obligent la personne à se relever la nuit (syndrome des jambes sans repos), des mouvements périodiques des jambes que la personne ne ressent pas mais qui peuvent gêner considérablement le conjoint et survenant par périodes au rythme d’un mouvement toutes les 20 à 40 secondes (mouvements périodiques nocturnes), une respiration très irrégulière avec des pauses respiratoires mais peu de ronflements et une fatigue matinale marquée (apnée du sommeil).
Il faut savoir qu’il existe 10 % de la population qui sont des « petits dormeurs ». Ils consultent généralement sous la pression de leur entourage qui les considèrent comme anormaux alors qu’ils ont besoin de peu de sommeil (moins de 6 heures) pour être en forme et actifs. On retrouve souvent une notion familiale.
Un autre diagnostic qui est un problème différent de l’insomnie est le « retard de phase » que l’on retrouve chez les adolescents. Ce trouble se présente comme un retard de l’endormissement avec un réveil tardif et difficile le matin. Le sommeil est normal mais décalé, et encore plus décalé en vacances.
Au final, la plupart des diagnostics d’insomnie sont fait grâce à l’interrogatoire complété par l’examen et l’agenda du sommeil, éventuellement associé à l’actimétrie. Un enregistrement polysomnographique du sommeil n’est, le plus souvent, pas nécessaire.
La maladie d'Alzheimer s'accompagne souvent de troubles du sommeil. Mais des nuits de mauvaise qualité pourraient aussi être un facteur aggravant. Si la maladie est connue pour altérer la qualité du sommeil, de plus en plus d’arguments suggèrent que la relation est à double sens. Les malades se plaignent souvent d’une qualité de sommeil dégradée, avec des nuits de plus en plus fragmentées. Dans les phases avancées de la maladie, il n’est pas rare de constater des inversions des cycles jour/nuit. Les modifications cérébrales induites pas la dégénérescence, notamment les dépôts d’amyloïde, auraient ainsi un impact sur la régulation du sommeil. Mais les troubles du sommeil pourraient eux-mêmes avoir un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer, et d’autres maladies neurodégénératives. C’est du moins ce que suggèrent les travaux récents de plusieurs équipes de recherche qui montrent que le sommeil permet la dilatation d’un système de canalicules dans le cerveau qui seraient à même de permettre l’élimination des toxines et des déchets du métabolisme du cerveau. Le recours à des médicaments est fréquent pour améliorer la qualité du sommeil.
Il est particulièrement important d’éliminer une maladie qui peut entrainer une insomnie, ou une affection spécifiquement liée à une insomnie, avant toute prise en charge de cette affection.
Le médecin traitant peut donc être amené à prescrire des prises de sang pour éliminer une maladie endocrinienne (hyperthyroïdie, diabète). D’autres examens peuvent être nécessaires pour éliminer un reflux gastro-œsophagien, une maladie cardiaque, un syndrome d’apnée du sommeil. En cas de doute, un avis psychiatrique peut être nécessaire pour éliminer une anxiété ou une dépression masquée.
Enfin, une fois ces affections éliminées et en cas de persistance de l’insomnie malgré une première prise en charge, il peut être nécessaire d'adresser la personne à un spécialiste ou à un centre du sommeil.
Un enregistrement polysomnographique du sommeil (polysomnographie) peut alors être réalisé dans un centre spécialisé ou à domicile. Les appareils utilisés permettent d’enregistrer l'activité électrique du cerveau, les mouvements des yeux, le tonus musculaire du menton et l'activité cardiaque, grâce à des électrodes placées à différents endroits du corps. Cet examen est strictement indolore.
D'autres examens peuvent également être pratiqués, comme un enregistrement global des mouvements du corps sur un cycle de plusieurs jours (actimétrie). L’examen consiste à porter un bracelet qui enregistre les mouvements, ceux-ci étant assez bien corrélés à la qualité du sommeil.