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Nutrition

Perte de poids : jusqu’où aller si cela marche ?

Par le Dr Jean-François Lemoine

Avant l’été nombreux sont les candidats à la perte de poids. Avec des objectifs souvent fantaisistes. Toutefois il faut se donner une limite. La perte de poids dangereuse se traduit par de la fatigue, une perte de vitalité, une baisse de l’humeur.   

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Si on ne s’intéresse qu’au nombre de kilos à perdre, donner un chiffre est quasi impossible. Il y a cependant une limite simple. En aucun cas la perte de poids ne doit se traduire par de la fatigue, une perte de vitalité, une baisse de l’humeur. C’est le contraire qui est garanti si cette perte de poids est harmonieuse. N’hésitez pas à demander un avis à votre entourage sur la perception qu’il peut avoir de votre façon d’être pendant cette expérience qui, je le répète, est faite pour améliorer considérablement votre état général.

Enfin, en dehors des personnalités particulières chez qui cette perte de poids révèle un problème psychiatrique important, il est probable que le ralentissement et la stagnation s’imposent contre d’ailleurs la volonté de celui qui maigrit. L’enjeu est alors plutôt l’inverse : ne pas revoir la courbe de poids s’envoler en sens inverse.

Avec une alimentation un petit peu diminuée, la perte de poids est suffisamment importante pour que l’objectif  ne concerne absolument plus la quantité, mais plutôt la façon de mieux manger. C’est elle qui va être importante au long cours.

Enfin, le danger d’une perte excessive de poids ne se traduit pas que par un chiffre mais aussi par des carences que le « manger mieux » doit impérativement prendre en compte.

 

Interview du Dr Patrick Serog, nutritionniste à Paris

 

Q : Dans votre grande expérience, quels sont les dangers de la perte de poids excessive ?

 

PS : Quand la perte de poids est trop rapide, une grande fatigue s’installe. A cause de la fonte des muscles, qui est trop importante qui rend le mouvement pénible.  On consomme aussi moins de vitamines et de minéraux, par rapport aux habitudes avant le régime. Cette diminution brutale crée un manque qui participe à la fatigue.

Un perte de poids excessive peut aussi provoquer des crises de goutte, heureusement seulement chez des gens prédisposés. Cela se soigne très bien. On a constaté aussi une fréquence plus élevée des calculs de la vésicule biliaire qui peuvent provoquer une crise très douloureuse que l’on appelle la cholécystite ; Là encore la médecine est très performante pour la faire cesser. Enfin si vous avez une « hernie hiatale », c’est à dire un clapet mal fermé entre l’estomac et l’œsophage,  la perte de poids par un simple fait mécanique de déséquilibre des graisses du ventre peut l’aggraver.

 

Q : Qu’est ce que vous appelez une perte de poids excessive ? 

 

PS : Pour un homme, 3kilos maximum de perte mensuelle ;  2 kilos pour le femme.

C’est très  facile de perdre du poids rapidement ; Certains chirurgiens nous envoient par exemples des malades chez qui ils conseillent une perte de 10, 15 kilos rapidement. On sait le faire, sans difficultés.  En revanche, on prévient aussi le malade qu’on ne saura pas le stabiliser, parce qu’une perte de poids rapide et importante est la porte grande ouverte à la reprise des kilos. Le corps a besoin d’un rythme régulier. C’est par exemple un des très gros inconvénients de ce régime hyper protéiné très à la mode, dans lequel la reprise de poids est quasi inéluctable. Autre conséquence, les troubles du comportement  alimentaires, plutôt chez des gens fragiles, qui  vont avoir des dégouts de certains aliments qui peuvent durer très longtemps, des mois et des mois, et s’apparentent à l’anorexie.  Ils  ne se règlent qu’avec le recours à un psy.

 

 Q : Pourquoi les nutritionnistes s’aident aussi peu rarement de la psychiatrie ?

 

PS : D’abord parce que c’est très difficile d’amener quelqu’un à voir un psychiatre ? « Je ne suis pas fou docteur ! ».  Ensuite, c’est inexact : j’utilise les services du psychiatre mais dans le cadre d’une démarche longue.