Il n’existe pas de médicaments contre les troubles alimentaires à proprement parler. D’ailleurs, il est possible de guérir sans le moindre cachet. Les thérapeutiques données le seront à titre symptomatique. C’est-à-dire que l’on ne va pas agir sur la cause de la maladie mais sur les symptômes qu’elle engendre. Ainsi, pour lutter contre l’anxiété et la dépression, on pourra donner des anxiolytiques et des antidépresseurs sous certaines conditions. Mais attention, la prescription de psychotropes ne sera pas systématique chez les sujets jeunes. Dans certains cas, une supplémentation vitaminique et des compléments alimentaires seront conseillés pour favoriser la prise de poids et la reminéralisation des os. Enfin, chez les filles, les traitements hormonaux, comme la pilule, seront à manier avec une extrême prudence, surtout en période pubertaire.
La prise en charge d’un patient souffrant de troubles alimentaires doit se faire au cas par cas. Le premier critère à prendre en compte est l’âge de survenue. On ne traitera pas de la même façon un enfant et un adulte. Le médecin traitant restera néanmoins, dans la majeure partie des cas, le premier maillon de la chaîne. En première ligne, c’est lui qui va devoir penser au diagnostic. Ensuite, il décidera s’il est capable de coordonner les soins ou s’il préfère passer la main à un spécialiste. Pour un enfant, il est préférable de s’orienter vers un pédiatre ou un pédopsychiatre expert dans ce domaine, alors que pour un adulte, un psychiatre ou même le médecin traitant peuvent s’en charger. Le deuxième critère à prendre en compte est le stade avancé de la maladie au moment du diagnostic. Si le pronostic vital est en jeu, l’hospitalisation dans une unité spécialisée sera indispensable. Par exemple, en cas de dénutrition extrême, ou de risque suicidaire important. Si le diagnostic est fait précocement, un traitement ambulatoire sera privilégié.
Le traitement va s’organiser autour de trois grands axes : le retour à un poids normal, la rééducation du comportement alimentaire et la psychothérapie cognitivo-comportementale.
Le médecin va tout d’abord établir un contrat de poids avec son patient. Il va lui fixer un objectif minimum de poids à atteindre et un programme nutritionnel à suivre afin de pallier les éventuelles carences. Cette phase est la plus difficile à supporter pour le patient car la renutrition est perçue comme un échec de toutes les stratégies élaborées jusque-là pour éviter de prendre du poids. Chaque patient va avoir un programme personnalisé adapté. Pour permettre un suivi complet, le médecin peut avoir recours à l‘hospitalisation avec une interdiction formelle de tout contact avec l’entourage. Cet isolement pourra être levé comme récompense à l’accomplissement d’un objectif. En parallèle, des ateliers et des jeux de rôles seront organisés pour rééduquer le comportement alimentaire.
Cette thérapie est un des éléments clés du traitement. Elle va intervenir, une fois l’objectif de poids atteint, pour clôturer la prise en charge. Se déroulant sur plusieurs mois, la thérapie vise à travailler sur soi-même pour comprendre les raisons de ses actes. Le thérapeute éclairera le patient sur ses doutes, ses difficultés et ses souffrances. Le mot d’ordre sera la déculpabilisation. Avec une meilleure estime de soi, le patient va reprendre goût à la vie, aux plaisirs simples. Il pourra assister à des groupes de parole pour retrouver une vie sociale, et pourra mieux gérer son anxiété grâce à la sophrologie ou la relaxation. La famille et l’entourage joueront un rôle important dans des séances familiales pour préparer le retour au domicile. Si cette psychothérapie est indispensable pour guérir, elle n’est réellement efficace que pour des patients motivés ayant une réelle volonté de changement.
La boulimie sans anorexie est moins grave que l’anorexie mentale car le patient ne souffrira pas de dénutrition ou de carences. Il n’y aura donc pas de réelle prise en charge nutritionnelle à mettre en œuvre. Néanmoins la souffrance psychologique restera la même, c’est pourquoi l’accent sera mis sur les thérapies comportementales et de soutien. Ces thérapies vont permettre de réapprendre à accepter son corps, d’éviter la récidive des crises de boulimie, et d’organiser un suivi du patient dans le temps. Il faudra également procéder à la rééducation du comportement alimentaire.