Bruxelles s’apprête à proposer la disparition du changement d’heure et veut garder l’heure d’été dans tous les pays de l’Union Européenne. Ce changement d’heure qui intervient deux fois par an depuis 1975 suscite une controverse récurrente sur les perturbations physiologiques qu’il entraînerait.
S’appuyant sur le résultat d’une consultation en ligne menée durant l’été, Jean-Claude Junker, président de la Commission Européenne, souhaite faire abolir cette pratique mise en place pour permettre des économies d’énergie après le choc pétrolier de 1973-1974. Enfin, un sujet consensuel !
Le stress du changement d’heure
Deux fois par an, au moment du passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été et réciproquement, on entend les mêmes plaintes : « On est fatigué... Ce changement d'heure nous tue... les enfants encaissent mal... ». Pour d’autres, rien à signaler, on s’en remet très bien !
Le président de la Commission européenne souhaite clore le débat en proposant le maintien toute l’année de l’heure d’été dans les pays de l’UE. Jean-Claude Junker s’appuie sur les résultats d’une consultation en ligne à laquelle ont participé 4,6 millions d’européens durant l’été et qui sont 80% à être favorables à l’abolition du changement d’heure.
Stress psychologique ou réel ?
Ce changement d’heure, un simple détail en matière de santé ? Pas si sûr. Si beaucoup de médecins considèrent que le seul problème est « dans la tête », la chronobiologie montre que notre horloge interne est un outil un peu plus sophistiqué et plus fragile qu’on ne le pense.
Et des études suggèrent que ce changement d’heure, parce que nous vivons sous le rythme de cette horloge interne qui n’aime pas ces dérèglements bi-annuels, serait même plus perturbant que le décalage horaire des voyages transcontinentaux, bien connus des grands voyageurs.
Une perturbation de l’horloge interne
« Le changement d'heure perturbe notre horloge interne qui contrôle nos différents rythmes biologiques. Ces rythmes correspondent aux variations périodiques d'une fonction physiologique. La pression artérielle, le rythme cardiaque, la température corporelle, les cycles veille-sommeil et même l'humeur et l'attention varient au cours de la journée ». « Perturber l'horloge biologique peut donc avoir diverses répercussions sur l'organisme », soulignait Véronique Fabre, chargée de recherche au laboratoire Neurosciences Paris Seine-IBPS (Sorbonne Université/CNRS/Inserm) et membre du groupement de recherche sur le sommeil, dans une interview publiée en mars 2018 sur le site de Sorbonne Université.
On change d'heure 2 fois par an...
Et les conséquences ne seraient pas les mêmes selon que l’on passe de l’heure d’été à l’heure d’hiver ou l’inverse. Le plus mauvais changement serait celui du passage à l’heure d’été. Parce qu’il nous prive d’une heure de sommeil, à la différence de l’autre qui en rajoute une.
Une seule étude, suédoise, dit qu’il y aurait une augmentation des crises cardiaques dans les trois jours suivant cette période contre 5% de moins lors du passage à l'heure d'hiver… Il n’y a, semble-t-il, pas d’études similaires dans notre pays, même si de nombreux médecins constatent, chaque année, une augmentation de la consommation de somnifères et de tranquillisants dans les quinze jours qui suivent.
Les défenseurs du changement d’heure disent que cela arrive à tout le monde de se coucher une heure plus tard, de dormir une heure de moins qu'à l'accoutumée, de temps en temps, sans que cela ait la moindre conséquence.
Les « couche-tôt » ou les « lève-tôt » ne supportent pas bien
C’est pourtant différent ! Ces changements d’habitude sont très ponctuels. Dès le lendemain on reprend les habitudes. Lors du changement d’heure, cela se répète tous les jours et il faut du temps pour assimiler ce nouveau rythme. Curieusement, ce sont les « couche-tôt » ou les « lève-tôt », réglés comme du papier à musique qui ne le supporte pas bien… Ils ont pourtant la chance d’avoir une horloge interne bien réglée.
Un conseil: surtout pas de médicaments
Pendant une semaine avant le passage à l’heure d’été, il est donc recommandé d’éviter l’exercice physique et les excitants après 15 heures … et surtout de se coucher dès que l’envie de dormir intervient.
Pour les enfants, le bon conseil est de décaler le coucher d’une demi-heure chaque jour avant le changement d’heure. Pour tous, il est surtout important de gérer ce décalage sans recours aux médicaments !
En attendant que la proposition de vivre toute l’année à l‘heure d’été soit adoptée. Ce qui suppose une décision du Parlement européen (les euro-députés s’y sont déjà déclarés favorables en février 2018) … et de chacun des états de l’UE.