Comment traite-t-on une hépatite chronique C ?
L’objectif du traitement de l’hépatite chronique C est d’éliminer le virus de l’organisme, ce qui permet de stopper le processus d’agression et de dégradation du foie. Le foie étant capable de se régénérer, la guérison permet aussi d’envisager une régression partielle de la fibrose hépatique mais, à partir d’un certain degré de fibrose, le traitement antiviral ne permet pas toujours de changer le cours évolutif vers une cirrhose ou un cancer du foie : ces dernières maladies relèvent alors de traitements spécifiques. D’autre part, les formes évoluées avec beaucoup de fibrose répondent moins bien aux antiviraux. Il est donc important de débuter le traitement avant que la fibrose soit trop importante et que n’apparaissent les problèmes du foie.
Jusque récemment, le traitement de référence de l’hépatite C chronique reposait sur l’association de deux molécules : « l’interféron-pégylé » et la « ribavirine ». Administré durant 24 à 48 semaines selon le profil (ou « génotype ») du virus, ce traitement permettait d’atteindre la guérison chez près de 40 % des personnes traitées. Pour les autres malades, cette bithérapie n’était, soit pas efficace, soit difficile à suivre car mal tolérée. Aucun traitement ne pouvait être proposé à ces personnes qui se retrouvaient en « impasse thérapeutique ».
Plus récemment, et grâce à une meilleure connaissance du virus par la recherche, des traitements hautement spécifiques du virus ont été développés. Les deux premières molécules de ce type ont été le « télaprévir » et le « bocéprévir ». Associée à la bithérapie de référence, chacune de ces molécules a permis de relever le taux de guérison à près de 70 % des personnes traitées.
Mais depuis 2014, une nouvelle génération de traitements antiviraux est apparue, avec une action directe contre le virus de l’hépatite C. Le plus souvent dénués d’effets secondaires trop gênants, ces derniers permettraient d’atteindre un taux de guérison de plus de 90 % en 12 semaines de traitement, voire moins, rendant obsolète le traitement par l’interféron. Les premières molécules à avoir été disponibles sont le « sofosbuvir » et le « siméprévir », mais d’autres molécules arrivent : « daclastavir », « dasabuvir »…
Différents protocoles d’association des molécules existent en fonction du génotype du virus, mais c’est une vraie révolution dans le traitement de cette maladie (voir le site de l’AFEF dans le chapitre Plus d’infos). Cependant, la lutte contre les résistances aux nouveaux antiviraux commence également. Des chercheurs ont montré comment ces résistances se produisent dans le foie et ont testé différentes stratégies afin de limiter ce phénomène.
Une grossesse est formellement contre-indiquée pendant le traitement contre l'hépatite C et pendant les quatre mois suivant l'arrêt du traitement chez la femme. Si une grossesse survient lors d'un traitement par interféron seul, le traitement doit être interrompu, mais la grossesse se déroule le plus souvent normalement. Le traitement de l'hépatite C chez la mère peut être proposé à nouveau après l'accouchement.
Si une grossesse survient lors d'un traitement comportant de la ribavirine, un avortement thérapeutique doit être envisagé. Chez un homme traité pour une hépatite C, il faut attendre 7 mois après la fin du traitement avant de procréer.
Il est important de préserver son foie de toutes les agressions (alcool, surpoids, médicaments hépatotoxiques). Le malade ne doit prendre aucun autre médicament sans demander un avis au médecin : beaucoup peuvent avoir un retentissement sur le foie et avoir des interactions avec le traitement antiviral.
Les médicaments anti-VHC aujourd’hui disponibles ne permettent pas toujours de guérir les lésions du foie lorsqu’elles sont importantes (fibrose sévère, cirrhose, cancer) : la recherche doit mieux décrire les mécanismes en jeu dans leur apparition et leur évolution, ainsi que les facteurs prédictifs de leur survenue, afin de pouvoir les contrer.
Est-il possible d’envisager une greffe de foie ?
Dans les formes sévères, une greffe du foie est parfois envisagée, en particulier en cas de cirrhose sévère, d’hémorragie digestive ou d’encéphalopathie. En France, 30 % des greffes de foie sont actuellement pratiquées chez des personnes atteintes d’hépatite chronique C, ce qui donne une idée de l’importance du phénomène.