« Nous avons confronté les résultats de l’Office national d’indemnisation des victimes d’accidents médicaux avec ceux de très récentes études épidémiologiques. Ca ne colle pas ». La pneumologue brestoise Irène Frachon, à l'origine de la révélation de l'affaire du Mediator n'est pas contente, et elle le fait savoir. Dans une interview publiée par le quotidien régional le Télégramme de Brest, elle s'alarme du taux de rejet des dossiers d'indemnisation des malades par les experts de l'Oniam et affirme que dans certains cas les demandes sont injustement refusées.
Tout d'abord, la pneumologue reconnaît que la majorité des dossiers est rejetée à juste titre « Nous ne contestons pas qu'une majorité de dossiers, plus de la moitié, sont écartés à juste titre. Les pathologies rapportées n'ont rien à voir avec le Mediator », souligne-t-elle.
Pourtant, d'après le Dr Frachon, les experts ne tiendraient pas compte des études existantes pour les dossier restants. « Pour l'Oniam, sur les dossiers que nous avons pu étudier (82), le lien entre la prise de Mediator et les troubles constatés est reconnu dans moins de la moitié des cas, quand les études mettent en avant une probabilité de causalité supérieure à 90 % », affirme la pneumologue. Et elle rajoute, « c'est notamment vrai pour les atteintes les moins graves, celles pour lesquelles manquent des preuves physiques flagrantes ».
Enfin, Irène Frachon, Philippe Nicot, expert pour la Haute Autorité de Santé, et Catherine Hill, épidémiologiste, affirment qu'elles vont publier des nouvelles preuves accablantes contre le médicament des laboratoires Servier, dans la revue scientifique La Presse Médicale, qui paraîtra en avril. « Cette étude, qui fait la synthèse des connaissances sur le Mediator et qui calcule enfin avec précision le risque qui lui est attribuable, a été relue et validée par des experts en épidémiologie », prétend Irène Frachon. La pneumologue brestoise espère que cette démonstration scientifique permettra de sauver « des centaines de dossiers ». Ces preuves devraient également permettre aux experts « d'examiner beaucoup plus rapidement » les dossiers qui leur sont soumis. « Au rythme actuel, nous avons calculé que l'Oniam aura terminé son travail fin 2018. Avec notre méthode, tout peut être réglé en six mois. » conclut-elle.
Pour rappel, dans un point rendu public fin janvier, l'Oniam reconnaissait que sur 7500 dossiers déposés, 836 avis avaient été rendus par l'Office. Parmi eux, seulement 64 se sont avérés favorables. Un taux d'indemnisation de 7,6% pour les victimes.