C’est le Guardian, journal anglais, relayé par le site Slate, qui le raconte : des écoles allemandes font porter des vestes remplies de sable, lourdes de 1,2 à 6 kg, dans l’espoir de calmer leurs élèves hyperactifs ! Pour « changer le comportement des enfants qui les portent et les rendre plus calmes ». Et pourquoi pas des menottes et des baillons !
Heureusement, les psychiatres et les médecins ont violemment réagi devant cette méthode barbare qui aurait cours dans quand même près de 200 écoles en Allemagne.
« Mon enfant est un hyperactif »… La tentation est forte, devant un enfant difficile, turbulent, de lui coller cette étiquette très à la mode plutôt que celle de « sale gosse ». Or l’hyperactivité n’est qu’un symptôme qui participe à une atteinte psychiatrique très médiatisée : le TDAH, pour « Trouble Déficit de l’Attention / Hyper activité ». Un diagnostic qui toucherait 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire dans notre pays, un à deux par classe, soit 400 000 âgés de 4 à 18 ans. La médiatisation de l’hyperactivité a masqué l’importance des autres symptômes qui appartiennent à trois familles : l’agitation mais aussi l’impulsivité (manque de patience, colères) et surtout le déficit d’attention.
Invention ou particularisme américain, surévaluation ? Ces accusations ne sont pas nouvelles, rien de typique de notre époque, ou de notre mode de vie moderne : la médecine en parle depuis le 19e siècle, et dans des sociétés qui n’ont pas bénéficié de notre développement, on rencontre des enfants souffrant des mêmes symptômes.
On n’a pas identifié de zone responsable dans le cerveau ; il s’agit plus probablement de défauts de maturation des circuits, ce qui explique qu’un tiers des enfants guérissent sans traitement, grâce au processus du mûrissement que l’on doit accompagner.
L’éducation est-elle en cause?
La plupart des familles de malades semblent manquer de constance dans les exigences de la vie quotidienne mais cela ramène à la génétique : son importance est telle, retrouvée dans 70 % des cas, qu’il n’est pas rare qu’un parent soit atteint de la même maladie ; voire les deux… ce qui ne facilite pas le traitement !
L’absence d’anomalie du cerveau ou de modification chimique décelable conduisent certains médecins à parler d’invention pour justifier la prescription de médicaments, psychostimulants, considérés par certains comme des drogues.
Un monde de paradoxes
Le traitement du TDAH est le monde des paradoxes : emploi de jeux vidéos pour stimuler l’attention, alors qu’il y a encore peu on les disait facteurs d’aggravation, et surtout utilisation d’un médicament proche des amphétamines. Prescrire un stimulant paraît de prime abord paradoxal chez un hyperactif. En fait, on utilise son action sur le déficit de l'attention, ce qui a pour conséquence de calmer l'agitation. Un rapide tour sur internet montre l’ambiance passionnelle qui entoure ces médicaments, que certains n’hésitent pas à appeler « kiddy coke », la drogue des enfants. Un traitement très discuté, probablement efficace, mais trop prescrit chez près de huit millions d’enfants dans le monde.
En France, seuls 5 % des TDAH suivent ce traitement médicamenteux qui n’est réservé qu’aux formes graves et en cas d’échec des autres approches. Nos médecins préfèrent les technique de rééducation, l’éducation de l’enfant certes mais aussi des parents, le travail avec les enseignants ; de vraies solutions mais beaucoup plus contraignantes que le recours à une simple pilule…
Toutes les pistes doivent être explorées.
Il n’y a pas de lien entre le TDAH et l’intelligence, et les difficultés scolaires dont souffrent la plupart de ces enfants sont liées aux troubles du comportement ou au déficit d’attention. Pourtant, en vieillissant, 50 % des enfants conservent leurs symptômes, ce qui explique le chiffre de 7 % de la population adulte atteinte, selon l’étude la plus récente.