Quand faut-il évoquer un cancer colorectal ?
Sauf en cas d’antécédents familiaux, il faut penser au cancer colorectal chez tout homme et femme à partir de l’âge de 50 ans, âge où le risque commence à augmenter, qui se plaint de troubles digestifs inhabituels et persistants.
Mais avant d’en arriver là, le seul moyen efficace de surveillance est le dépistage par recherche de sang dans les selles.
En quoi consiste le dépistage du cancer colorectal ?
Le dépistage du cancer colorectal est recommandé chez les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans. Pour qu’il soit efficace, il doit être réalisé tous les deux ans.
Le principe est simple, il s’agit de la recherche de sang dans un prélèvement de selles. Les personnes concernées reçoivent un courrier les invitant à se rendre chez leur médecin pour retirer un kit de dépistage. A l’intérieur de ce kit, se trouvent un mode d’emploi, une fiche d’identification, des étiquettes, un dispositif de recueil des selles, un tube de prélèvement, un sachet et une enveloppe de retour affranchie.
La réalisation du test est facile. Premièrement, il faut remplir la fiche d’identification avec toutes les informations nécessaires pour que la demande puisse être valide. Ensuite, il faut coller la petite étiquette avec le nom, le prénom, la date de naissance sur le tube de prélèvement et noter à la main la date de réalisation du test.
Une fois les tâches administratives réalisées, il est temps de passer aux travaux pratiques. Après avoir placé le dispositif de recueil de selles sur la lunette des toilettes, il suffit de déféquer mais en faisant attention de ne pas souiller la matière fécale avec de l’urine ou d’autres liquides comme de la javel ou du détergent. Il est donc conseillé d’uriner avant de déballer le kit. Une fois la selle moulée, il faut ouvrir le tube de prélèvement, et utiliser la tige en plastique du bouchon. Celle-ci possède des stries qui vont servir à recueillir l’échantillon de selles. Pas besoin de prendre un gros morceau, il suffit juste de gratter à la surface jusqu’à ce que les stries soient entièrement recouvertes. Ensuite, il faut reboucher le tube et bien le secouer pour que le liquide de conservation s’imprègne du prélèvement. Enfin, il faut placer le tube et la fiche d’identification dans le sachet et mettre le tout dans l’enveloppe préaffranchie. Il est impératif de poster la lettre le jour du prélèvement et éviter les samedis et les veilles de jours fériés.
Une fois l’analyse des selles réalisée dans le laboratoire d’analyses médicales, les résultats seront envoyés au domicile ainsi qu’au médecin traitant. A noter que le test de dépistage est pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie.
Comment comprendre les résultats du dépistage ?
Une fois le compte-rendu du laboratoire reçu, trois résultats sont possibles.
• Soit le test est négatif, ce qui veut dire qu’aucune trace de sang pouvant témoigner de la présence d'un cancer ou de lésions précancéreuses n’a été mis en évidence. Le test devra alors être réalisé à nouveau deux ans après.
• Soit le résultat est ininterprétable et doit être refait à cause d’un prélèvement non conforme.
• Soit le résultat est positif, ce qui confirme la présence de sang dans les selles. Attention, cela ne pose en aucun cas le diagnostic de cancer colorectal. Mais pour savoir ce qui provoque ce saignement, un rendez-vous chez le gastroentérologue sera nécessaire afin de réaliser une coloscopie.
Comment faire le diagnostic d’un cancer colorectal ?
Le plus souvent, le cancer colorectal est découvert au cours du dépistage par recherche de sang dans les selles. Mais lorsque celui-ci n’est pas réalisé, le cancer pourra être diagnostiqué lorsque les premiers signes apparaîtront.
A l’interrogatoire, le médecin va identifier les signes cliniques évocateurs que sont les saignements et les troubles digestifs. L’interrogatoire se poursuivra par la recherche des facteurs de risque de cancer colorectal. Ensuite, le médecin réalisera un examen clinique. Une palpation abdominale et pelvienne pour objectiver une tension dans cette zone et palper les ganglions, synonymes d’atteinte extensive du cancer. Un toucher rectal peut être fait en même temps afin de mettre en évidence une masse qui se situerait dans le rectum. Mais l’examen qui permet de confirmer le diagnostic de cancer est la coloscopie après « préparation » de l’intestin.
La « coloscopie » consiste à introduire par l’anus une caméra positionnée sur un tube souple. Elle permettra à l’opérateur de visualiser l’intérieur de la cavité du côlon et du rectum afin de mettre en évidence un masse ou un polype suspect de cancérisation. Dès qu’une zone paraît suspecte, le médecin réalisera une ou plusieurs biopsies. Le prélèvement sera envoyé directement au laboratoire d’anatomopathologie pour analyse. Sous anesthésie générale ou sous sédation, l’examen durera environ une demi-heure. En cas d’impossibilité de réalisation de la coloscopie, il sera possible de faire un « coloscanner », qui reprend le principe d’un scanner classique mais centré sur le côlon dans lequel aura été insufflé du CO2.
D’autres examens pourront être prescrits pour évaluer le retentissement sur l’organisme d’un cancer au stade évolué. Une imagerie par résonnance magnétique ou IRM pour évaluer l’infiltration locorégionale et un scanner du thorax pour vérifier l’absence de métastase.
Il existe peu d’examens biologiques à proposer pour aider au diagnostic. Néanmoins, parmi les marqueurs tumoraux disponibles, « l’ACE » pour « Antigène Carcino-Embryonnaire » permet de détecter les adénocarcinomes et de suivre l’évolution dans le temps du cancer.
Faut-il consulter en urgence ?
Au début de la maladie, c’est le dépistage qui est très important pour agir avant que le cancer devienne une urgence.
Mais dans tous les cas, n’importe quel saignement d’origine digestif (dans les selles ou directement au niveau anal) est anormal et doit faire consulter en urgence. Il est primordial de mettre en évidence la cause du saignement, qu’il s’agisse d’un cancer ou d’une toute autre éventualité.