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Sang de cordon

Le don d’ « organe » commence à la naissance

Par Dr Eric Du Perret

On peut prélever, au moment de la naissance, le sang du cordon ombilical. Une solution de plus dans le traitement des cancers du sang.

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Les cancers du sang tiennent leur mauvaise réputation de la brutalité de leur apparition, de l’absence de symptômes particuliers et surtout, autrefois, de la gravité du pronostic. Pourtant, c’est plutôt un message d’espoir que donnent aujourd’hui les médecins, qui n’est pas – loin s’en faut – la règle en médecine.

Un cancer du sang se résume, pratiquement toujours, en la présence de cellules folles dans la circulation sanguine. C’est au niveau de la moelle osseuse (et non pas la moelle épinière) que se fabriquent les globules blancs, petits soldats de la lutte contre les agressions. Ces globules blancs détruisent les milliers de microbes qui nous attaquent quotidiennement, sans que l’on en ait conscience.  Lorsqu’une cellule mère, qui fabrique ces soldats, devient cancéreuse, c’est le régiment entier qui en porte la marque et se révèle incapable d’accomplir le travail. Pire il attaque sa propre armée !

Le traitement (chimiothérapie) consiste à tuer ces cellules malignes mais la médecine n’est pas encore d’une précision suffisante et souvent ne supprime pas que l’ennemi mais aussi toutes les cellules saines, rendant, pendant le traitement, le malade sensible à la moindre des infections.

La greffe

 La greffe de moelle osseuse, donc l’apport de cellules saines, est venu considérablement améliorer le pronostic. Sous réserve de trouver un donneur compatible, soit dans la famille (frères et sœurs), soit par l’intermédiaire d’un registre mondial de donneurs volontaires, la greffe d’une moelle saine permet de passer la phase critique et de redémarrer une nouvelle vie. Donner sa moelle osseuse est un geste aussi important que donner ses organes après la mort. La différence, essentielle, est que ce don s’effectue du vivant du donneur, et qu’il est sans conséquences néfastes sur sa santé.  Une prise de sang suffit pour être inscrit dans le registre. Qu’un malade dans le monde soit compatible avec votre moelle et l’organisme de coordination fera appel à votre générosité pour faire le prélèvement, qui se fait à l’hôpital et souvent sous anesthésie générale. Ce n’est donc pas une décision anodine même si la probabilité d’être appelé est faible. Elle doit être cependant prise en compte, ce qui freine l’élan de générosité. 

Conséquence, le monde manque de donneurs…

Les spécialistes ont imaginé une autre stratégie : avoir recours au sang qui est contenu dans le cordon ombilicale qui relit la maman à son bébé et qui contient des cellules mères très performantes, à un stade très primitifs ressemblant étonnement aux cellules de la moelle osseuse. Elles ne demandent qu’à poursuivre leur production de cellules sanguine, dès qu’on les injecte chez un receveur.  Le cordon prélevé au moment de l’accouchement, sans aucune conséquence pour la maman et son bébé, est conservé dans des banques publiques en France, avec toutes les garanties éthiques et réglementaires, ce qui n’est pas forcement le cas ailleurs. Le professeur Mohamad Mohty, de l’hôpital Saint Antoine à Paris, un de nos meilleurs spécialistes de cette technique, lance un appel : « Ces cancers étaient jusqu’à l’arrivée de la greffe souvent incurables ; Ce n’est plus le cas ! Il faut déployer tous les efforts pour encourager le don, y compris celui du sang de cordon ».  

Le don de sang de cordon est indolore et sans danger pour la mère et pour l’enfant. Il est issu du placenta et prélevé au niveau du cordon ombilical, tout de suite après la naissance de l’enfant.

Une fois recueilli, il est analysé et s’il répond aux critères prédéfinis, il devient un greffon de cellules souches hématopoïétiques. Chaque greffon est congelé et conservé dans une banque autorisée située à proximité d’une maternité. Il est important de préciser aux patientes désireuses de faire ce don que pour permettre une meilleure conservation des greffons, ce prélèvement ne peut être effectué que dans les maternités appartenant au réseau français du sang placentaire (RFSP).

Pas de mise de côté au cas ou…

Contrairement aux idées reçues, la conservation de sang de cordon à des fins autologues (ou pour son propre enfant) est, sauf dérogation, interdite par la loi en France. En conformité avec la loi de bioéthique, le don de sang de cordon repose sur les principes intangibles du consentement, de la gratuité et de l’anonymat.

Toutefois, une nuance :  si l’on a augmenté le nombre de banques de sang de cordon, la France ne dispose actuellement que d’environ 20 000 prélèvements alors qu’il en existe 400 000 de par le monde.