Les Grecs auraient-ils honte de leur alimentation traditionnelle ? A un moment où l’économie globale est aux restrictions, les fast-foods connaissent une inflation à l’image de tous les pays pauvres de la planète qui sont obsédés par la malbouffe à l’américaine qui associe prix réduits et aliments gras-sucrés. Tous les critères pour flatter le palais et le portefeuille. Deux propriétés qui les rendent populaires mais aussi désastreux pour notre santé. Parce que la sanction n’a pas été longue à venir de la part de l’incontestable Organisation mondiale de la Santé qui vient d’alerter les populations du sud au Congrès Européen de l’Obésité qui vient de se tenir en Autriche. Contrairement à ce qui faisait autrefois leur force, les petits Grecs mais aussi Italiens et Espagnols sont les plus en surpoids de toute l’Europe.
Lorsqu'on parle de "régime méditerranéen", on fait plus particulièrement référence à l'alimentation traditionnelle des îles grecques de Crète et de Corfou — d'où l'appellation occasionnelle de "régime crétois" qu’aiment bien les médias. Mais c’est vrai que le top du top dans cette région est incontestablement la Crète. Qui reste le modèle de la gastronomie européenne idéale.
De la Méditerranée à la Crète
Après avoir noté que les Français sont plus protégés que les autres habitants des pays industrialisés, puis que les Méditerranéens sont les Européens les plus chanceux face à l’infarctus, c’est en Crète – la grande île toute en longueur, qui barre le sud de la Grèce – que l’on retrouve le paradis de nos artères. Mais, pour une fois, la connaissance du monde parfait ne s’est pas bornée au désormais célèbre cliché, huile d’olive/tomate et convivialité, car l’étude très détaillée de ce que mangent les habitants de la Crète a révélé quelques surprises. D’abord parce que les Crétois, s’ils mangent beaucoup de légumes, ne consomment que peu de tomates. Ensuite, contrairement aux autres Grecs, ils ne mangent pas énormément de fromage et de fritures. Enfin, l’huile d’olive n’est pas une huile si parfaite que cela, car il lui manque un composé essentiel. Et figurez-vous que ce composé, on le trouve dans la salade de pourpier, dont sont particulièrement friands les Crétois ! On se demande, d’ailleurs, comment les "maîtres à penser" d’il y a des centaines d’années ont fait avec autant de précision des constatations aussi essentielles. Un autre exemple étonnant, même si là, on sort de la Crète.
Poisson et acides aminés
Les acides aminés sont indispensables à notre vie. Il existe deux féculents qui, à eux deux, les renferment en totalité : le couscous et le pois chiche. Après cela, on voudrait nous faire croire au hasard, alors que des millions d’habitants d’Afrique du Nord ont choisi, depuis des siècles, de les associer. Avec cependant l’erreur d’y ajouter le mouton, viande beaucoup trop grasse, que le Crétois hésite à consommer en quantité, pour lui préférer, bien évidemment, le poisson qui, il y a encore quelques dizaines d’années, se trouvait à profusion dans les eaux de la Méditerranée. Ce poisson est généralement accompagné de féculents, autrefois des haricots, aujourd’hui de riz.
Ne cherchez pas, le miracle crétois est dans tous ces différents aliments, en n’oubliant pas que les habitants de la Crète avaient également une vie très active et que, sans se mettre au "Sirtaki", le mouvement est certainement prioritaire pour garder la ligne ou, tout du moins, éviter de grossir pendant l’année.