Des chercheurs et des chercheuses du collège de médecine dentaire de l’Université de Colombia ont récemment déterminé comment une bactérie buccale appelée Fusobacterium nucleatum, souvent impliquée dans la carie dentaire, accélère la croissance du cancer du côlon. L'étude a été publiée en ligne dans la revue EMBO Reports.
Les recherches montrent qu'environ un tiers des personnes qui développent un cancer colorectal sont également porteuses de la bactérie Fusobacterium nucleatum. Ces résultats devraient aider à comprendre pourquoi certains cancers colorectaux se développent beaucoup plus rapidement que d'autres, affirment les scientifiques à l’origine de l’étude.
Découverte d'une protéine
Les scientifiques savent depuis longtemps que cette maladie est causée par des mutations génétiques. "Les mutations ne sont qu'une partie de l'histoire", déclare néanmoins Yiping W. Han, auteur principal de l'étude et professeur de sciences microbiennes à l’Université de Colombia. "D'autres facteurs, y compris les microbes, peuvent aussi jouer un rôle", précise-t-il. Les chercheurs ont constaté l'absence d'une protéine dans les cellules saines, mais présente dans les cellules cancéreuses du côlon. Appelée Annexine A1, ladite protéine stimule donc la croissance du cancer.
Les scientifiques ont ensuite effectué des essais sur des souris de laboratoire, qui consistaient à annuler l'action de l'Annexine A1. Ces tests ont montré qu'en l'absence de cette protéine, la bactérie F. nucleatum éprouve plus de difficultés à se fixer aux cellules cancéreuses, ce qui permettrait donc de stopper la progression du cancer.
Plus de 17 000 décès par cancer colorectal en France
Dans une étude antérieure, l'équipe de recherche du Pr Han a découvert que la bactérie fabrique une molécule appelée adhésine FadA, déclenchant une voie de signalisation dans les cellules du côlon. Ils ont également découvert que l'adhésine FadA ne stimule que la croissance des cellules cancéreuses, et non des cellules saines. "Nous devions découvrir pourquoi F. nucleatum semblait n'interagir qu'avec les cellules cancéreuses", estime le Pr Han.
Le cancer du côlon est la deuxième cause de décès par cancer aux États-Unis. Selon l’American Cancer Society, le nombre de décès liés au cancer colorectal pour l’année 2019 est estimé à plus de 51 000. En 2015, 43 068 cancers du côlon ont été diagnostiqués en France (23 535 hommes et 19 533 femmes) et 17 833 décès ont été recensés (9 337 chez les hommes et 8 496 chez les femmes). La moyenne d'âge des patients était de 71 ans chez l’homme et 75 ans chez la femme.