Il n’existe pas de traitement curatif de la maladie et son évolution reste actuellement inéluctable. Pour autant des traitements médicamenteux existent déjà qui ont montré leur efficacité en termes de ralentissement du déclin cognitif par rapport aux malades non traités. Ces traitements sont indiqués au stade léger à modéré de la maladie. Ralentir la maladie, c’est aussi lutter contre les autres affections qui surviennent, maintenir du lien social, agir pour que le malade garde un bon état général et nutritionnel. Hélas, il n’y a pas eu de grande avancée thérapeutique depuis plus de 10 ans mais il n’y a jamais eu autant d’essais de nouveaux traitements qu’actuellement. L’espoir reste donc de mise !
De nombreux essais thérapeutiques testant de nouveaux médicaments sont en cours partout dans le monde. Ils sont désormais internationaux, dans le but de recruter le plus possible de malades volontaires pour participer à ces recherches. Tous les malades peuvent prétendre à cette participation, le plus souvent au sein de centres spécialisés. Les nouveaux traitements actuellement évalués visent les mécanismes pathologiques eux-mêmes de la maladie et non plus à pallier le dysfonctionnement des neurones. Hélas, la maladie d’Alzheimer est complexe et concerne un organe lui-même encore très mal connu. Ceci explique les récents échecs thérapeutiques. Il est probable que pour traiter efficacement la maladie, il faille recourir à des associations de molécules. Dans l’attente d’un traitement curatif, pouvoir stopper l’évolution serait déjà une grande victoire, sous réserve que le diagnostic soit le plus précoce possible.
La prise en charge du malade doit être globale et concerner aussi son environnement et les aidants. Elle fait intervenir l’ensemble du personnel médical. Les kinésithérapeutes sont chargés de la rééducation et de l’entretien musculaire et articulaire, individuellement ou en groupe ; les orthophonistes s’occupent de la stimulation neurocognitive et de la rééducation du langage ; les psychologues et psychomotriciens traitent les problèmes affectifs ou de comportement. Au début de la maladie, la stimulation cognitive (de la mémoire et du langage) est recommandée, elle est même souvent demandée par le malade. A un stade plus avancé, quand il existe des troubles de la conscience, elle doit être conduite prudemment car elle est parfois mal vécue.
L’opposition est un des troubles comportementaux classique de la maladie. Elle se définit par une attitude peu coopérante, voire une agressivité au moment où l’on demande au malade de faire ou de participer à une action, comme la toilette par exemple. Le malade peut aussi réduire ses activités à cause d’une apathie, c'est-à-dire un manque de goût ou d’entrain pour faire les choses qu’il affectionnait auparavant. Ces comportements sont difficilement vécus par les proches. Il est possible de lutter contre en instaurant une sorte de journée type, dans laquelle le malade se repèrera mieux. Il est parfois plus coopérant avec des personnes extérieures à la famille proche : auxiliaire de vie, orthophoniste… Dans tous les cas, il est inutile de forcer le malade à faire les choses. Mieux vaut valoriser les actions qu’il est toujours capable de faire seul.
L’effet de la stimulation cognitive réalisée par des professionnels expérimentés (psychologue, psychomotricien, orthophoniste, ergothérapeute…) est mal connu sur l’évolution naturelle de la maladie. En revanche, ces activités de stimulation sont généralement appréciées par les malades et leurs aidants. Elles permettent parfois de réapprendre à la personne des activités qu’elle avait abandonnées : cuisine, bricolage simple, activités ménagères… Des équipes spécialisées Alzheimer à domicile (ESAD) peuvent intervenir pour les mettre en place, si l’état du malade le permet encore. De manière générale, il faut lutter contre l’isolement et trouver des occupations appréciées par le patient, dans le but d’améliorer sa qualité de vie.
La maladie d'Alzheimer s'accompagne souvent de troubles du sommeil. Mais des nuits de mauvaise qualité pourraient aussi être un facteur aggravant. Si la maladie est connue pour altérer la qualité du sommeil, de plus en plus d’arguments suggèrent que la relation est à double sens. Les malades se plaignent souvent d’une qualité de sommeil dégradée, avec des nuits de plus en plus fragmentées. Dans les phases avancées de la maladie, il n’est pas rare de constater des inversions des cycles jour/nuit. Les modifications cérébrales induites pas la dégénérescence, notamment les dépôts d’amyloïde, auraient ainsi un impact sur la régulation du sommeil. Mais les troubles du sommeil pourraient eux-mêmes avoir un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer, et d’autres maladies neurodégénératives. C’est du moins ce que suggèrent les travaux récents de plusieurs équipes de recherche qui montre que le sommeil permet la dilatation d’un système de canalicules dans le cerveau qui seraient à même de permettre l’élimination des toxines et des déchets du métabolisme du cerveau dans la journée. Le recours à des médicaments est fréquent pour améliorer la qualité du sommeil. C’est une des indications de prescription des benzodiazépines, qui sont cependant sur la sellette depuis qu’une étude danoise a associé prise chronique et augmentation du risque de démence. Il existe donc des données qui lient Alzheimer et benzodiazépines, mais la relation est plus complexe que cela, difficile notamment de savoir si ce sont les médicaments ou les troubles du sommeil contre lesquels ils sont prescrits, qui sont responsables de ce lien. D’autres travaux ont mis en évidence un effet bénéfique de certains traitements pour le sommeil, et d’anesthésiants, chez des souris souffrant de maladies neurodégénératives. Ces molécules agiraient en améliorant l’élimination des protéines pathologiques (tau, amyloïde) du cerveau.
L’activité physique modérée a un effet protecteur contre la maladie d'Alzheimer. Elle peut même ralentir le déclin cognitif et l'ensemble des symptômes associés. Les premières études ont montré qu’il y a un bénéfice à pratiquer une activité physique, même lorsqu’on a commencé à développer les premiers signes de la maladie. Chez des malades d’Alzheimer, une activité d’intensité modérée réduit la concentration de protéine tau dans le liquide céphalo-rachidien et améliore le flux sanguin dans les centres de la mémoire et de l’analyse des informations. Si on veut se protéger de manière plus efficace contre la maladie d’Alzheimer, il faut commencer beaucoup plus tôt.