Des mots pour les maux
Les « attaques de panique » sont un signal d’alarme déclenché par le corps sans raison valable.
Le trouble panique est l’une des manifestations des « troubles anxieux ».
Une « anxiété anticipatoire » correspond à la crainte de subir à nouveau une attaque de panique, ce qui aboutit au développement de « conduites d’évitement ».
« L’agoraphobie » est la crainte de se trouver dans des lieux où il pourrait être difficile de fuir ou d’obtenir de l’aide en cas d’attaque de panique
Qu'est-ce que le trouble panique ?
On parle de trouble panique lorsque l’on vit dans l’angoisse d’une nouvelle attaque de panique et que cela conduit à modifier son comportement avec des « conduites d’évitement ». Le trouble panique est l’une des manifestations des « troubles anxieux ». L’anxiété et les attaques de panique ne sont pas graves en tant que telles, mais elles peuvent être impressionnantes, voire traumatisantes, pour la personne et son entourage.
Une attaque de panique est une crise d'angoisse aiguë très pénible (« crise de terreur ») qui apparaît de façon brutale et inattendue et dure de quelques minutes à quelques heures. La personne va ressentir une peur intense (de mourir, de devenir fou), une sensation de danger immédiat avec des perceptions physiques désagréables (palpitations, sueurs, tremblements, douleurs de la poitrine…) qui vont être plus ou moins spectaculaires et vont aggraver la peur ressentie. La personne a l'impression de perdre totalement le contrôle.
Habituellement, lorsqu’une peur panique est déclenchée en présence d’un danger réel, la réaction de terreur peut sauver la vie de la personne. Mais en état de crise de panique, la réaction de terreur se produit alors qu’il n’y a aucune raison de donner l’alarme. Ces crises de panique se produisent donc souvent de façon inopinée, dans un cadre familier ou dans une situation qui ne présente pas de danger réel. Il n’en demeure pas moins que le sentiment de terreur est bien réel et associé à des manifestations physiques et psychologiques extrêmes.
Progressivement, une « anxiété anticipatoire » s’installe. La personne vit dans la crainte de subir à nouveau une attaque de panique. Cette crainte de la voir réapparaître n'importe où et n'importe quand peut entraîner des « conduites d’évitement » avec des conséquences dans tous les domaines : professionnel (absentéisme), personnel (peur de sortir de chez soi), familial (conflit) et une baisse importante de la qualité de vie de la personne.
Le trouble panique peut parfois être accompagné « d’agoraphobie », c’est-à-dire la crainte de se trouver dans des lieux où il pourrait être difficile de fuir ou d’obtenir de l’aide en cas d’attaque de panique. Certains agoraphobes ne circulent que dans un périmètre restreint ou ont besoin d’être accompagnés d’une personne de confiance pour leur moindre déplacement, ce qui affecte souvent la famille et les amis.
La fréquence des attaques de panique varie d’une personne à l’autre. Certaines personnes n’en feront qu’une ou deux sur toute leur vie alors que d’autres en auront plusieurs par jour.
Quels sont les signes du trouble panique ?
Les principaux signes de l'attaque de panique sont à la fois psychiques, physiques et comportementaux.
Souvent, les signes surviennent brutalement, sans réel facteur déclenchant. Ils atteignent leur intensité maximale en quelques minutes et durent en moyenne une demi-heure. Des sensations physiques désagréables augmentent l'angoisse et la peur créant ainsi un véritable cercle vicieux.
Les signes physiques varient d'une personne à l'autre et d'une attaque de panique à l'autre et peuvent conduire à rechercher d’autres maladies (infarctus, asthme…). Il peut s’agir de signes évocateurs d’une maladie cardiaque comme une accélération du rythme cardiaque (« tachycardie »), voire de véritables palpitations, avec douleurs ou gêne dans la poitrine. Il peut aussi s’agir d’une gêne respiratoire évocatrice d’une maladie du poumon avec une sensation d'étouffement, des malaises, un étourdissement, des vertiges, mais aussi une maladie aiguë du ventre avec des douleurs dans le ventre, des nausées, des vomissements, des diarrhées. Parfois, on observe des tremblements, des secousses musculaires, une vision floue, des sifflements ou des bourdonnements d’oreille (« acouphènes »), des sueurs, des frissons, des bouffées de chaleur… Seul un examen attentif par le médecin pourra distinguer ces signes physiques d’angoisse de la maladie du corps (« affection somatique ») qu’elle peut évoquer (asthme, troubles cardiaques, urgence chirurgicale digestive…) et qui, par ailleurs, peut aussi s’associer à des signes anxieux.
