Cela commence souvent par une plainte surprenante, « J’ai mal à ma poitrine ! », et la constatation, par une maman sidérée, qu’à l’endroit désigné par la fillette, ce sont deux petits seins en cours de formation qui pointent. Ce peut-être aussi l’arrivée inopinée des règles.
La puberté normale apparaît entre 9 et 13 ans pour la fille (moyenne 11 ans) et 11 et 15 ans pour les garçons (moyenne 13 ans). Cela devient inquiétant lorsqu’elle survient à 8, 9 ans, ou avant.
La puberté précoce n’est pas qu’une constatation esthétique.
Les hormones, sécrétées trop tôt, déclenchent un processus, normal mais prématuré, qui va se traduire par l’apparition de poils, le gonflement des testicules chez les garçons, la survenue des règles. Rien qui puisse paraître grave, si ce n’est déplaisant pour des enfants qui n’ont pas suivis la même maturation psychologique.
Un effet reste toutefois médicalement préoccupant : l’arrêt beaucoup trop hâtif de la croissance. L’os reçoit un peu vite des hormones, le signal qu’il a atteint la taille adulte. La croissance est stoppée. Elle est harmonieuse mais l’enfant gardera à vie une taille très inférieure à la normale. C’est souvent l’enfant et son entourage qui tirent le signal d’alarme, car le médecin de famille passe plutôt à côté du diagnostic.
Une demie heure…
Toute suspicion de puberté précoce doit être explorée par un spécialiste. Cela dure une demie journée, à l’hôpital. Tout est simple et logique, à l’aide de quelques examens simples. On dose d’abord les hormones ; Leur taux est toujours trop élevé. Puis une radio du poignet permet de donner l’âge réel des os, avec beaucoup de précision. Si tous ces examens confirment la puberté précoce, une IRM systématique de l’hypophyse – une petite glande située au milieu du cerveau, responsable de la sécrétion des hormones – évitera de passer devant une cause grave, mais rare. Dans plus de 90% des cas ce bilan rassurant permettra de commencera le traitement : l’injection d’un produit qui va freiner la production des hormones. Un traitement pour lequel on possède plus de 25 ans de recul et qui n’a jamais montré d’effets secondaires, à part d’exceptionnels cas d’allergie. Les résultats sont rapides, mais le traitement poursuivi pendant deux ans. La médecine a longtemps oublié l’impact psychologique de l’arrivée trop rapide d’un enfant dans le monde hormonal des adultes. Ce n’est pas une situation facile à gérer lorsque l’aspect d’une enfant devient celui d’une adolescente, au milieu de copines toujours dans l’attente des premières manifestations de leur féminité.
C’est fondamental de prendre en compte cet aspect de la puberté précoce
Il faut en parler et de s’aider de psychologues qui connaissent bien les réponses simples à apporter à l’enfant et sa famille.
L’augmentation des cas n’est pas expliquée
Reste pour les spécialistes l’énigme de la multiplication, assez récente, des cas. Pourquoi cette accélération de la nature ? Certes l’hérédité est un facteur important et une mère ou un père qui ont vécu ce problème, doivent être vigilant. Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses dont aucune n’est satisfaisante : changements climatiques, libéralisation des informations d’ordre sexuel, rien ne peut expliquer. La seule piste sérieuse réside dans le changement des habitudes alimentaires, depuis une trentaine d’année ; En particulier la vague d’obésité qui passe sur le monde industrialisé : les petites filles trop enveloppées ont une puberté qui semble plus précoce. Une règle primordiale : en aucun cas les parents ne doivent ressentir la moindre culpabilité : aucun événement de la vie ou mode d’éducation n’est responsable de ce retard ou avance de l’horloge interne de leurs enfants. Et la puberté tardive ? Elle est curieusement moins à la mode mais presque aussi fréquente et obéit aux même règles de traitement. Quelle que soit le type de puberté.