La dépression est une maladie qui est associée à une perturbation du fonctionnement du cerveau : elle affecte l’ensemble de la pensée ainsi que la personnalité. La volonté seule ne suffit pas pour agir sur une maladie aussi complexe. Un traitement est donc absolument nécessaire quand on souffre de dépression.
La nécessité d’un traitement est une idée parfois difficile à accepter pour certains malades. Pour des raisons psychologiques et culturelles (tendance à penser qu’il serait préférable de « s’en sortir par soi-même », que se faire soigner serait une « facilité »…), mais aussi en raison d’une certaine « paralysie de la volonté » liée à la maladie elle-même, le malade ne peut pas s’en sortir tout seul. Mais, se faire soigner, suivre une psychothérapie ou un traitement médicamenteux, c’est aussi redevenir acteur de son destin.
La guérison d’un trouble psychique nécessite une participation et un engagement importants de la part du malade. Une prise en charge thérapeutique est le fruit d'une collaboration entre le médecin généraliste, le psychiatre et éventuellement d'autres professionnels de santé. Le rôle de l’entourage ne doit pas non plus être sous-estimé, dans la mesure où il peut protéger un malade qui a perdu confiance en lui.
Avant de mettre en route un traitement, il faudra toujours évaluer le risque de suicide et donc ne pas hésiter à aborder systématiquement ce sujet avec le malade. L’autre préalable important au traitement est de rechercher s’il n’y a pas des antécédents de dépression récidivante, soit chez le malade lui-même, soit dans sa famille, voire de troubles bipolaires (avec alternance de dépression et d’épisodes maniaques).
Lorsqu’une dépression est diagnostiquée chez un enfant ou un adolescent, le traitement consiste d’abord en la mise en place de mesures de soutien psychothérapeutique (familial ou individuel) avec l'aide d'un professionnel du psychisme des enfants (« pédopsychiatre »). Il peut également se révéler nécessaire de modifier l’environnement de l’enfant (par exemple le changer d’école) s’il est malheureux là où il est. Le consensus en France est que la psychothérapie reste le traitement de première intention. La psychothérapie est recommandée, quel que soit le type de dépression. Il y a différents types de psychothérapies (interpersonnelle, cognitivo-comportementale, psychodynamique…) dont l’efficacité a été validée. Une psychothérapie agit sur des comportements qui peuvent favoriser l'apparition ou la persistance d'une dépression.
Chez les adolescents, le traitement psychothérapeutique systématiquement mis en place peut s’accompagner d’un traitement à l’aide de médicaments si la dépression est sévère et durable ou si la psychothérapie ne suffit pas à soulager rapidement les signes. Depuis quelques années, il existe une remise en cause de l’usage des médicaments antidépresseurs chez les jeunes patients, et en particulier les adolescents. En effet, les études ont montré que les médicaments utilisés contre la dépression peuvent, chez ce type de patient, augmenter le risque de comportement suicidaire ou hostile (colère, agressivité, opposition systématique aux adultes). Il est admis que les traitements médicamenteux n’ont que peu d’effets sur les dépressions de l’enfant et de l’adolescent et seule la fluoxétine est autorisée en France pour la dépression de l’enfant et du jeune adolescent. Une méta-analyse publiée dans le « Lancet » portant sur quatorze médicaments relève que la plupart des antidépresseurs disponibles ne sont guère efficaces et ne sont pas supérieurs au placebo et qu’une seule molécule, la fluoxétine, a un effet bénéfique.
Les enfants et les adolescents qui prennent des antidépresseurs doivent être très surveillés, quel que soit l’antidépresseur choisi, en particulier au début du traitement. Ces prescriptions doivent être réservées à l’hôpital et ne pas être effectuées en médecine générale, afin de regarder de près d’éventuels effets secondaires, surtout le risque suicidaire. De plus, la biologie de l’enfant et de l’adolescent, sous l’effet des hormones sexuelles, mérite une attention particulière quand on prescrit des médicaments.
Les antidépresseurs mettent deux à quatre semaines avant d’agir et la prise régulière du traitement est indispensable. Une fois l'amélioration obtenue, ils sont poursuivis pendant quatre à six mois minimum pour consolider les résultats obtenus au cours des premières semaines. Un arrêt précoce du traitement est souvent à l'origine de récidives de la dépression. L'arrêt du traitement doit être discuté avec le médecin et doit se faire progressivement, sur plusieurs semaines.
Si le risque suicidaire est élevé et si le médecin estime qu'il s'agit d'une urgence, une hospitalisation doit être envisagée. En dehors de cette situation d'urgence, l'hospitalisation peut également être prescrite pour évaluer une situation complexe ou lors d'un changement de traitement.
D’autres médicaments peuvent être prescrits, comme le lithium dans certaines formes de dépression ou un anxiolytique s’il existe une anxiété associée, voire même des antipsychotiques dans les dépressions résistantes.
La luminothérapie est préférable dans les formes de dépression saisonnières. Elle consiste à exposer les yeux à une lumière dont la nature est proche de celle du soleil mais sans les infra rouges ni les ultra violets qui sont dangereux pour la peau et les yeux. Elle a une forte intensité : 10 000 lux, ce qui est très supérieur à la lumière dans les pièces (200 à 300 lux), pendant 30 minutes, chaque jour pendant 2 semaines.
La stimulation magnétique transcrânienne est une alternative thérapeutique possible pour les personnes souffrant de dépression sévère résistante à tous les médicaments. Elle n’est toutefois pas efficace dans tous les cas. Plusieurs études ont montré de bons résultats sur des dépressions résistantes à tous les médicaments. Cette technique consiste à appliquer une bobine magnétique à proximité du cerveau pour en stimuler certaines zones. Il s’agit notamment du cortex préfrontal, connecté à des structures sous-jacentes dont l’amygdale impliquée dans la dépression. La bobine génère un courant magnétique à haute fréquence qui induit un courant électrique au niveau des structures cérébrales, produit une dépolarisation neuronale et active les cellules nerveuses. Le champ délivré est d'une intensité similaire à celui produit lors d'une imagerie par résonance magnétique (IRM). Cette technique a malheureusement ses limites : elle n’est pas efficace chez tous les patients, elle est longue à pratiquer et très coûteuse. A ce titre, l’identification de facteurs prédictifs de réponse à ce traitement serait utile aux praticiens.
De vieilles études ont montré que l’implication de la famille facilitait la récupération et même accélérait la récupération symptomatique. La famille doit donc soutenir et protéger le malade, en l’accompagnant de façon bienveillante et en évitant les incitations du genre : « secoue-toi un peu, enfin » ce que le malade est par définition incapable de faire.
Il faut vraiment que la famille soit impliquée dans le soin et aussi au moment de l'évaluation. Il y a des enfants qui disent qu'ils ne fonctionnent pas trop mal, alors qu'en fait, la famille explique « qu'il a dit ça mais en fait il n’arrive absolument pas à faire les choses ». « C'est vrai qu'il est mieux, qu'il est moins triste, moins anxieux, mais il ne fait pas grand-chose ».