Des mots pour les maux
La gonorrhée, communément appelée « chaude-pisse », « chaude-lance », « blennorragie » ou « gonococcie », car il s’agit d’une infection à gonocoque, donne souvent des infections de l’urètre ou « urétrite ».
Qu'est-ce qu’une blennorragie ?
La blennorragie ou « gonococcie » est une infection sexuellement transmissible (IST), liée à une infection bactérienne à Neisseria gonorrhea ou « gonocoque ».
Il s’agit d’un portage humain strict qui s’attrape uniquement par contact direct.
L’infection non traitée peut être à l’origine d’une inflammation chronique qui peut provoquer des lésions cicatricielles de différents organes de la sphère urinaire (« urétrite » chronique avec risque de sténose urétérale secondaire), génitale (« prostatite » et « épididymite » chez l’homme et « cervicite », « endométrite » ou « salpingite » chez la femme).
La diffusion de l’infection non traitée peut se faire au-delà, vers la cavité abdominale chez la femme (« pelvipéritonite »), voire à l’ensemble de l’organisme via une infection du sang (« septicémie ») avec risque d’atteinte articulaire (« arthrite »), cardiaque (« endocardite ») et cérébrale (« méningite »).
Quels sont les signes de la blennorragie ?
La gonorrhée se traduit par des signes qui touchent en premier les organes génito-urinaires, mais aussi la gorge, le rectum et même les yeux, voire l’ensemble de l’organisme.
Les signes de la gonorrhée apparaissent 2 à 7 jours après le rapport contaminant. Cependant, plus de la moitié des hommes et des femmes ne présentent aucun signe, en particulier en cas d’infection de la gorge et du rectum : les médecins parlent de « patients asymptomatiques ». Le problème est que ces personnes, même si elles n’ont pas de signes, restent contaminées et surtout contagieuses.
• Chez les hommes, lorsque des signes apparaissent, il s'agit principalement d'une rougeur et d'un gonflement de l'orifice urinaire sur le gland (« l'urètre »), c’est-à-dire une « urétrite », accompagnés d'une sensation de brûlure lors de la miction et d'un écoulement purulent, blanchâtre, au niveau du pénis.
• Chez les femmes, la blennorragie est moins souvent parlante (« asymptomatique »). Elles peuvent également souffrir de sensations de brûlures en urinant (« urétrite »), d’inflammation du col utérin (« cervicite ») ou de douleurs pendant les rapports sexuels (« dyspareunie »), d’écoulements vaginaux jaunâtres ou sanguinolents, voire de douleurs du bas-ventre.
• Dans les 2 sexes, il peut aussi s’agir d’une angine purulente en cas de rapports bucco-génitaux non protégés ou d’écoulement purulent par l’anus en cas d’infection du rectum lors de rapports anaux non protégés.
Quelles sont les causes de la gonorrhée ?
La gonorrhée est une infection à une bactérie de type cocci, dite « gram négatif » (coloration de Gram négative), Neisseria gonorrhea ou gonocoque. L’homme et la femme sont les seuls réservoirs et cette bactérie se transmet essentiellement lors de rapports sexuels non protégés avec un partenaire contaminant.
Tous les types de rapports sexuels peuvent être contaminants, y compris les rapports buccogénitaux (fellation et cunnilingus), ces derniers seraient même à l’origine de la moitié des cas en France.
La gonorrhée peut également être transmise à l’enfant au moment de l’accouchement.
Quels sont les facteurs de risque d’infection à gonocoque ?
La contamination se fait en grande majorité lors d’un rapport sexuel non-protégé avec une personne infectée, le plus souvent sans signe apparent.
La contamination touche aussi les voyageurs qui se rendent dans des pays où la gonorrhée est endémique et qui ont des relations sexuelles non protégées avec la population locale.
Les travailleurs de l’industrie pornographique et les prostitués peuvent être contaminés (risque plus élevé de résistance).
Quelles sont les complications de la gonorrhée ?
• Chez l’homme, une urétrite gonococcique non traitée peut s’étendre et remonter le long de l’urètre, dans les voies uro-génitales, pour provoquer une inflammation douloureuse de la prostate (« prostatite ») ou de l’épididyme (le cordon situé au-dessus de chaque testicule = « épididymite »). Parfois, les testicules peuvent être enflés ou douloureux. Ces complications peuvent être secondairement à l’origine de problèmes d’infertilité. Si l'infection persiste plusieurs mois, des rétrécissements de l'urètre peuvent survenir.
• Chez la femme, les complications seraient plus fréquentes (20 %) car la gonorrhée est plus souvent sans signe apparent net. L’inflammation des organes génitaux, l’utérus (« endométrite ») et les trompes de Fallope (« salpingite »), voire du péritoine dans le petit-bassin (« pelvipéritonite »), peuvent être à l’origine de modifications de ces organes, ce qui peut favoriser, après quelques mois ou quelques années, une « grossesse extra-utérine » (hors de l’utérus), des douleurs chroniques du ventre et une stérilité (ou « infertilité »).
• Pendant la grossesse, le gonocoque peut être transmis de la mère à l’enfant, en particulier au cours de l'accouchement, et provoquer une infection des yeux chez le nouveau-né (« conjonctivite gonococcique »). Cette conjonctivite chez l'adulte est rarissime (contact entre les mains souillées et les yeux). Chez le nouveau-né, la conjonctivite doit être systématiquement prévenue par l'instillation d'un collyre antibiotique ou au nitrate d'argent à la naissance. Les nourrissons dont la mère est infectée peuvent également souffrir d'abcès du cuir chevelu ou d'infection gonococcique disséminée.
• Dans les 2 sexes, l’infection à gonocoque peut se disséminer à tout l’organisme et être à l’origine d’infections articulaires (« arthrite ») et de la peau (« éruption cutanée »), voire d’infections cardiaques (« endocardite ») et méningées (« méningite »).
Les arthralgies et une polyarthrite sont des manifestations fréquentes des infections gonococciques disséminées : une arthrite purulente survient dans 30 à 40 % des cas. Toutefois, dans certains cas de polyarthrite, il pourrait s'agir d'une « arthrite réactionnelle » (ou spondylarthropathie) qu'il convient de distinguer d'une arthrite septique.
La présence d’une infection génitale à gonocoque expose également à un risque accru d’infection par le VIH. Inversement, en cas d’infection à VIH ou de SIDA, la gonococcie peut être plus grave.