Les sensations psychiques sont dominées par des pensées catastrophiques et une sensation de perte de contrôle avec différentes peurs : peur de s’étouffer, de s’évanouir, de mourir, d’avoir un malaise cardiaque, de devenir fou.
Afin de lutter contre ces peurs, certaines personnes vont fuir rapidement le lieu dans lequel elles se trouvent en tentant de dissimuler l'expérience éprouvante, d'autres sont sidérées, incapable de bouger. Dans les formes les plus sévères d'attaque de panique, une impression de dépersonnalisation et/ou de déréalisation peut exister avec une perte de contact avec la réalité.
Quelles sont les causes du trouble panique ?
Le trouble panique n’a pas de cause unique, il résulterait de la combinaison de plusieurs facteurs génétiques, biologiques et psycho-sociaux que les chercheurs tentent d’éclaircir.
Selon certaines théories, il s’agirait d’une réaction inappropriée ou excessive au stress. Ainsi, différentes situations de peur et d’angoisse (dont celle de ne plus pouvoir respirer) peuvent déclencher l’hyperventilation, qui peut elle-même engendrer certains signes, en particulier les vertiges, l’engourdissement des membres, les tremblements et les palpitations. À leur tour, ces sensations aggravent la peur et l’anxiété. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui s’auto-entretient par l’intermédiaire de certains neurotransmetteurs dans le cerveau.
Le trouble panique apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou chez l’adulte jeune. La première crise peut se produire après une période de grande tension psychique, par exemple la perte d’un être cher, une séparation, une maladie, un accident ou encore un accouchement. Les crises de panique, et surtout leur anticipation, persistent même après que la situation de stress ait disparue.
Comment évolue le trouble panique ?
Sans aide adaptée, le trouble panique peut progresser et causer une détresse encore plus importante. La menace constante de ne pas savoir quand, ni où, une nouvelle crise va se produire peut provoquer une « anxiété d’anticipation », c’est-à-dire la crainte constante que d’autres crises de panique ne se produisent. Il ne suffit pourtant pas d’éviter les situations ou les endroits redoutés pour empêcher ce sentiment d’anxiété ou de peur.
Le trouble panique évolue le plus souvent sur un mode chronique. Non traité, il connaît une évolution souvent fluctuante avec des phases de rémission spontanée mais aussi des phases de poussées qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois ou plusieurs années.
Certains troubles psychiatriques comme « l’agoraphobie » ou la dépression peuvent apparaître secondairement à la répétition d’attaques de panique. La crainte d'être envahi par une nouvelle attaque dans un lieu public sans possibilité d'être secouru peut induire de nouvelles peurs comme la peur de sortir, d’être en présence d’inconnus ou de participer à des activités sociales ou professionnelles diverses.
Quelles sont les complications du trouble panique ?
Les crises de panique, l’anxiété d’anticipation et les conduites d’évitement peuvent avoir des conséquences graves si elles ne sont pas traitées.
Les victimes de ce trouble sont donc plus à risque de dépression que la population en général, avec les complications que cela implique, en particulier le risque de suicide.
Dans leurs efforts désespérés pour éviter les crises de panique, certaines personnes abusent de l’alcool, des drogues (cannabis) ou de certains médicaments comme les benzodiazépines.
On retrouve aussi différents troubles psychiatriques très fréquemment associés au trouble panique : la phobie sociale, le « trouble de l’anxiété généralisée », les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou encore le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Sans prise en charge adaptée, ils ne font alors qu’aggraver les signes de façon inexorable.