"C’est un énorme problème de santé publique, mais cette maladie n’est pas visible de la population et du corps médical. Les publications actuelles font état de 3 millions de personnes touchées dans le monde et 240.000 en France, mais c’est très sous-estimé", assure le docteur Cendrine Godet, selon qui "ces patients doivent être reconnus comme victimes".
Avec d’autres spécialistes, la médecin a alerté sur l’aspergillose pulmonaire chronique lors du Congrès international de la Société européenne des maladies respiratoires (ERS). Cette pathologie est provoquée par un champignon minuscule, que l’on retrouve dans les moisissures de nos greniers, plafonds, climatiseurs, salles de bains ou cuisines. "On le respire quotidiennement", souligne le docteur Godet. "Dès que vous avez des taches noirâtres sur les murs, il y a de l’aspergillus là-dedans".
Chez les patients non traités, la mortalité à 5 ans varie de 50 à 80%
L’aspergillose menace surtout les personnes fragiles, immunodéprimées ou ayant déjà souffert d’une maladie du poumon (cancer, tuberculose, asthme, pneumonie…). Les poumons des fumeurs sont aussi particulièrement menacés. Chez les patients non traités, la mortalité à 5 ans varie de 50 à 80%. Et même chez les malades traités, le traitement antifongique adapté peut rencontrer des résistances dues à la sur-utilisation des antibiotiques. La chirurgie est rarement possible.
"Dans les formes infectieuses les plus graves, quand on découvre que l’aspergillus est en cause, le poumon commence à se détruire, il y a d’énormes cavités avec des boules de champignons à l’intérieur", décrit le docteur Godet.
Essoufflement, toux et crachat de sang
Les symptômes de l'aspergillose sont l’essoufflement, la toux et le crachat de sang. Ils peuvent correspondre à de nombreuses autres pathologies, donc sont difficilement associés par le personnel médical et les patients à ladite maladie respiratoire.
L’étude d’un traitement innovant va débuter fin 2018 en France. Son but est de comparer le traitement classique à un traitement alternatif. Les professeurs Jacques Cadranel, Francis Couturaud et Cendrine Godet souhaitent associer le traitement conventionnel à l'administration sous forme d'aérosol d'un autre antifongique.