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Prévention

Etre obèse à 20 ans peut vous faire perdre jusqu'à 10 ans d'espérance de vie

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs australiens ont mis au point un modèle capable de prédire le nombre d'années restant à vivre à une personne en fonction de son âge et de son poids. D'après cet outil, les jeunes souffrant d'obésité morbide pourraient perdre jusqu'à dix ans d'espérance de vie. 

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Il est bien connu qu’être en surpoids peut causer des problèmes pour la santé. Mais à quel point ? D’après une étude australienne parue ce jeudi dans la revue The International Journal of Obesity, une personne obèse dès la vingtaine pourrait perdre jusqu’à dix ans d’espérance de vie.

Le Dr Thomas Lung de l’Institut George pour la santé publique et ses collègues ont mis au point un modèle capable de prédire le nombre d’années restant à vivre à des personnes âgées de 20 à 60 ans, en bonne santé, en surpoids, obèses ou souffrant d’obésité morbide. Résultat : en moyenne, les hommes et les femmes ayant un poids normal au cours de leur vingtaine peuvent respectivement s’attendre à vivre encore 57 et 60 années supplémentaires. En revanche, pour les personnes obèses dès cet âge-là, l'espérance de vie diminue de six ans chez les femmes et de huit ans chez les hommes. Enfin, les personnes sévèrement obèses durant leur vingtaine pourraient quant à elles perdre jusqu'à huit ans de vie chez les femmes et dix ans chez les hommes. 

Chaque année, 2,8 millions de morts à cause du surpoids ou de l'obésité dans le monde

Pour les auteurs de l’étude, ces résultats démontrent l’urgence d'empêcher que les jeunes ne grossissent trop. "A l’heure actuelle, en Australie seuls 43% des hommes dans la vingtaine et 34% dans la trentaine ont un poids sain, ce qui est très inquiétant", s’alarme le Professeur Alison Hayes, de l’École de Santé publique de l’Université de Sidney, co-auteur de l’étude. "Notre modèle prévoit une augmentation de l’obésité adulte de 35% d’ici 2025. Nous devons agir maintenant pour avoir une stratégie de prévention contre l’obésité visant les adultes de tous âges mais surtout les jeunes", conclut le Docteur Thomas Lud.

D’après ce modèle, 36,3 millions d’années de vie vont être perdues chez la population australienne adulte actuelle, les hommes perdant en moyenne 27% plus d’années que les femmes. Selon laquelle, cette tendance s’applique à tous les autres pays riches.

Selon l’OMS, la prévalence de l’obésité dans le monde a doublé depuis 1980 et chaque année, 2,8 millions de personnes décèdent des conséquences de leur surpoids ou de leur obésité (maladies cardiovasculaires, diabètes, certains cancers…). Et ce, pas uniquement dans les pays Occidentaux. Le pourcentage des obèses a triplé chez les hommes, passant de 3,2% en 1975 à 10,8% en 2014, et plus que doublé chez les femmes (passant de 6,4% à 14,9%). L'obésité constitue désormais "un problème important de santé publique" dans de nombreuses régions à revenu intermédiaire (Pacifique, Moyen-Orient, Afrique du nord, certains états d'Amérique du sud ou des Caraïbes), relevait l'étude à l’origine de ces chiffres parue en 2015 dans The Lancet.

En 2025, 6% des hommes et 9% des femmes risquent d’être atteints d’obésité sévère

Ainsi, il y a trois ans, plus de 2,2 milliards de personnes étaient obèses ou en surpoids dans le monde. Dans le détail, 710 millions de personnes souffraient d'obésité (5 % des enfants et 12 % des adultes). Sans surprise, c’est aux États-Unis que l’on trouvait le plus important pourcentage d’enfants et de jeunes adultes obèses (13%) tandis que l’Égypte enregistrait la plus grande part d’adultes obèses (35%).

Selon l'OMS, une personne est considérée comme obèse lorsque son Indice de Masse Coporelle dépasse les 30 kg/m2. Au-delà de 35, on parle d'obésité sévère. En 40 ans, l'IMC moyen est passée de 21,7 à 24,2 chez les hommes et de 22,1 à 24,4 chez les femmes adultes, soit une augmentation de poids de 1,5 kg tous les 10 ans en moyenne. "En 40 ans, nous sommes passés d'un monde où l'insuffisance pondérale était deux fois plus importante que l'obésité, à un monde où les personnes obèses sont plus nombreuses que celles en sous-poids", s’alarmait alors le professeur Majid Ezzati, de l'Imperial College de Londres à l’origine de l’étude.

Ainsi, "si la progression de l'obésité se poursuit au même rythme, en 2025 environ un cinquième des hommes (18 %) et des femmes (21 %) seront obèses dans le monde tandis que 6% des hommes et 9% des femmes seront atteints d'obésité sévère", prévenaient les scientifiques.